jeudi 20 décembre 2012

A.B.C. contre Poirot - Agatha Christie.



Du même auteur :




Emprunt médiathèque.


Quatrième de couverture :


Bien sûr, la retraite a ses charmes... Cependant, Hercule Poirot ne peut s'empêcher, de temps à autre, de reprendre du service. Oh ! pas pour n'importe quelle affaire, bien entendu. Un détective aussi célèbre que lui ne se dérangerait pas pour un meurtre ordinaire. Non, Hercule Poirot ne s'intéresse qu'aux crimes les plus déroutants, les plus passionnants, les plus... Bref, à la crème des crimes. Et quelque chose lui dit que cette curieuse lettre signée A.B.C. va l'entraîner dans un mystère suffisamment épineux pour qu'il daigne faire fonctionner ses petites cellules grises. Oui, de toute évidence, A.B.C. fait partie de la crème des assassins... De quoi réjouir la crème des détectives !


Mon avis :


Je ne sais plus quel âge j'avais lorsque j'ai lu mon premier Agatha Christie, cependant je me souviens parfaitement du livre : Dix petits nègres, qui a scellé mon admiration pour la Reine du Crime, et ma fidélité pour ses œuvres et pourtant, je ne savais à quoi m'attendre en ouvrant ce livre, tout ce que je savais est que ce titre faisait l'un des plus célèbres de la Dame si ce n'est le plus célèbre, et que je me suis dis qu'il fallait que je découvre cette auteur au moins une fois dans ma vie et... et je me suis vite retrouvée accrochée au roman, son style, son ambiance, son intrigue, ses personnages... que j'ai alors su que je ne pourrais jamais m'en tenir là : il me fallait lire d'autres romans de l'auteur !

Dans ce roman, le célèbre détective belge Hercule Poirot est à la retraite ! ... ce qui ne l'empêche pas de reprendre un peu du service face à une affaire bien complexe, juteuse, intéressante... bref, la crème du crime ! Et il ne sera pas déçu de sa dernière enquête en date : un mystérieux inconnu se faisant appeler A.B.C. lui envoie des lettres mettant le détective en défi : chaque lettre contiendra le lieu et l'heure de son crime, à Hercule Poirot d'essayer d'empêcher ce crime... avant que le meurtrier ne recommence. Mais voilà qu'Hercule Poirot échoue les premières fois. Avec à présent trois crimes déjà commis, le détective essaye de percer la personnalité du meurtrier pour mieux le coincer et décide de réunir les proches des victimes pour tenter d'élucider l'affaire et de stopper l'assassin pour de bon...

Cette enquête diffère assez de celles que j'ai déjà lu d'Agatha Christie, Poirot le dit lui-même : ici, il n'est pas question d'un drame ou conflit familial, d'un meurtre en huis clos, ou d'un crime où l'on connaît la victime et le ou les potentiels suspects. Ici, on ignore qui est le meurtrier et ses motivations, à part qu'il cherche à défier Poirot, mais pourquoi ? Il s'ennuyait et s'est dit un beau jour en se levant "tiens, et si je tuais quelqu'un pour narguer ensuite Hercule Poirot ?". Non, on suit le roman du point de vue du capitaine Hastings, ami du détective mais quelques chapitres sont indépendants du récit d'Hastings et se centrent sur un personnage qui peut être le meurtrier, un suspect, une future victime, quelqu'un de primordial dans l'enquête mais on ne saura le véritable dénouement qu'à la toute fin ! Cette intrigue est tout simplement diabolique, ce n'est pas une banale histoire de serial killer ; Hercule Poirot est certes aux prises avec un serial killer mais celui-ci va se révéler intéressant, il sera loin d'être banal ! Tout d'abord, il annonce par courrier à Poirot où il va commettre son meurtre, et ses meurtres sont liés à une étrange manie de l'assassin : son premier meurtre sera, par exemple, commis dans une ville commençant par la lettre A et le nom de la victime commencera par la lettre A également, il commencera mais cette fois-ci avec la lettre B, puis la lettre C... bref, en suivant l'alphabet, et toujours en laissant un exemplaire d'un indicateur ABC sur le lieu de son crime. A noter qu'ABC est le nom par lequel l'assassin choisit de signer ses lettres.

C'est une enquête tout bonnement diabolique, signée par la Reine du Crime qui, j'en suis sûre, prend un malin plaisir à tromper son lecteur, elle décrit son enquête avec ingéniosité, elle analyse, nous donne des indices importants qu'on ne voit pourtant pas tout de suite. Agatha Christie décrit également la psychologie du serial killer, à travers Hercule Poirot, car si les crimes ont été commis, si l'assassin agit ainsi, c'est qu'il y a une raison ! Il ne fait pas cela pour rien : désir de puissance sur les autorités, besoin de jouer avec le danger, volonté de se montrer au monde... ici, ce n'est pas des meurtres commis par jalousie, par appât du gain ou par vengeance. Mais ça... on ne le sait pas tout de suite. Pendant longtemps, on reste ignorant sur les motifs du meurtrier et on ne sait véritablement que le dénouement qu'à la toute fin, quand Hercule Poirot dévoile tout.

Quand j'ouvre un roman policier d'Agatha Christie, je suis sûre de me retrouver dans une histoire qui va me plaire, dans une ambiance bien connue et appréciée : la campagne anglaise, un petit village, un lieu clos, un complot ou un drame familial qui en est venu au meurtre, une petite dose de poison, un poignard encore ensanglanté, les petites cellules grises de Poirot ou d'un autre personnage, un retraité de l'armée, de jeunes gens au tempérament bien affirmé, des femmes pas forcément demoiselles en détresse, des inspecteurs parfois je-sais-tout et arrogants... toujours avec une ambiance so bristish que j'aime retrouver ; on sait où on est, où on va, mais je me fais toujours mener en bateau par l'auteur. A chaque fois, elle parvient à me bluffer. Tu es sûr(e) que c'est lui/elle le/la coupable ? Tu penses avoir trouvé la solution ? Bing ! Je te montre à quel point tu as tord, et au final, on se demande comment on a pu rester aussi aveugle et louper tous les indices importants...

Dans ce roman, Hercule Poirot se retrouvera en difficultés face à cette affaire sans queue ni tête, il se creusera les méninges, essayera d'empêcher les meurtres, de percer à jour la personnalité de l'assassin, de comprendre ses motivations... On va de ville en ville, de meurtres en meurtres, on rencontre les proches des victimes qui vont s'unir pour aider Poirot à retrouver l'assassin, qui tenteront de se remémorer les derniers jours avant les meurtres, on rencontre des inspecteurs parfois boulet, je-sais-tout, arrogants (et l'inspecteur Japp qui m'a bien fait rire avec son franc parler en début de roman). L'auteur ne nous en révèle pas trop, et le peu d'indices qu'elle laisse traîner... parfois, on y fait pas trop attention, et des fois, elle nous mène en bateau.

J'ai vraiment passé un bon moment, même si je voudrais que Hastings ait un peu plus d'utilité dans les enquêtes de Poirot ; certes, à un moment donné, il dira une phrase anodine mais qui servira plus tard à Poirot pour résoudre son enquête, mais je voudrais qu'Hastings ait un rôle plus important que celui de narrateur, parce que j'ai vraiment l'impression qu'il n'a servi à rien à part d'observer. J'admets que si Poirot avait été le narrateur, l'affaire aurait été moins intéressante car on aurait su le fin mot de l'affaire bien avant la fin du roman et avec Hastings comme narrateur, on ne sait pas grand chose, on découvre tout en même temps que lui mais j'aurais juste voulu qu'Hastings soit plus utile, qu'il serve à autre chose que de faire parti du décors voilà tout, même le docteur Watson est plus présent et a plus d'utilité dans les aventures de Sherlock Holmes... mais c'était là mon seul point noir que je relèverai car j'ai beaucoup aimé cette lecture.


Extrait :


- Vous vous rappelez ce que vous disiez l'autre jour ? Si nous pouvions commander un crime à la carte, lequel choisiriez-vous ?

J'entrai aussitôt dans le jeu.

- Voyons... Laissez-moi réfléchir... Étudions le menu. Cambriolage ? Escroquerie ? Non, c'est du crime végétarien, ça. C'est un meurtre qu'il nous faut, un bon meurtre bien saignant, avec sa garniture, évidemment.
- Et les hors-d'oeuvre.
- Qui sera la victime, un homme ou une femme ? J'opterais plutôt pour un homme. Un gros bonnet, genre milliardaire américain. Premier ministre ou magnat de la presse. Pour le théâtre du crime... Que diriez-vous de notre bonne vieille bibliothèque ? Question atmosphère, on n'a pas fait mieux dans le genre. Quant à l'arme, eh bien, ce pourrait être une dague bizarrement recourbée, ou un instrument contondant quelconque, pourquoi pas une idole en pierre sculptée.

Poirot poussa un soupir.

- Il y a aussi le poison, enchaînai-je, mais c'est très technique. Ou un coup de feu qui claque dans la nuit. Et puis il nous faut un quarteron de jolies filles... [...] L'une d'elles, bien sûr, sera accusée à tord et aura quelques démêlés avec le jeune premier. Et puis, il nous faut encore une belle brochette de suspects [...] Vous couronnez le tout d'un inspecteur borné, dans le style de Japp et... et le tour est joué.
- C'est donc là votre idée de la crème des crimes ? 
- J'étais sûr que vous ne seriez pas d'accord.

Poirot me jeta un regard de commisération.

- Vous venez de me faire une très jolie compilation de la quasi-totalité des romans policiers écrits à ce jour.
- Merci quand même ! Et vous, que commanderiez-vous ?

3. Andover.

4 commentaires:

  1. bonjour Marion
    très sympa à lire les univers d'Agatha Christie.
    passant par ici te souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année , bises et A+ du troubadour Emmanuel

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    1. Toujours aussi sympathique oui, Agatha Christie est vraiment la reine du crime.
      Merci, avec dix jours de retard. J'ai passé de très bonnes fêtes de fin d'années et j'espère que les tiennes se sont bien passées :)

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  2. bonjour Marion
    un poètique coucou par ici , passant te souhaiter une bonne année 2013 , remplies de projets à réaliser et de bonnes lectures en tout lieux ,en toutes heures des jours qui filent au coeur des humains chemins. bises et A+ du troubadour Emmanuel

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    1. Merci beaucoup et bonne année à toi-aussi ! Une année qui sera, j'espère, remplie de poésie, de découvertes... de lecture aussi pour ma part.

      bises et a+ !
      Je te rendrais bientôt visite sur ton blog, ça fait un moment que je n'y suis plus allée :)

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