dimanche 8 juin 2014

Meurtre en Mésopotamie - Agatha Christie.



Du même auteur :







Quatrième de couverture :

Amy Leatheran, une jeune infirmière, accepte de partir en Mésopotamie sur un chantier de fouilles afin de prendre soin de la femme de l'archéologue, en proie à de terribles angoisses nocturnes. Quand une série de meurtres inexpliqués se produit, la jeune femme est soulagée de voir apparaître Hercule Poirot qui visite justement le site...

Mon avis :

J'avais envie de me mettre un bon roman policier sous la dent, et si j'aspire à lire en ce moment des policiers plus modernes se rapprochant du thriller, c'était un roman d'Agatha Christie que je voulais lire. Sur les cinq livres d'elle qui me restait dans ma PAL, j'ai choisi ce titre parce que l'auteur nous familiarise un peu avec l'univers de l'archéologie mais aussi dans les déserts de Mésopotamie et que je l'étais dit qu'avec un peu de chance, cela amènerait le soleil dans ma région. Si le soleil se fait indécis, j'ai cependant beaucoup apprécié cette lecture, achevée en quelques jours. J'ai apprécié cette petite virée dans les pays chauds, leur exotisme, les petites coutumes...

Le contexte archéologique m'a également beaucoup plu. À ceux qui ne le savent pas, Mme Christie a épousé en secondes noces un archéologue qu'elle a parfois accompagné lors de ses voyages de fouilles, ce qui l'amena à situer le cadre de certains de ces romans dans les pays où son mari fit ses fouilles, généralement des pays chauds comme la Syrie. Mme Christie eut même cette citation amusante : « Faites comme moi, épousez un archéologues. C'est le seul homme qui vous regardera avec de plus en plus d'intérêt à mesure que passeront les années. » J'ai bien aimé qu'elle nous parle un peu de cet univers particulier et qu'elle a appris à connaître. La mise au jour d'objets, les rapports entre les divers membres de la fouille, le nettoyage des objets trouvés, le stockage des dits-objets... outre certaines pratiques qui horrifieraient n'importe quel archéologue actuel, les méthodes n'ont pas beaucoup changé. J'ai beaucoup aimé les réflexions de la narratrice alors qu'elle découvrait cet univers. Elle est infirmière, ce n'est pas son domaine, cela ne l'intéresse pas beaucoup et elle ne voit pas l'intérêt de s'intéresser au passé ou de fouiller pour découvrir des objets du passé ou des os. Elle ne s'extasie que lorsqu'on lui montre les bijoux ou objets précieux qui ont été retrouvés.


Hercule Poirot, joué par
David Suchet.
N'allez pourtant pas croire qu'Amy Leatheran est une jeune femme ennuyeuse ne s'intéressant qu'aux bijoux. Elle est infirmière, l'histoire ce n'est pas son truc, mais elle a de bonnes connaissances en médecine et sait très bien comment fonctionnent les relations humaines et comment une personne peut réagir face à une situation donnée, par exemple lorsqu'elle garde un secret. Elle est infirmière, elle en a vu passer des patients. Elle fut une narratrice plaisante à suivre, elle est vive, intelligente (loin de tout comprendre de l'affaire comme Hercule Poirot, mais comme je l'ai dit, elle sait comment fonctionnent les relations humaines et elle est vive, observatrice, elle remarque certains détails), amusante avec ses commentaires personnels concernant tel ou tel personnage, y compris Poirot, et dans la façon dont elle détaille son récit. C'est un personnage vif, vivant, réaliste et qui n'a pas la langue dans sa poche, et j'ai bien aimé son duo avec Poirot qui a clairement l'air souvent amusé par cette jeune femme vive qui ne se laisse pas faire, alors que Amy est parfois déroutée par Poirot, qu'elle imaginait d'abord comme Sherlock Holmes, ainsi que ses manières si européennes et ses petites fautes quand il essaye de parler anglais.

Comme je me fais souvent (je devrais dire « tout le temps » !) avoir par Agatha Christie concernant l'identité du coupable, j'avais décidé cette fois-ci de soupçonner tout le monde (sauf Poirot et Amy, cela va de soit), y compris le pauvre mari endeuillé et effondré ! Après tout, dans une affaire de meurtre, c'est souvent le compagnon qu'on soupçonne en premier... j'ai tout de même été surprise par le dénouement de l'affaire, l'identité du coupable et son motif, surtout qu'au départ, Agatha Christie nous menait vers plusieurs pistes ! Une femme mariée victime d'angoisses, elle craint pour sa vie, elle a peur de finir assassinée. Les membres de l'expédition ne voient là que de simples angoisses et poussent même jusqu'à dire que la dame exagère et qu'elle est est même bonne comédienne, et qu'elle aime être au centre de l'attention, l'angoisse est bien réelle car Mme Louise Leidner a reçu, depuis quelques années, des lettres de menaces... de son premier mari, qu'elle croyait décédé, qui la menace de mort si jamais elle venait à se remarier. S'agit-il de son premier époux qu'elle croyait décédé ? Du frère cadet de celui-ci qui voulait à son frère une admiration profonde et qui aurait considéré que Louise a trahit son frère ? D'un membre de l'expédition qui veut lui jouer un sale tour, puisqu'entre Louise Leidner et les membres de la mission, il y a comme une tension qui règne...


Plan dressé par Amy Leatheran.

Tout au long du roman, nous suivons non seulement l'enquête mais Poirot tente aussi de comprendre la personnalité de Louise Leidner et pourquoi ce froid, cette tension entre elle et les autres membres alors que la mari, le professeur Leidner, semble parfaitement ignorant du froid entre ses collègues et sa femme. On découvre donc aussi chaque membre de l'expédition. Il m'a été difficile, au départ, de retenir qui est qui, surtout que j'essayais de donner – dans ma tête – un visage à chaque personne . Le tout est bien mené dans l'intrigue de façon très intéressante, et le passé des personnages est intéressant à découvrir. Un archéologue anglais, un missionnaire français, un moine cultivé, un photographe américain, Mme Mercado qui couve presque de façon maladive son mari... Chacun a un passé plus ou moins trouble, Hercule Poirot cherche à les discerner, il ne néglige personne jusqu'à ce qu'innocence soit prouvée, et puis, chaque détail peut être important !

Puis il y a ces faits inexpliqués et cette tension, ce froid qu'on peut sentir entre eux et Mme Leidner, et on sent que ça va finir par éclater... de quelle façon pour Mme Leidner et/ou les membres de l'expédition ? Il faut lire le roman pour le savoir. À ajouter aussi que j'ai bien aimé ce petit clin d’œil, à la fin du roman, quand Amy fait référence à une enquête bien connue de Poirot, lorsqu'elle raconte que sur le chemin du retour, il résolut une nouvelle enquête au bord de l'Orient-Express... bref, ce roman fut une petite surprise, je m'attendais à ne pas voir le coupable venir, mais au niveau de la construction de l'intrigue, l'intrigue en elle-même, et des personnages, sans compter le cadre, j'ai été agréablement surprise et charmée, je crois que ce roman fait maintenant partie des romans que je préfère de la reine du crime !


Extrait :

Je préfère vous le dire tout net : ne vous attendez pas à la moindre touche de couleur locale dans mon récit. En plus je ne connais rien à l'archéologie et ne m'en porte pas plus mal. Aller farfouiller dans des ruines et remuer les ossements de gens morts et enterrés depuis belle lurette, ça me dépasse. M. Carey passait son temps à me dire que je n'avais pas la fibre archéologique et je le crois sans peine.

7. L'homme devant la fenêtre.

8 commentaires:

  1. agatha Christie reste incontournable pour moi si je veux passer un bon moment avec un policier ;)

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    1. Je suis d'accord ! Si je veux lire un bon policier, je lis Agatha Christie, on est rarement déçue par ses romans :)

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  2. coucou Marion
    une grande romancière Agatha Christie , j'aime bien
    A+ du troubadour Emmanuel

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    1. En effet, un grand auteur cette dame du crime !
      J'espère que tu vas bien, je passerais faire un tour sur ton blog plus tard en journée parce que là, j'écris alors qu'il est une heure du matin, j'aimerai avoir toutes mes capacités pour t'écrire des commentaires :)
      Bises à toi :)

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  3. Haha ! Agatha Christie a le chic pour les citations comiques ! Elle avait l’air d’être une brave dame particulièrement agréable en tout cas avec beaucoup d’humour… Et de surprises car elle s’arrange toujours pour surprendre son lecteur, même quand on a l’habitude des romans policiers !
    Comme toi, j’ai du mal à repérer les personnages parfois (surtout que les romans sont toujours très courts et on met du temps à se familiariser avec eux), je fais toujours un plan durant ma lecture ! Comme ça, au moins, j’ai un fil auquel me raccrocher… Et après, je lance l’épisode avec David Suchet~

    Je n’ai pas ce roman dans ma PAL mais je pense que je le chercherai à ma prochaine sortie car la narratrice semble amusante, surtout si elle forme un duo vif avec Poirot (tu sais en plus que je ne suis pas fan d’Hastings, je n’oublierai pas ta description « c’est un peu le bon copain qui fait des bourdes tout le temps et tu as honte à sa place » xD)

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    1. Les britanniques en général aussi... je ne sais pas si tu as déjà lu des citations de Churchill ? C'est de l'or. Une femme qui ne l'aimait pas lui a dit un jour que s'il était son mari, elle empoisonnerait son thé. Churchill, la langue aiguisée, lui aurait répondu : "Madame, si j'étais votre mari, j'aurais bu le thé"

      C'est un des rares défauts que j'accorde à ses romans, on a souvent du mal avec ses personnages, retenir qui est qui et qui fait quoi, je tiendrais une fiche la prochaine fois avec les noms, descriptions et profession des personnages afin de mieux m'y retrouver. J'aime bien avoir une image nette des personnages quand je lis, mais j'ai été charmée par la narratrice de ce roman, amusante comme tout, un régal !

      xD je suis flattée que tu te rappelles de ma citation, serait-ce le début de la célébrité ? (c'est beau les illusions...), mais honnêtement, c'est ce que je ressens à chaque fois quand je lis Hastings. Hastings, mon mignon, tu es un gentil garçon, honnêtement, mais arrête de t'embarrasser et d'embarrasser les lecteurs, tu seras mignon... Tiens, lis Sherlock Holmes, Watson peut t'apprendre des choses... même si j'avoue que dans la façon de procéder, c'est différent... que ce soit pour Watson/Hastings et Poirot/Holmes.

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    2. Oui ! La première que j’ai lu de Churchill c’est « Je suis peut-être ivre ce soir mais je serai sobre demain, tandis que vous, madame, vous serez toujours laide. », un gars franchement sympathique aussi xD

      Nan mais cette description était tellement parfait ! Sa tendance à tomber amoureux, à sous-estimer Poirot (surtout sous-estimer Poirot d’ailleurs, quand on sait que c’est lui qui a la solution). Pourtant, Poirot est sympa : contrairement à Holmes qui garde plus de secrets, Poirot répète souvent les détails qui le mettent sur la voie et tente de mener Hastings sur la bonne piste (même si ça ne rend pas les enquêtes moins compliquées xD Mais l’intention est là !)
      Mais après quelques lectures, c’est officiel : Hastings n’est pas mon narrateur préféré, en revanche, j’adore l’inspecteur Japp ! Il ne me reste plus qu’à rencontrer Ariadne Oliver :D

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    3. Oh mais, Churchill, la plupart de ses citations sont de vraies perles à savourer ! J'espère un "Secret d'Histoire" avec ce monsieur, parce qu'il le vaut bien !

      xD j'ai presque honte pour Hastings, jveux dire... je l'aime bien, mais un peu tête à claque. Autant, Perceval de Kaamelott est naïf et idiot sur les bords, mais au moins il a des éclairs d'intelligence et il est très, très attachant.
      Enfin, je vais bientôt lire "La maison du péril" où il est le narrateur, je verrais bien comment il va s'en sortir... puis, pour Poirot, je crois que ça le frustre de ne pas le voir agir comme un détective façon Sherlock Holmes, à chercher des indices et faire comme la police mais... depuis le temps, il devrait savoir que la façon de travailler que préfère Poirot, c'est faire travailler ses petites cellules grises mais non, il trouve le moyen de se plaindre de ce fait à chaque fois. En créant Hastings, Agatha Christie voulait un docteur Watson pour son détective mais ce qui fonctionne chez Watson fonctionne moins bien chez Hastings... puis, autant Watson, malgré ses valeurs morales, serait quand même prêt à violer la loi pour aider Holmes dans une enquête, autant Hastings c'est "Violer la loi ? Ecouter aux portes ? Ça alors non ! Je suis un gentleman !" et pourtant, comme tu dis, Poirot est plus aimable que Holmes. Je ne sais pas si Hastings, malgré mon affection pour ce garçon, aurait été capable de supporter Holmes bien longtemps, contrairement à Watson (c'est d'ailleurs étrange d'éprouver de l'affection pour Hastings alors qu'en même temps, il m’agace par moment... peut-être Poirot éprouve-t-il la même chose, puisqu'il se le trimbale souvent, Hastings ?)

      Oh oui, oui ! Prends un roman avec Ariadne Oliver dedans ! Elle est excellente cette femme :D

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