mercredi 25 janvier 2012

Des choses fragiles : Une étude en vert - Neil Gaiman.

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Du même auteur :

- De bons présages.
- L'étrange vie de Nobody Owens.


Emprunt médiathèque.


 

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Quatrième de couverture :  



"Les histoires, tels les gens et les papillons, les œufs d’oiseaux et les cœurs humains, les rêves, sont aussi des choses fragiles ne se composant de nul matériau plus solide ou plus durable que vingt-six lettres et une poignée de signes de ponctuation. Ou bien de paroles faites de sons et d’idées – abstraites, invisibles, disparues sitôt prononcées –, et saurait-on imaginer plus fragile ? Certaines d’entre elles, pourtant, simples et minuscules, mettant en scène des personnages qui partent à l’aventure ou qui accomplissent des merveilles, des miracles et des monstres, ont survécu à tous ceux qui les ont racontées. Certaines ont même survécu aux pays dans lesquels elles ont été créées." Neil Gaiman.

/ ! \ Attention : spoilers sur l'intégralité de la nouvelle Une Etude en Vert. / ! \




Mon avis :


Avant toute chose, et comme vous avez bien pu le remarquer en lisant le titre de l'article, je ne parlerais dans cet article exclusivement que d'une des nouvelles de ce recueil. Je m'excuse d'avance auprès de mes lecteurs et de l'auteur (même s'il ne viendra jamais, ô grand jamais, lire ce blog), c'est dans mes projets que de lire un jour le recueil en entier, je m'étais d'ailleurs donnée comme 'résolution' de lire plus de cet auteur.

Si j'ai choisi de parler que d'une nouvelle en particulier, c'est parce que c'est une sorte de pastiche de l'auteur sur Sherlock Holmes. Il a écrit une nouvelle mélangeant l'univers holmesien de Doyle et de Lovecraft, tout en essayant de rendre justice aux deux auteurs respectifs. Mélange assez étonnant car Doyle utilise la science, la déduction, le rationnel quand il écrit Sherlock Holmes, or Lovecraft est tout ce qui est irrationnel, et pourtant, je crois pouvoir dire que Neil Gaiman s'en est sorti avec brio. Il a réussi à m'étonner et à m'impressionner ! Après m'avoir fait rêver dans L'étrange vie de Nobody Owens et m'avoir fait rire avec Terry Pratchett dans De bons présages, j'ai été déconcertée par Une étude en vert pour au final être impressionnée. Ce n'est certes pas un chef d'oeuvre, mais c'est tellement singulier et original d'une certaine façon que je pourrais dire que j'ai bien aimé !

Une étude en vert est un clin d'oeil à Une étude en rouge, la toute première aventure qui voit apparaître Sherlock Holmes et le docteur Watson, comment ils se rencontrent, emménagent ensemble, se découvrent l'un l'autre, comment Holmes fait entrer Watson dans son univers d'enquêtes criminelles et de science de la déduction. La nouvelle commence de la même façon : le narrateur est un vétéran de la guerre d'Afghanistan qui vient tout juste de rentrer en Angleterre à cause de ses blessures qui ne lui permettaient pas de rester sur le front. Le narrateur tombe en pleine dépression et cherche un logement, qu'il trouvera à Baker Street qu'il viendra à partager avec un homme fort intelligent, un détective consultant utilisant la déduction et dont les services sont requis par l'inspecteur Lestrade. Cet homme, rencontré grâce à une connaissance commune, devient très vite son ami qui conduit un beau jour notre cher narrateur sur une crime de scène où un noble aurait été assassiné. Sur le mur est inscrit en lettres de sang le mot Rache...

Jusqu'ici, ça ressemble très fortement au roman Une étude en rouge et l'on pense tout naturellement que Neil Gaiman reprend à sa manière le roman de Doyle. Même si aucun nom n'est donné au début pour le narrateur et son ami détective, le lecteur devine que ces personnages peuvent être le docteur Watson et Sherlock Holmes, tout naturellement. Un Holmes et Watson revisités, peut-être, à la façon de Gaiman, même s'il y a de quoi se poser des questions [ le narrateur a suivi le même parcours que Watson mais il a été tireur d'élite puis capturé et torturé en Afghanistan, Watson non. L'ami détective dit ronfler, Holmes non ] mais cela ressemble énormément à Une étude en rouge, au début, que les questions ne se posent plus. Jusqu'à ce qu'on avance dans le récit et que la fin soit un vrai coup qui réveille tout le monde ! Du moins, ce fut le cas pour moi. Après, ça devient flou, déconcertant, surprenant, le moment où l'irrationnel apparaît [ les étranges accents des membres de la famille royale, et surtout la reine Victoria qui guérit d'une seule main l'épaule endommagée du narrateur qui nous a décrit la reine comme étant celle qui 'nous avait vaincus sur le champ de bataille 700 ans plus tôt' et que c'était pourquoi on l'appelait Victoria, qu'elle était aussi appelée la Reine parce que 'les bouches humaines n'étaient pas formées pour leur permettre de prononcer son véritable nom' ]

J'avoue que j'ai dû relire la nouvelle plus d'une fois car le côté fantastique m'échappait un peu, j'avais un peu du mal à saisir cet aspect du texte, mais je pense avoir mieux saisi, ça reste quand même assez étrange mais je crois que j'ai eu tendance à oublier que le texte avait son côté irrationnel et pas seulement que son aspect policier. D'ailleurs, ces notions de Great Old Ones que l'on trouve dans la nouvelle fait parti de l'univers de Lovecraft. Très vite aussi, on se rend compte des différences avec Une Etude en Rouge, je ne m'inquiète pas puisque j'ai pensé que l'auteur remaniait à sa façon. La famille royale est impliquée dans la nouvelle ? Très bien, pourquoi pas ? On croit encore suivre Holmes et Watson dans leur enquête mais le doute s'installe : le détective et le vétéran vont au théâtre et rencontrent un acteur nommé Sherry Vernet. Le prénom ressemble déjà assez à celui de Sherlock et pour ceux qui s'y connaissent suffisamment bien dans le canon holmesien, Vernet est un français, aussi membre plus ou moins proche de la famille Holmes. Cet acteur, Vernet, est en compagnie d'un autre homme qui boîte et qui serait médecin comme le narrateur. Vernet est susceptible d'être le coupable de cette affaire et échappe Lestrade et ses hommes, lui-aussi étant remarquablement intelligent. Même avec tous ces indices, j'avoue n'avoir su le fin mot de l'histoire qu'en lisant la lettre d'un certain Rache qui explique tout et qu'apparaisse le nom de John Watson, que le narrateur pense avoir croisé en Afghanistan...

Ca m'a bluffé ! L'évidence tombe, Vernet est Sherlock Holmes, sans aucun doute et son compagnon, le docteur Watson et ils seraient tous deux des anarchistes, des criminels. C'est le renversement de situation complet ! Et c'est une perspective intéressante : Holmes et Watson, des criminels et partenaires dans le crime. Cela m'a un peu rappelé la nouvelle de Charles Auguste Milverton Holmes et Watson se font cambrioleurs le temps d'une nuit et où Holmes se dit que s'il n'avait pas choisi le métier de détective, il aurait sans doute fait un excellent criminel, en toute modestie. La question qui se pose est : qui sont le narrateur et son ami détective, dans ce cas ? C'est là que je me rappelle que le détective avait présenté son ami comme étant Monsieur Sebastian, mais j'ai cru que c'était un nom qu'il avait inventé comme il s'était présenté lui-même sous une autre identité car ils étaient face à Vernet. Puis les initiales du narrateur à la fin : Major S... M... qui pourraient tenir avec Sebastian Moran, le bras droit du professeur James Moriarty, némesis de Sherlock Holmes dans l'oeuvre de Conan Doyle. Cette nouvelle offre donc un renversement de situation : Holmes et Watson sont les criminels (Holmes étant surtout le cerveau et Watson exécutant les crimes, étant médecin il sait où frapper pour tuer ou blesser) et Moran et Moriarty, le détective intelligent et son fidèle compagnon.

Intéressante perspective qui m'a bluffé ! Belle initiative de l'auteur que j'approuve ! Bien que déconcertante quand même. J'aurais pu me rendre compte plus tôt des véritables identités des personnages, mais comme Watson, I saw but did not observe et je suis ensuite impressionnée par quelque chose qui n'est pas si compliqué que ça au final, comme Watson, impressionné par les déductions de Holmes et qui s'aperçoit que c'était pourtant si simple... Je ne suis pas très futée, mais il n'empêche que cette nouvelle était très bien, vraiment. je prends plaisir à la relire plusieurs fois. Dans un Londres inquiétant mais terriblement familier où un criminel s'en prend aux têtes couronnées, c'est un univers tellement singulier, parfois les mots me manquent. Mais les personnages sont très bien représentés et j'aime beaucoup ce renversement de situation qui s'est révélé aussi surprenant que séduisant.


Extrait :


'Vous êtes sûr de vouloir que je vous accompagne ?'
En réponse, mon ami me fixa sans ciller. 'J'ai le sentiment, dit-il, que nous sommes faits pour être ensemble. Que nous avons combattu pour la bonne cause côte à côte dans le passé ou dans le futur, je l'ignore. Je suis un homme rationnel, mais je connais la valeur d'un bon compagnon, et dès l'instant où mes yeux se sont posés sur vous, j'ai su que je pouvais me fier à vous comme à moi-même. Oui, je veux que vous m'accompagniez.'
Je rougis et balbutiai des mots sans suite. Pour la première fois depuis l'Afghanistan, il me semblait avoir ma place en ce monde
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mardi 24 janvier 2012

Top Ten Tueday : Les 10 livres que vous aimeriez voir adaptés au cinéma.

http://petitelunesbooks.cowblog.fr/images/Autresimages/TopTenTuesday.jpgJe continue ma lançée sur le Top Ten Tuesday ! Certes, je pensais le faire chaque mardi mais jusqu'à présent je n'ai trouvé pas beaucoup de thèmes qui me plaisaient ou m'inspiraient, je n'avais pourtant pas abandonné l'idée de participer. Selon les thèmes, je poste aussi les Top Ten Tuesday sur mon blog 'personnel', mon LiveJournal, j'en ai déjà posté deux : Les 10 personnages de fiction avec qui vous vous verriez bien finir votre vie (ou passer la nuit !) et Les 10 endroits/univers que les livres vous ont donné envie de découvrir. Je n'ai pas réussi à trouver 10 réponses et je doute que ce soit le cas pour la question d'aujourd'hui xD

Petit rappel : le Top Ten Tuesday a été initié par le blog
The Broke and the Bookish et l'idée a ensuite été reprise par Iani pour nous, les frenchies. Ce n'est pas obligatoire de le faire chaque mardi, bien-sûr. A chaque semaine, une nouvelle question et une autre est retenue pour la semaine suivante. Pour cette semaine, la question est la suivante :



Les 10 livres que vous aimeriez voir adaptés au cinéma.


On entend par-là ceux qui n'ont pas encore été adaptés au cinéma et pas de ceux qui ont déjà eu une adaptation au grand écran et qui a pû vous décevoir (ou pas). Les films en cours de production peuvent compter dans cette liste, mais il faudrait essayer de privilégier ceux qui ne sont pas en cours de réalisation. Pour ma part, quand je parle de livres adaptés au cinéma pour cette liste, j'ai dans ma tête un film aussi fidèle au livre que possible, même si c'est une chose rare dans la réalité *sbaf* bref bref, passons au top !

1. Good Omens/De bons présages, de Neil Gaiman et Terry Pratchett. Sans être un livre extra-formidable-génialissime, c'est un livre que j'aime beaucoup et je me suis énormément amusée durant ma lecture. Plus jamais je ne verrais les Bentley ou des canards de la même façon, plus jamais... c'est une histoire qui se veut une parodie de l'Apocalypse, des motards de l'Apocalypse, un AntéChrist, des canards, un vieux grochon, une dame en rose, une bande de gamins ; un ange acro aux livres et un démon qui terrorise ses plantes qui s'allient pour empêcher la fin du monde avec de l'humour anglais of course. Je me demande vraiment ce que ça donnerait au cinéma et quels acteurs pourraient bien jouer Crowley et Aziraphale... (et s'il y aura des canards dans le film ! Très important !) Pas sûr qu'ils réussissent à rendre très bien l'ambiance et l'humour du livre dans le film mais bon...

2. L'Epouvanteur, de Joseph Delaney. Un livre que Tim Burton pourrait très bien adapter en film. Une ambiance noire, inquiètante, en plein Moyen-Âge. L'auteur avait sû mélanger avec brio la terreur et le livre jeunesse dans une histoire où un garçon se fait apprenti épouvanteur, chasseur de créatures malfaisantes. Quoique, dans le même genre, je verrais bien Tim Burton adapter L'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman où un petit garçon vit dans un cimetière en compagnie de fantômes...

3. Faust, de Goethe. Un homme qui vend son âme au diable, un pacte avec un démon nommé Méphistophélès qui accompagnera Faust dans diverses aventures pour le meilleur et le pire. Ca me plairait beaucoup de voir une adaptation de cette pièce de théâtre, peu importe sous quelle forme. J'ai beaucoup aimé l'oeuvre, ce serait intéressant de voir une adaptation sur écran.

4. D'un monde à l'autre, de Pierre Bottero. De la saga La Quête d'Ewilan, je n'ai pas lu toute la série mais qu'est-ce que ça serait intéressant ! Voir sur l'écran l'art du dessin qu'exerce Ewilan, voir quels acteurs joueront Ewilan, Salim, Elana, Edwin, comment les réalisateurs vont se représenter Gwendalavir et le reste, ça risque d'être féérique... ou catastrophique, ça dépend des réalisateurs xD

5. Lestat le vampire, de Anne Rice. Un nouveau Anne Rice adapté sur l'écran serait intéressant... Entretien avec un vampire était formidable ! La Reine des Damnés... largement moins :s mais je ne serais pas contre de voir un autre roman de la saga La Chronique des Vampires sur écran, je pense au second tome car il est très connu et Lestat, c'est quelqu'un quoi ! Même si Armand le vampire est tout aussi intéressant, j'ai du mal à voir ce roman adapté au cinéma... je sais que c'était en projet de faire un film sur Lestat le vampire, mais c'était peut-être qu'une rumeur ou le projet a été abandonné...

C'est déjà tout pour moi ! Je suis incapable de trouver cinq autres titres, de toute façon, la plupart des livres que j'ai adoré ont été été réalisés en films, certains étaient excellents, d'autres bons, d'autres moyens et le reste tout simplement pitoyable. Après, je pensais bien à Mercy Thompson, mais comme pour La Communauté du Sud, je vois plus cette saga en série télévisée...

mercredi 18 janvier 2012

Archives des anges - Alix de Saint-André.

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 Combien y a-t-il d'anges ? Où sont-ils ? Que font-ils ? Comment sont-ils habillés ? ... en quelle taille ? Ont-ils des ailes ? ... et un sexe ? Qu'est-ce qu'ils mangent ? Volent-ils plus vite que le Concorde ? Parlent-ils français ? Vous trouverez les réponses à ces questions et à des centaines d'autres dans ce livre, fondé sur les références les plus autorisées. En effet, Alix de Saint-André a parcouru la Bible, le Talmud, les Évangiles, les Pères de l'Eglise, le Coran et ses commentaires pour découvrir la vie réelle des anges dans ses moindres détails. Elle nous livre ici les conclusions de la première enquête jamais menée sur les anges à travers les trois monothéismes.



Depuis longtemps, les anges me fascinent, mais les cours de catéchisme s'étaient avérés frustrants de ce côté car ils ne nous apprenaient rien sur ces fantastiques créatures ailées. Cette passion s'est accentuée avec les années, et c'est ainsi qu'une amie d'internet, ma chère 
modocanis, m'a conseillé ce livre.

Ce livre se dévore avec plaisir, et j'en suis presque venue à regretter le fait qu'il soit court ! C'est une étude très intéressante, racontée avec une bonne dose d'humour et légèreté. L'auteur n'écrit pas comme s'il s'agit un traité d'angéologie, ce livre n'en est même pas un, l'auteur s'en défend. C'est une petite mine d'information sur les anges qui nous permet de découvrir plein d'anecdotes intéressantes sur les anges, d'autant plus la Bible et le Nouveau Testament sont radins en information! Alix de Saint-André n'est pas théoricienne, elle est romancière, néanmoins elle a su puiser dans la Bible, les différentes Evangiles, le Coran, le Talmud et encore d'autres ouvrages pour nous parler des anges, pari réussi !

Le livre est divisé en plusieurs chapitres. Le premier chapitre, nommé Révélations, se penche sur diverses rencontres entre les hommes/femmes de la Bible et des anges - et j'ai particulièrement appréciée l'histoire de Jacob et son étrange boxeur angélique - la plus célèbre des rencontres restant celle de l'Annonciation où l'archange Gabriel annonça à la Vierge Marie qu'elle était enceinte de Jésus en gros. Il y a aussi l'histoire de Jacob et de l'ange boxeur (en empruntant les mots de l'auteur), celle de Mahomet et de l'archange Gabriel. Le chapitre deux, Investigations, tente de nous donner des réponses à des questions telles que : que mangent-ils ? parlent-ils une langue, si oui laquelle ? combien sont-ils ? quand ont-ils été crées (car, bien-sûr, inutile de compter sur la Bible pour révéler quelque chose sur le sujet) ? Avant la création de l'Homme ? Pourquoi tant d'anges et comment l'auteur et d'autres ont puisé leurs sources pour répondre à ces questions. Le troisième chapitre aborde le sujet du... sexe des anges ! Pour des créatures censées être asexuées, voire même n'avoir aucune forme corporelle, elles ont des attributs très masculins... où l'on parle aussi d'anges déchus pour expliquer cette petite histoire, ce qui mène directement au chapitre quatre consacré à Lucifer/Satan, censé être le premier ange créé, le plus beau et le plus charismatique... et le plus orgueilleux aussi. Satan, l'origine de son conflit avec Dieu et de sa haine envers les hommes, l'histoire du jardin d'Eden (où l'on apprend que le serpent avait des pattes et que le fruit défendu pourrait très bien être une figue ou un citron au lieu d'une pomme), l'auteur en profitant aussi pour nous parler de quelques démons, djinns et autres créatures peu recommandables...

Le chapitre cinq nous en apprend un peu plus sur les divers jobs des anges. Ange signifie messager mais n'allez pas croire que la seule mission des anges est de porter des messages aux Hommes ou d'aller taper sur les démons (même si l'archange Michel fait un très beau boulot pour cette dernière tâche) : les anges peuvent se révéler, selon les situations, cuisiniers, entremetteurs, agents secrets, vétérinaires, espions, gardes du corps, musiciens, soldats... voire même croque-morts ! Ce sont des créatures décidément très bien organisées... cela répond parfaitement à la question : à quoi servent les anges ? Pros jusqu'au bout des ailes, les anges sont multi-fonctions ! Gare à ceux qui croient les anges inutiles, juste bons à applaudir le travail de leur Créateur. Des anges gardiens jusqu'aux anges protecteurs des nations (par exemple, l'Archange Michel est le protecteur d'Israël et de la France), tout est expliqué sur les boulots des anges, avec en plus quelques exemples. Le chapitre six, Plumages et ramages, s'intéresse à l'allure céleste des anges, leur nombre d'ailes, leur taille, leur chants, leur organisation dans les cieux. On se représente surtout les anges avec une paire d'ailes, une auréole et une toge blanche... qu'en est-il vraiment ? Il se trouve qu'il y a plusieurs espèces d'anges : les anges déchus, les Archanges, les Puissances, les Séraphins, les Chérubins... et tandis que certains ont trois paires d'ailes, d'autres en auront bien six ! Pas sûre que ce soit bien pratique pour voler... et enfin, le chapitre sept, Célestes vagabondages, s'intéresse de plus près à d'autres rencontres entre les hommes et les anges, et se penche surtout sur les Archanges Michel et Gabriel, dans les trois religions (judaïsme, christianisme et l'islam).

Etant d'un milieu religieux, l'auteur connaît bien les sujets liés à la religion catholique, en particulier les anges, et elle en parle généralement avec humour, ce livre nous prouve bien ces points. L'humour étant la petite touche en plus, pas nécessaire mais très apprécie, ça rend la lecture drôle et légère, divertissante... surtout avec les jeux de mots (L'ange ayant sauvé Daniel des lions étant un 'ange-dompteur qui était parti faire son cirque ailleurs après tout cela' pour n'en citer qu'un !). De quoi s'amuser tout en apprenant la science des anges ! Loin d'être une spécialiste sur les anges, j'ai trouvé pas mal de réponses à mes questions. Certes, m'intéressant surtout aux Archanges, je n'ai pas tout trouvé sur eux, mais cet ouvrage reste très intéressant. Petit par la taille mais énorme par son contenu, en plus d'en savoir plus sur les anges, nous avons droit à des petites histoires et anecdotes très intéressantes (par exemple, imagineriez-vous l'archange Raphaël comme un entremetteur ?).

Ce livre est vraiment plein d'humour et très bien documenté, on découvre une foule de faits étonnants et souvent amusants. Que sait-on vraiment des anges alors qu'il en existe plusieurs sortes comme des Trônes, des Puissances, des Vertus, des Archanges, des Séraphins, des Chérubins (les petits bébés potelés avec des ailes dans le dos), loin d'être un livre religieux, c'est une petite mine d'informations sur les anges, bourrés d'histoires, d'anecdotes, de faits historiques ou même littéraires (comme Voltaire ou 'ce pauvre Mr Chatterton' - qui a bien peiné pour se renseigner sur les anges - comme le répétait souvent l'auteur) mais bibliques quand même, l'ange ne pouvant exister sans que l'on parle un peu forcément de son divin créateur. Le résumé me plaisait énormément avant que je ne commande ce livre, après ma lecture, je suis comblée... et toujours avide d'en savoir encore plus sur les anges ! Un très bon livre que je recommande pour ceux qui s'intéresse aux anges.

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[ Représentation d'un ange. Image trouvée sur le site Archange. ]


Beaucoup d'autres, et l'on ne peut pas les en blâmer, ne savent même pas ce qu'est un séraphin - pour la simple et bonne raison qu'ils n'en ont jamais vu. Et c'est une très bonne raison. Les anges sont invisibles, voilà l'embêtant. S'ils étaient parqués dans le ciel comme les éléphants au zoo, on les verrait au télescope géant ; ils se feraient photographier par les satellites avec leurs épées et leurs trompettes en train de surfer sur l'anticyclone des Açores ; la dame de la météo avec ses beaux lolos n'arrêterait pas de faire des plaisanteries sur les séraphins... Hélas !
Introduction.

vendredi 13 janvier 2012

Mort sur le Nil - Agatha Christie.

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Du même auteur :





Quatrième de couverture : 

Ce n'est pas très joli de voler son fiancé à sa meilleure amie pour se marier avec lui. Et même si l'amie en question semble se résigner, la ravissante et riche Linnet Ridgeway a bien des raisons d'être inquiète... Surtout quand le hasard les rassemble, pour une croisière sur le Nil, avec de troublants personnages, dans une atmosphère lourde de sensualité et de cupidité.

Mon avis :


J'avais très envie de me remettre à Agatha Christie, j'ai encore envie de plonger dans l'un de ses livres à l'heure actuelle, j'ai été comblée avec ce titre ! Ça me confirme vraiment que l'auteur est la Reine du Crime, une excellente auteur de policier. L'un des meilleurs livres d'elle que j'aie jamais lu !

L'histoire débute avec Linnet Ridgeway, jeune et riche femme qui semble posséder tout ce que la vie peut offrir de mieux : le luxe, la beauté, l'intelligence, l'argent, les prétendants, la célébrité... justement, l'une de ses amies, Jacqueline de Bellefort, espère bien que Linnet pourra trouver un travail à son fiancé, Simon Doyle, qui a perdu il y a peu son revenu. Linnet accepte, curieuse de rencontrer cet homme sans qui Jacqueline mourrait tant elle l'aime si fort ! Peut-être Linnet est-elle tombée sous le charme de Simon ou tout simplement par plaisir de voler l'homme de sa vie à Jacqueline qui se dit être rien sans lui, elle le séduit et très vite, Simon et Linnet se marient de façon soudaine qui choque la presse et le monde. Le jeune couple décide de partir en voyage de noce en Egypte, seulement voilà, Jacqueline n'entend pas laisser les deux tourtereaux roucouler près du Nil et décide de suivre le couple partout où il va, au point de sérieusement angoisser Linnet. Et alors qu'une nuit, sous l'effet de l'alcool, Jacqueline perd les moyens, un drame se produit. Et seuls Simon et Jacqueline semblent être hors de portée. Hercule Poirot et le colonel Race décident de mener l'enquête...

L'histoire commence de façon simple : une jeune femme qui a tout pour plaire vole le fiancé de sa meilleure amie pour se marier avec, l'amie trompée décide de ne pas se laisser faire et de les harceler en les poursuivant. Puis survint un meurtre. Le coupable désigné tout de suite serait Jacqueline... seulement voilà, elle semble être hors de cause dans cette affaire et sur le bateau navigant sur le Nil, il y a d'autres personnes qui pourraient très bien en vouloir à Linnet : jalousie ? pour l'argent ? vengeance ? Plusieurs motifs que certains passagers pourraient avoir. Ce Tim Allerton, pour une histoire de vol ; Pennington, pour une histoire d'argent ; ces filles par pure jalousie... Lettres de sang, vol, témoins tués, bruits étranges la nuit du meurtre... le tout lors d'une mémorable croisière sur le Nil, dans l'Egypte ensoleillée. Sur ce navire, beaucoup de personnes, des alibis, un écheveau de mobiles, et une merveilleuse complexité tout au long de l'enquête ! J'ai été bluffée, et encore plus en apprenant qui était le vrai coupable, je n'y aurais pas cru. Dans ma tête, j'essayais de trouver... j'avais des réponses, sans être sûre. Avec un suspense parfait et bien orchestré et une révélation aussi soudaine que bluffante, Agatha Christie est vraiment une romancière délicieusement machiavélique ! Elle sait parfaitement rester mystérieuse et énigmatique, un bon point pour un roman policier !

Monsieur Hercule Poirot croyait pouvoir bénéficier de vacances bien méritées... mais le crime ne prend jamais de congé et il se retrouvera bien vite plongé dans cette enquête... comme les lecteurs d'ailleurs ! J'ai aimé découvrir les personnages qui nous sont introduits dès le début, même les secondaires. Certes, on se perd au début, qui est ce personnage et que fait-il déjà ? Ils sont intéressants, chacun à leur manière, si archétypaux. Tim Allerton, un peu grognon, avec sa mère qu'il admire ; le docteur Bessner, un allemand qui parle façon Maître Yoda avec des 'Ach !' et des 'So' ou encore des 'Gott im Himmel !', Ferguson avec sa langue sarcastique et dont j'ai aimé les échanges avec la jeune Cornelia, jeune fille sage venue avec sa tante sévère et autoritaire Miss Van Schuyler ; Mr Pennington qui s'occupe des finances de Linnett Ridgeway, Mrs Otterbourne écrivain en mal de lecteurs, et encore bien d'autres... le début du roman est d'ailleurs divisé en plusieurs parties pour mieux nous les introduire car ils auront tous un rapport dans l'enquête. L'ambiance dramatique met certes du temps à s'introduire et les choses sérieuses ne débutent que vers les pages 100/150 mais ça se lit facilement, on suit sans difficulté et avec intérêt l'enquête. On voit Race et Poirot se heurter à des obstacles, fouiller tout le navire, mélangés entre plusieurs histoires et événements de l'enquête, ils ne savent pas toujours où se donner de la tête, trop du suspects... mais Poirot est intelligent, très intelligent, et il aime être théâtral durant ses déductions et quand il donne les réponses. En tant que Belge, sa perception des anglais est gentiment drôle, il est un peu ridicule mais sait se montrer aimable, sociable, serviable, c'est un personnage intéressant et attachant ! Et comme d'habitude, au moment où l'on pense avoir une réponse, des hypothèses, une question qui pourrait être la clé de l'énigme : PAF ! Poirot nous charge d'un indice de taille qui renverse toutes nos hypothèses.

Fausses pistes, huis-clos, indices, enquête, Egypte, personnages intéressants... vraiment un bon policier comme sait si bien les écrire la reine du crime. J'ai adoré ! Vais-je me jeter sur un autre Agatha Christie ? Qui sait...

Extrait :

Mr Ferguson recula et se prit la tête à deux mains.

- J'abandonne, déclara-t-il. Vous êtes incroyable. Vous n'avez pas une ombre de cette malveillance propre aux femelles. (Il se tourna vers Poirot :) Savez-vous, monsieur, que le père de Cornelia a été pratiquement ruiné par celui de Linnet Ridgeway ? Mais sa fille grince-t-elle des dents quand elle voit l'autre se pavaner avec ses perles et ses robes de Paris ? Non, elle ne fait que bêler : 'Ce qu'elle peut être be-e-lle', comme un brave tendre agnelet. Je me demande même si elle lui en a jamais voulu !

- Je lui en ai voulu... juste une minute, répondit Cornelia en rougissant. Papa est plus ou moins mort de désespoir, comprenez-vous, parce qu'il n'avait pas été à la hauteur.

- Et elle lui en a voulu une minute... Non mais je rêve !

- Ne venez-vous pas de dire, lui lança Cornelia, que c'était l'avenir qui importait, et non le passé ? Tout cela, c'est du passé, non ? C'est terminé !

- Là, vous m'avez eu ! répliqua Ferguson. Cornelia Robson, vous êtes la seule femme bien que j'aie jamais rencontrée. Voulez-vous m'épouser ?

- Ne faites pas l'idiot.

25.

Antéchrista - Amélie Nothomb.




J'avais seize ans. Je ne possédais rien, ni biens matériels, ni confort spirituel. Je n'avais pas d'ami, pas d'amour, je n'avais rien vécu. Je n'avais pas d'idée, je n'étais pas sûre d'avoir une âme. Mon corps, c'était tout ce que j'avais.









Blanche est une jeune fille solitaire et discrète que personne ne remarque à la fac. Et voilà qu'un beau jour, Christa, belle, séduisante, audacieuse, brillante, qui plaît à tous, vient la voir et lui parler. Blanche n'en revient pas, c'est comme un miracle ! Quelqu'un l'a remarqué et veut bien lui parler et rester avec elle un moment, et pas n'importe qui ! La coqueluche de la fac, une jeune fille qui a tout pour plaire. Pour la garder auprès d'elle et tâcher d'être une amie serviable et aimable, elle n'hésite pas à tout lui donner, allant jusqu'à lui proposer de s'installer chez elle la semaine au lieu de prendre le train plusieurs heures pour retourner chez elle. Ses parents, ravis de savoir que leur fille a enfin une amie, acceptent très rapidement Christa qui se fait passer pour une fille parfaite. En revanche, Blanche se rend compte bien vite dans quelle situation elle s'est embarquée en laissant entrer Christa dans sa vie et sa maison. Car Christa n'est qu'une manipulatrice, mythomane et tentatrice dissimulée sous les traits d'une jeune fille parfaite...

Narrée par Blanche, cette histoire est une véritable description des tourments de l'adolescence. C'est une jeune fille solitaire, discrète, timide, sans amis qui essaye de comprendre si elle a un but dans sa vie, que faire de sa vie, comment grandir. Assez mal dans sa peau, elle a du mal à croire qu'on puisse s'intéresser à elle jusqu'à ce que Christa ne débarque. Mais celle-ci impose une version cruelle et perverse de l'amitié, une relation dominé-dominant se noue vite entre elle.

Christa est un personnage ambigu. Elle est cruelle oui, mais pourquoi a-t-elle fait tout ça ? Qui est-elle vraiment ? Elle se protège presque par son prénom, alors qu'en réalité, comme le dit Blanche, elle n'est pas Christa mais Antéchrista. C'est le surnom que lui donne Blanche. L'Antéchrist est, après tout, une figure d'imposteur maléfique qui se fait passer pour le Messie, peu avant l'Apocalypse. C'est deux faces différentes d'une personne. Elle est vraiment l'exact opposé de Blanche : cruelle, audacieuse, séductrice, sûre d'elle, magnifique, extravertie... Blanche, elle, est sensible, intravertie, discrète, fragile et manque cruellement de confiance en elle.

Ce roman montre bien comment une personne peut manipuler son entourage, dominer quelqu'un à l'extrême, envahir la vie et le foyer d'une autre, la manipuler, la martyriser psychologiquement... Je me suis retrouvée pas mal de points communs avec Blanche, j'étais - sous certains aspects - comme elle durant mon adolescence et je suis restée assez discrète et timide. Heureusement que je n'ai connu et ne connais pas de Christa ! Ce roman m'a fait réfléchir : aurais-je fais comme elle ? est-ce que je serais aussi tombée dans le piège Christa ? Aurais-je décidé d'agir ou de laisser passer ? Christa, elle, a ce désir d'exercer son pouvoir sur certaines personnes, elle veut se sentir supérieure et elle parvient très bien à se faire passer pour une gentille fille, elle se fait immédiatement adopter par la famille de Blanche qui avouent clairement leur préférence à Christa par rapport à Blanche. Selon eux, c'est une fille admirable, irréprochable, courageuse et bien. Comme quoi, Christa fait une excellente actrice, elle ment à tout le monde, même sur sa propre vie.

C'est une histoire à proprement dit banale, c'est un problème que des personnes rencontrent et pourtant, l'auteur sait la rendre intéressante, ce livre court se lit très rapidement, on a envie de lire la suite, sans s'arrêter. On est presque subjugué par cette horreur décrite, cette manipulation cruelle. On voit si Blanche va réussir à régler ce problème épineux, à se débarrasser de son bourreau... bref, encore un bon Nothomb !



Jusqu’à ma rencontre avec Christa, l’un des bonheurs de ma vie d’adolescente avait consisté à lire: je me couchais sur mon lit avec un livre et je devenais le texte. Si le roman était de qualité, il me transformait en lui. S’il était médiocre, je n’en passais pas moins des heures merveilleuses à me délecter de ce qui ne me plaisait pas en lui, à sourire des occasions manquées.