mardi 17 décembre 2013

Le fait du prince - Amélie Nothomb.





Il y a un instant, entre la quinzième et seizième gorgée de champagne, où tout homme est un aristocrate.













Comme toujours avec les romans d’Amélie Nothomb, la quatrième de couverture est énigmatique et ne révèle presque rien de l'intrigue du roman, c’est la couverture qui m’a attiré.


Ce roman commence avec une conversation des plus insolites, ensuite nous suivons le narrateur le lendemain. On sonne à sa porte, un homme se présente et demande à passer un coup de téléphone, son portable ne fonctionnant plus et sa voiture étant en panne. Bon samaritain, le narrateur - nommé Baptiste Bordave - le laisse passer son coup de fil. Jusqu'ici, tout va bien, mais voilà qu'en faisant l'appel, l'individu en question fait une attaque et meurt sur le coup ! Alarmé, Baptiste se demande que faire et se souvient de la conversation insolite qu'il a eue avec un inconnu chez des amis communs hier : mieux vaut ne pas appeler la police ou un médecin sous peine de devenir suspect. Que faire de cet homme qui a eu l'indélicatesse de venir mourir chez lui ? Baptiste choisit une solution osée : prendre la place et l'identité du défunt et se faire passer pour lui...

Amélie Nothomb nous offre une fois de plus un roman court, qui possède un aspect rocambolesque plutôt plaisant. Le début nous mène dans une conversation plutôt originale mais intéressante qui nous fait tout de suite plonger dans le roman, survient ensuite une péripétie où le narrateur vit une situation peu commune où un parfait inconnu vient mourir chez lui. Au lieu de prévenir les autorités, il panique et prend le risque fou de prendre la place du défunt. Commençant donc de façon plutôt glauque, le roman devient vite assez loufoque et nous mène dans l'improbable, comme souvent chez les romans de l'auteur. Si ce roman ne fait certainement pas partie de mes préférés, il a le mérite d'être intéressant et l'auteure garde toujours son style décalé que j’aime tant.



Surprenant, déroutant et absurde seraient les mots pour décrire ce roman, j'ai juste moins accroché et adhéré selon certaines parties [spoiler] le personnage qui prend goût à sa nouvelle vie de luxe, la compagne du défunt qui accepte facilement la présence d'un inconnu chez elle même en croyant que le narrateur est un collègue de son compagnon, le narrateur qui croit pouvoir facilement séduire la compagne… [/spoiler] et la fin qui m'a paru précipitée et pas très palpitante, j'ai été assez déçue), mais je dois avouer que ce roman sur le changement d'identité est un sujet intéressant à exploiter et le narrateur s’aperçoit que ce n'est pas si facile que d'endosser et même de dérober l'identité de quelqu'un d'autre... surtout de quelqu'un de riche et d'influent, cela ne se fait pas sans séquelles ! Elle nous fait se questionner sur l'identité : qui sommes-nous réellement ? Peut-on décider du jour au lendemain de devenir un autre ? Adopter l'identité d'un inconnu, c'est connaître le large, c'est connaître des horizons nouveaux, mais il y a des événements et des sentiments qui nous font parfois prendre conscience qu'on est allé trop loin, mais quelque loin, au lieu de s'arrêter avant que tout dégénère, l'ivresse de la situation nous fait continuer. Impossible de freiner.

Loin d'être mon préféré, ce roman est pourtant assez pétillant, et Amélie Nothomb est la reine des citations, elle écrit toujours des formules chocs qui plaisent au lecteur et donnent un peu de dynamique à l'histoire. L'auteur se révèle ici déjantée, inventive et dérangeante ; bref, la Nothomb qui me plaît le mieux. Elle a vraiment le don d'écrire des scénarios improbables mais pourtant convaincants dans un sens et c'est toujours difficile de parler de ses romans sans trop en dire, de tout gâcher.  



- Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police. Appelez un taxi et dites-lui de vous conduire à l'hôpital avec cet ami qui a un malaise. Le décès sera constaté en arrivant aux urgences et vous pourrez assurer, témoin à l'appui, que l'individu a trépassé en chemin. Moyennement quoi, on vous fichera la paix.
- Pour ma part, je n'aurais pas songé à appeler la police, mais un  médecin.
- Cela revient au même. Ces gens-là sont de mèche. Si quelqu'un à qui vous ne tenez pas a une crise cardiaque à votre domicile, vous êtes le premier suspect.
- Suspect de quoi, si c'est une crise cardiaque ?
- Aussi longtemps qu'on n'a pas prouvé que c'est une crise cardiaque, votre appartement est considéré comme une scène de crime. Vous ne pouvez plus toucher à rien. les autorités envahissent votre domicile, c'est à peine si elles n'inscrivent pas l'emplacement des corps avec de la craie. Vous n'êtes plus chez vous. On vous pose mille questions, mille fois les mêmes.
- Où est le problème si l'on est innocent ?
- Vous n'êtes pas innocent. Quelqu'un est mort chez vous.



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