mercredi 30 novembre 2016

La science de Sherlock Holmes : Les débuts de la science criminelle - E.J. Wagner.


Si Holmes est avant tout un grand détective, il s’est aussi révélé un grand scientifique, qu’il se mêle de poison, de cendres de tabac ou de traces de pneus.

E. J. Wagner, historienne du crime, explore cet aspect fascinant de sa carrière en montrant combien ses enquêtes reposaient sur les dernières découvertes scientifiques de l’époque, notamment dans le tout jeune domaine de la science criminelle (la criminalistique), aux ramifications aussi diverses que la médecine légale, l’expertise des écritures, la balistique, l’analyse des empreintes digitales ou la toxicologie…

Médecin et grand lecteur de faits divers, Arthur Conan Doyle était en effet particulièrement averti des progrès de la police scientifique de son époque ; ses intuitions se sont d’ailleurs souvent avérées fort justes dans ce domaine



Si Sherlock Holmes est connu pour être l'un des plus grands et célèbres détectives de fiction, on lui reconnaît moins son statut de scientifique doué, à moins d'avoir lu l’œuvre de Conan Doyle. Et pourtant, Sherlock Holmes est aussi un scientifique dans l'âme, et il en a fait sa profession : il s'agit de la science criminelle !

Ce livre, signé par EJ Wagner, nous propose de retracer l'histoire de la science criminelle, et il le réussit avec brio car ce livre est une véritable mine d'information ! Il est divisé en plusieurs chapitres portant sur des thèmes variés s'approchant de près ou de loin à la science criminelle : l'étude de l'anatomie et la dissection, l'étude des insectes et ce qu'ils peuvent révéler sur une scène de crime ou le corps du délit, la présence des superstitions (ou plutôt les obstacles qu'elles posent), l'étude des poisons et autres substances mortelles, l'utilité des déguisements – aussi bien pour les policiers que pour les criminels, l'examen d'une scène de crime, l'identification des criminels avec la mise en place d'une base de données et des empreintes digitales, l'étude de la balistique, des empreintes de pas et autres traces, de la géologie et des sols, des traces écrites, du sang et de l'identification ADN, et enfin les obstacles que pose la médecine de l'époque. En bref, tout est passé sous la loupe de EJ Wagner et illustré par de nombreuses anecdotes et petites histoires, aussi bien des exemples dans les aventures du Canon Holmesien que des cas criminels s'étant déroulés par le passé.

Les anecdotes sont nombreuses et cela peut déconcerter, cependant elles sont toutes intéressantes à découvrir et, pour certaines, croustillantes, ce que les amateurs de policier (la thématique s'entend, après si vous en pincez pour les hommes en uniforme c'est votre choix). Cependant, avis aux âmes sensibles car certaines anecdotes sont assez crues (notamment lorsque l'auteur nous décrit les dissections avec les conditions de l'époque, et l'horreur des expérimentations ou de certains crimes).

Le livre nous raconte non seulement l'histoire, mais aussi l'évolution de la science criminelle, ce qui est d'autant plus intéressant à découvrir ! Ainsi, nous apprenons comment les policiers ont appris à prêter beaucoup plus d'attention aux détails, à laisser la scène du crime tel quel (il n'était pas rare que le sang, par exemple, était lavé afin de ne pas choquer), l'évolution de la médecine légale (autopsies réalisées sous de meilleurs conditions, par exemple), des techniques d'enquête (l'étude des scènes de crime, fichage des criminels, comment relever les traces d'ADN, etc) mais aussi du cadre légal et des modes de pensées, notamment avec les nombreuses croyances et superstitions de l'époque !

La plume de l'auteur est fluide et efficace, parfois nuancé d'humour (parfois même d'humour noir). Elle analyse en détail l'évolution des méthodes d'investigation de la police scientifique. Elle maîtrise totalement son sujet, et elle en parle avec beaucoup d'efficacité, c'est un plaisir de la lire et elle sait enchaîner une théorie avec une autre, tout en faisant le parallèle avec les aventures de Sherlock Holmes

Petit avertissement cependant pour les amateurs du grand détective et qui s'attendraient à le voir mentionné de page en page : Sherlock Holmes n'est pas le sujet d'étude de ce livre, ce qui nous intéresse ici est l'histoire et l'évolution de la science criminelle. Ici Holmes sert essentiellement d'exemple dans le discours de l'auteur. Ce livre nous montre cependant que Sherlock Holmes est bien plus qu'un simple détective de fiction, c'est aussi un véritable sujet d'étude, presque un modèle dans l'étude de la criminalistique. À ceux qui sont moins familiers avec le détective anglais, n'ayez aucune crainte de vous perdre. Les anecdotes relatives au canon holmesien sont présentes mais non assommantes et n'accaparent pas le principal sujet d'étude.

La Science de Sherlock Holmes s'est rapidement révélé être un livre vivant et très enrichissant qui nous permet d'en apprendre davantage sur la manière de résoudre une affaire criminelle avec les différents éléments à prendre en compte. C'est un livre que j'ai dévoré et que je conseille à tout amateur d'enquêtes criminelles et des méthodes pour les résoudre.

dimanche 25 septembre 2016

Le Bal des Vampires.

Fiche technique :

Titre : Le Bal des Vampires (VF) ; The Fearless Vampire Killers (VO)
Réalisation : Roman Polanski.
Scénario : Gérard Brach et Roman Polanski.
Société de production : Cadre Films et Filmways Pictures
Durée : 1h08
Genre : Comédie
Sortie : 13 novembre 1967 (USA), 1er avril 1968 (France)

Avec la participation de :

Roman Polanski (Alfred), Sharon Tate (Sarah Shagal), Jack MacGowran (Professeur Abronsius), Ferdy Mayne (Comte von Krolock), Iain Quarrier (Herbert von Krolock), Alfie Bass (Yoine Shagall), Jessie Robins (Rebecca Shagall), Terry Downes (Koukol), Fiona Lewis (Magda), ...



Synopsis :

La Transylvanie. Une terre désolée et hostile où se terre tout un peuple maudit. Le professeur Abronsius et son acolyte Alfred poursuivent les vampires dans une traque sans relâche qui les mène jusqu’à une auberge éloignée de tout. Sauf du château du comte Von Krolock… 

Mon avis :

Le Bal des vampires s'intéresse à l'histoire du professeur Abronsius et de son jeune assistant, Alfred, deux chasseurs de vampires à en devenir qui se rendent dans un petit village de Transylvanie dans l'espoir de trouver la créature qu'Abronsius cherche depuis si longtemps. Sitôt arrivé au village, Abronsius constate l'abondance d'ail dans la taverne et il est persuadé d'être arrivé à bon port ! Cependant, du côté des villageois, personne n'ose avouer aux visiteurs la présence d'un vampire hantant les lieux... il sera néanmoins difficile pour eux de dissimuler l'existence de leur vampire local, surtout quand celui-ci organise un bal.

Film devenu un classique du cinéma, j'ai un certain attachement pour ce film en grosse partie du à la comédie musicale qui en a découlé plusieurs années après. Ce n'est pas, pour moi et malgré son statut de classique, un film exceptionnel. Cependant je l'apprécie en tant que film qui a servi de base à une comédie musicale que j'adore, et en tant que satire des films sur les vampires.

Autre affiche du film.
Car en effet, ce film se présente comme une satire des films sur les vampires en reprenant les clichés attendus d'un film de vampire : château lugubre, toiles d'araignées à gogo, vampires qui organisent un somptueux bal, le vieux savant un peu loufoque qui cherche à contrer le vampire local, un peu à la Van Helsing ; un vampire en Transylvanie, etc. Il y a aussi une certaine moquerie des chasseurs de vampires qui se révèlent ici un peu casse-tout et donc ridiculisés par leurs faux pas [spoiler] Le professeur Abronsius coincé dans la crypte, Alfred qui a trop peur pour oser tuer les vampires, Abronsius qui se ridiculise un peu en cherchant à mentir sur le motif de sa visite au comte vampire, Alfred en qui sommeille un petit pervers, etc [/spoiler], mais aussi une moquerie des vampires ! Car oui, même ces créatures majestueuses et sanguinaires en prennent pour leur grade ; la plupart sont loin d'être des canon de beauté, se révèlent parfois aussi ridicules que nos chasseurs de vampires, ajoutons à cela [spoiler] la façon peu élégante de Krolock de débarquer dans la salle de bain pour attaquer Sarah, son fils Herbert se présentant comme le cliché prototype du jeune éphèbe homosexuel, Chagal transformé en vampire qui n'a rien de séduisant et charismatique, la vieille vampire sourde au bal, etc [/spoiler]. C'est un humour absurde; ça peut faire sourire comme ça peut faire lever les yeux au ciel. Dans tout les cas, ce n'est pas un film à prendre au premier degré !

Pour ma part, si je ne considère pas ce film comme exceptionnel, j'aime le côté complètement barré du professeur Abronsius, le charisme de la jeune Sarah, le personnage d'Alfred, un grand dadet timide et un peu maladroit mais qui veut bien faire. Les paysages sont magnifiques, la musique souvent rythmée, les situations angoissantes sont désamorcées efficacement avec un humour burlesque (sans spoiler, j'ai beaucoup aimé la scène de course poursuite du milieu du film, un pur délice). Si le personnage de Sarah incarné par Sharon Tate reste au final assez discret, il reste qu'elle apporte un petit quelque chose d’envoûtant et sensuel qui est propre au monde des vampires !

Si le film peut s'avérer long, les choses s'accélèrent lorsque le vampire entre en jeu [spoiler] en commençant par le kidnapping de Sarah [/spoiler] et l'histoire prend une tournure plus intéressante. L'intrigue en elle-même est classique mais efficace, et sait malgré tout faire preuve de rebondissements appréciables. Il est aussi intéressant de noter que, malgré l'aspect comique du film, il présente quelques côtés dramatiques [spoiler] Le fait que l'histoire ne termine pas bien pour les héros notamment : Sarah, la fille à sauver, est devenue vampire malgré les efforts des héros et Alfred a été mordu par elle et donc transformé à son tour [/spoiler], ce qui en fait un film assez intéressant à visionner !


Quelques mots sur la comédie musicale :



Si j'ai connu le film avant la comédie musicale, c'est sous cette dernière que je suis tombée sous le charme ! Le Bal des vampires est une comédie musicale de Jim Steinman et Michael Kunze, tirée du film réalisé par Roman Polanski en 1967. Le musical a été créé le 4 octobre 1997, et mis en scène par Roman Polanski pour la première fois à Vienne. Le spectacle s'est produit ensuite en Allemagne, à Stuttgart, Hambourg et Berlin. Puis ils 'est progressivement produit à Varsovie, Budapest et Belgique. Le musical connut sa version française en 2014 mais ne fut produit qu'à Paris au théâtre Mogador et, malgré les retours enthousiastes, aucun CD ou DVD ne fut produit pour les fans français (je rage rien qu'en tapant ces mots sur le clavier).

Je n'ai jamais eu la chance de voir le musical dans sa version française, et j'ai essentiellement découvert sa version originale, Tanz der Vampire, avec des sous-titres. Si je pleurerais à jamais le fait que je n'aurais jamais la chance de voir ce spectacle, c'est avec plaisir que j'ai visionné la version originale. On retrouve la même histoire, avec quelques différences, et en plus captivante... voire même mordante ! On constate une amélioration au niveau des personnages : finie la Sarah discrète, elle devient un personnage qui s'impose sur la scène, Krolock prend ici un coup de jeune et se révèle plus complexe et charismatique que dans le film ; il se révèle plus qu'un suceur de sang. Herbert est davantage caricaturé, mais toujours un personnage plaisant et hilarant. Abronsius se transforme en un Van Helsing ne jurant que par la logique et la science, et je reste toujours autant attachée à Alfred, jeune assistant parfois maladroit, qui prend souvent peur mais fait toujours de son mieux, et qui ne manque pas de courage et de loyauté. D'autres personnages sont également plus mis en avants, chacun a sa façon de briller.

Ajoutons à cela de magnifiques costumes (je suis toujours en admiration sur les costumes du comte, et sur la robe de bal de Sarah), des décors spectaculaires (notamment le château von Krolock dans son ensemble : de la crypte à la salle de bal !), on s'y croit d'emblée ! Les chansons sont captivantes pour la plupart, un réel plaisir aux oreilles, et la mise en scène sublime et magistrale haut en couleur, et qui nous en met plein la vue (ma scène préférée restera celle du rêve d'Alfred lors de sa première nuit au château dans Carpe Noctem). C'est un véritable plaisir de regarder et écouter ce musical qui ne brille pas que par ses chansons et son ambiance, mais par son intrigue, son humour, et ses moments sentimentaux voire dramatiques. Un vrai plaisir !

Petite anecdote intéressante : une des chansons les plus célèbres et thème récurrent de la comédie musicale, Totale Finsternis (Eclipse totale) correspond à la chanson Total Eclipse of the Heart, de Bonnie Tyler !


dimanche 18 septembre 2016

Arsène Lupin contre Herlock Sholmès - Maurice Leblanc.


Arsène Lupin contre Herlock Sholmès ! L'homme qui défie toutes les polices françaises contre l'as des détectives anglais.« C'est justement quand je ne comprends plus que je soupçonne Arsène Lupin », avoue le célèbre limier anglais. Quand deux hommes aussi intelligents s'affrontent, leur duel est un grand spectacle.

Qui a volé le petit secrétaire d'acajou contenant un billet de loterie gagnant ? Qui a volé la lampe juive, le diamant bleu, joyau de la couronne royale de France ? Qui joue les passe-murailles en plein Paris ? Arsène Lupin, toujours lui, l'éternel amoureux de la Dame Blonde, plus insolent, plus ingénieux que jamais, déjouant une à une toutes les ruses de l'Anglais par d'autres ruses plus étonnantes encore.




Ce livre comporte deux aventures : La Dame Blonde et La Lampe Juive, et fait suite à la nouvelle qui se trouve dans le premier recueil des aventures d'Arsène Lupin, Herlock Sholmès arrive trop tard. Une nouvelle fois, Maurice Leblanc a voulu faire s'affronter son héros au célèbre Sherlock Holmes ! ... ou du moins, un pastiche du célèbre détective anglais. Alors, verdict ?

Dans La Dame Blonde, Mr Gerbois achète un secrétaire pour sa fille. Un inconnu lui propose de le lui racheté, ce que Gerbois refuse. Peu de temps après, il découvre le secrétaire volé, au grand désespoir de son propriétaire qui y avait rangé son billet de loterie gagnant. Arsène Lupin se propose de lui retrouver le secrétaire, à la condition de partager le montant de la loterie avec lui. Peu de temps après, un baron et assassiné et son diamant volé. La police, piétinant sur ces deux affaires, les victimes décident de faire appel au détective anglais Herlock Sholmès. Ces deux affaires ne semblent avoir aucun rapport, pourtant il existe un lien entre elles ! Dans La Lampe Juive, le détective reçoit deux lettres : une d'un baron lui demandant son aide pour retrouver une lampe volée et l'autre de Lupin lui-même lui demandant de ne pas accepter la demande du baron, ce que Sholmès décide de ne pas prendre en compte...

Si je n'ai pas été aussi emballée que le premier recueil des aventures de notre voleur national, je n'ai pas non plus détesté ma lecture. Je ne retiendrais cependant pas ce livre comme celui m'ayant le plus marqué sur Arsène Lupin. Cela reste cependant un livre sympathique et sans prétention autre que de divertir, que de se creuser les méninges ou avoir le souffle coupé.

Car, en effet, ces aventures se présentent plus comme un jeu du chat et la souris que d'une enquête. L'auteur a choisi de se centrer davantage sur qui aura le dessus sur qui, comment Sholmès et Lupin vont déjouer les plans de l'autre, que la résolution de l'enquête. Bien qu'on se doute très bien de l'identité du vainqueur, ces aventures ne sont pas dénuées d'intérêt pour autant. Nos deux héros se rencontrent, se toisent, s'admirent, se donnent la chasse, ... Il y a également des passages bien divertissants comme des passages intéressants (la maison truffée de passages secrets, la confrontation finale entre Sholmès et Lupin dans la première aventure, la scène où Lupin et son biographe Maurice décident sur un coup de tête de se joindre à la table de Sholmès et Wilson dans un restaurant, ...). Tout ce qu'il se passe est bien détaillé et avec un rythme effréné !

J'ai retrouvé avec plaisir Arsène Lupin, toujours aussi malin, aussi joueur, aussi amoureux de la mise en scène. Il se révèle vraiment comme un personnage intéressant. Je m'attache à sa légèreté, sa désinvolture, son côté enfant qui se joue de tous et je ne demande qu'à le découvrir dans de nouvelles aventures et découvrir de nouveaux aspects de sa personnalité et d'éléments de sa vie. Sa vie, ses amis, ses amours, ses ennemis, ses ennuis, ses rires, ... Je n'en ai certainement pas fini avec Lupin !

Même si ce jeu souffre de lenteurs dans
l'histoire, il présente néanmoins une
confrontation intéressante entre Holmes
et Lupin tout en restant fidèle aux
personnages et univers de Doyle et de
Leblanc.
J'avoue avoir eu des réticences à lire ce livre, car je suis énormément attachée au personnage de Sherlock Holmes, ainsi que celui du Dr Watson, et que j'avais peur que l'auteur ne démontre trop la supériorité de Lupin sur Holmes et ne ridiculise Holmes ET Watson. Sur un de ces points j'avais tord, car si au final c'est Lupin qui l'emporte sur Holmes, ou du moins Sholmès (et ce n'est pas un spoiler, car il est clairement évident, avant la lecture, que Leblanc allait favoriser son héros), il est tout de même montré que Sholmès est très doué pour lui mettre des battons dans les roues [ réussissant même à déjouer un de ses plans et le faire arrêter... même si au final ce n'est que de courte durée ], et pour dérouter Lupin, il en faut beaucoup ! Du moins, dans la première aventure... car dans la seconde, Sholmès, dégoûté de son échec, perd toute classe, toute élégance lors de la seconde aventure et se montre plus aigri et déterminé que calme, intelligent et raffiné. En somme, il est montré comme plus égoïste et moins intelligent que le personnage d'origine, avec des réflexions beaucoup moins poussées, et beaucoup de prétention.

Dommage... Je n'ai pas réussi à m'attacher à Sholmès, et encore moins à Wilson, une pastiche de Watson, présenté ici comme un bouffon, un abruti fini, suivant Sholmès comme un bon gros toutou loyal mais pas très intelligent, se faisant maltraiter par le détective qui ne le considère clairement pas comme un ami mais plutôt comme un sous-fifre [ je me rappelle notamment d'une scène où Wilson était au plus mal, mais Sholmès n'en avait rien à faire, plus préoccupé par son enquête ]. Ainsi, pour les amoureux de Holmes et les fervents défenseurs de Watson, il est préférable de voir Sholmès et Wilson comme des personnages à part, et pas une version de Holmes et Watson. Se dire qu'il ne s'agit en rien des personnages de Conan Doyle, mais des personnages différents, une caricature à l'extrême de Holmes et Watson, sous peine d'être déçu. En ce qui me concerne, même si la lecture de ce livre fut plaisante, si vous voulez voir une aventure plaisante et fidèle confrontant Holmes et Lupin, je vous conseille de découvrir le jeu de Frogwares, Sherlock Holmes vs Arsène Lupin. Si vous ne voulez pas y jouer ou ne pouvez pas, il est possible de suivre des vidéos retraçant tout le jeu ;)

Pour revenir un peu au livre, la première enquête m'a davantage plu par rapport à la seconde que j'ai trouvé moins prenante, et qu'elle reprenait les mêmes recettes que la première histoire. Les deux parties restent cependant divertissantes à lire, avec de nombreux rebondissements. Mon seul regret reste le massacre de Wilson/Watson et que Sholmès n'ait pas réussi à mettre Lupin plus en déroute, car s'il était évident de l'issue de ces affaires, il aurait été intéressant de voir Lupin un peu plus en danger, histoire que Sholmès se révèle être un rival à la cheville de Lupin, et que l'auteur ait eu l'audace de mettre son personnage un peu plus en danger avant de le rendre victorieux. Car malgré les petites déroutes que le voleur a connu, Sholmès n'a pas été suffisamment à la hauteur et le duel entre les deux personnages reste essentiellement des joutes verbales. C'est pour ces raisons que je choisi de ne pas voir en Sholmès une version de Sherlock Holmes, mais plutôt comme un personnage à part, qui s'éloigne du héros de Conan Doyle.

Malgré ces détails qui m'ont tiqué, le livre reste plaisant à lire car divertissant. Il se compose pour l'essentiel de dialogues. Le style de l'auteur est simple, soigné, plaisant. On lit les aventures de son héros avec facilité et les aventures restent suffisamment intéressantes et divertissantes. Peut-être que je trouverais dans d'autres romans ou nouvelles sur Arsène Lupin des aventures plus palpitantes et satisfaisantes, qui me tiendront en haleine, car malgré mon ressenti sur ce livre, je ne compte pas en rester là et dit à très bientôt à l'ami Lupin !


"Beau temps, Wilson... Du soleil ! ... Paris est en fête pour nous recevoir.- Quelle foule !- Tant mieux, Wilson ! Nous ne risquons pas d'être remarqués. Personne ne nous reconnaîtra au milieu d'une telle multitude !- Monsieur Sholmès, n'est-ce pas ?"Il s'arrêta, quelque peu interloqué. Qui diable pouvait ainsi le désigner par son nom ?Une femme se tenait à ses côtés, une jeune fille, dont la mise très simple soulignait la silhouette distinguée, et dont la jolie figure avait une expression inquiète et douloureuse.Elle répéta :" Vous êtes bien monsieur Sholmès ?"Comme il se taisait, autant par désarroi que par habitude de prudence, elle redit une troisième fois :"C'est bien à monsieur Sholmès que j'ai l'honneur de parler ?"


Ce billet est une participation au :

mercredi 7 septembre 2016

Les Combustibles - Amélie Nothomb.


La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid : les livres...

Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? Dans ce huit clos cerné par les bombes et les tirs des snipers, l'étincelante romancière du Sabotage amoureux pose à ses personnages une question autrement perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ?


De retour avec un Amélie Nothomb, à travers ce huis-clos sous forme de pièce de théâtre.


Comme la plupart des écrits de l'auteure, l'histoire consigne des longs dialogues, des affrontements oraux entre les personnages, des répliques cinglantes ou cyniques, des débats philosophiques avec des questions existentielles.


Malgré le sujet et mon amour pour les livres de l’auteure, je n'ai pas trop accroché et j'ai lu les dialogues sans m’appesantir sur les réponses philosophiques et questions existentielles. Ce qui est dommage car le cadre de l'histoire est prometteur : dans une ville assiégée, victime de la guerre, trois personnages sont reclus dans une pièce vide de tout meuble, sauf une chaise et des livres. Les acteurs de cette œuvre, un professeur, son assistant Daniel et sa petite-amie Marina (des prénoms en sommes normaux, ce qui m’a plutôt surprise, l'auteure est plus ou moins connue pour donner des prénoms originaux à ses personnages). La pièce est sombre et froide. Tous les meubles ont été utilisés pour se chauffer. Ne restent plus que les livres du professeur érudit. Pour survivre, il faut brûler des livres ! Oui, mais lesquels ? Est ainsi mis en place un long débat sur les livres à conserver et les livres à brûler. Quels livres méritent d'être sauvés et pourquoi ? Quels livres sacrifier ? Qu'est-ce qui fait qu'on accorde une importance à un livre ?



Bien qu'il s'agisse d'un débat intéressant, je n'ai pas réussi à m'y intéresser d'autant plus que l'auteure a évoqué de nombreux livres que je ne connais pas. Cependant, il me semble qu’Amélie Nothomb a écrit ce livre au début de sa carrière, ce qui peut expliquer ce manque que j'ai ressenti au cours de ma lecture. Le sujet du livre est toutefois bien trouvé ! Cela vaut quand même que l'on se pose ces questions soi-même (ça ferait même un bon sujet pour le bac philo d'ailleurs !), donc ce livre a au moins de mérite de soulever ces interrogations et que l'on se pose ces questions et se fasse notre propre réflexion !



Concernant les personnages, peu de choses à dire : Daniel est sans saveur (en tout cas, il ne m'a pas marqué plus que ça), en revanche les deux stars de l'histoire sont sans conteste Marina et le Professeur. Ce dernier est un homme odieux, cynique, un peu misogyne sur les bords, qu'on adore détester. Marina, tout aussi piquante, n'hésite pas à répliquer et montre bien qu'elle ne se laissera jamais faire face à lui, donc du coup ça donne lieux à des dialogues plutôt divertissants. Lui est l'universitaire qui ne vit que pour ses livres, Marina elle cherche à répondre à son instinct de survie en cherchant par tous les moyens à se réchauffer, et Daniel est le jeune homme marqué par la guerre, qui cherche à survivre tout en conservant ses idéaux jusqu'au bout.



Comme évoqué précédemment, le cadre de l’histoire est intéressant : un huis-clos dans une pièce sombre et froide tandis que la ville est assiégée et bombardée. Cependant, par choix, l'auteure reste vague sur le contexte : on ignore pourquoi il y a la guerre, qui sont ces envahisseurs nommés Barbares, dans quelle ville ou dans quel pays se situe l'histoire, qu'en est-il du reste de la population, depuis quand la guerre dure, etc. Ce qui est assez dommage d'ailleurs, on ne peut que supposer. J'ai toutefois apprécié la fin de l'histoire. Elle n'est certes pas joyeuse [spoiler] le Professeur brûle les derniers livres, Marina sort dans l'espoir d'être vue et tuée par les envahisseurs car il n'y a plus rien pour se chauffer, en apprenant cela Daniel va la rejoindre. A la fin du feu, le Professeur fera de même [/spoiler] mais elle sous-entend qu'après avoir détruit les livres (donc la littérature, ce qui fait la culture, la richesse de l'homme), l'homme s'autodétruit, tout simplement, car l'homme n'est rien sans la culture. Sans la littérature, l'homme est insignifiant. Cela clos donc bien l'histoire. 




LE PROFESSEUR. Je n'ai plus de combustible. regardez, toutes les tables y sont passées, et même le secrétaire en marqueterie. Brûler les chaises serait une erreur : nous aurions encore plus froid si nous étions assis par terre. Savez-vous pourquoi il fait plus chaud à l'Université ? Parce qu'elle est bombardée sans cesse. A chaque bombardement, vous avez des planchers détruits à brûler. Si les Barbares torpillaient davantage mon quartier, je pourrais vous offrir un gîte plus tempéré.

DANIEL. Ça, c'est ce que j'appelle de l'humour à froid.

LE PROFESSEUR. Mais bravo, Daniel ! Vous voyez bien que la guerre peut rendre spirituel.

DANIEL. Si seulement j'avais l'impression d'être en guerre ! La guerre, c'est se battre, et nous ne nous battons pas. Nous sommes assiégés.

LE PROFESSEUR. Je ne suis pas d'accord. Vous vous battez. Pour nous autres, professeurs, continuer à donner cours, c'est nous battre. Et pour nos étudiants, continuer, en dépit des bombes, à s'intéresser à la place de l'adverbe dans les subordonnées chez les poètes romantiques, c'est se battre.

DANIEL. Je me demande si ça les intéresse. Je les soupçonne de venir au cours parce que l'Université est encore chauffée.

LE PROFESSEUR. Chauffée mais bombardée : ils y risquent leur vie. Ne diminuez pas leur mérite.

samedi 3 septembre 2016

Arsène Lupin, Gentleman Cambrioleur - Maurice Leblanc.


Vif, audacieux, impertinent, rossant sans arrêt le commissaire (qui ici, en l'occurrence, s'appelle l'inspecteur Ganimard), traînant les cœurs après lui et mettant les rieurs de son côté, se moquant des situations acquises, ridiculisant les bourgeois, portant secours aux faibles, Arsène Lupin, gentleman cambrioleur est un Robin des Bois, de la " Belle Époque".


Un Robin des Bois bien français : il ne se prend pas trop au sérieux, ses armes les plus meurtrières sont les traits d'esprit ; ce n'est pas un aristocrate qui vit comme un anarchiste mais un anarchiste qui vit comme un aristocrate. Arsène Lupin, après plus d'un demi-siècle, n'a pas vieilli. Il ne vieillira jamais en dépit de son chapeau haut de forme, de sa cape et de son monocle.





Cela fait plusieurs années que je flâne avec les détectives, il fallait bien que je coutoie les voleurs un jour ! Pourtant, rien ne me laissait imaginer que je viendrais à m'intéresser aux voleurs et plus précisément au Roi des Voleurs (non, pas Salim dans Aladdin et les 40 Voleurs, mais une personnalité bien française !), soit notre Arsène Lupin national ! Car si les Anglais ont la chance d'avoir Sherlock Holmes, nous autres petits Français pouvons nous vanter d'avoir le plus charismatique et malin des voleurs, et dont la renommée dépasse les frontières.

Mon intérêt pour Arsène Lupin est pourtant récent. Cependant, il y a un voleur de fiction qui me charme depuis des années déjà : l’Insaisissable Kid, gentleman cambrioleur du manga Détective Conan, inspiré de notre Pinpin national. Il m'est venue une envie subite de découvrir le personnage qui a inspiré ce Kid qui me plaît tant. Et ça tombait bien, car j'ai le premier recueil de nouvelles d'Arsène Lupin qui traînait dans ma bibliothèque depuis un moment déjà : L'Arrestation d'Arsène Lupin. Car oui, les aventures d'Arsène Lupin commencent... par son arrestation ! Ce voyage paradisiaque au bord du transatlantique La Provence s'est transformée en vrai chasse à l'homme lorsqu'un télégramme envoyé annonce la présence du voleur à bord ! Il est blond, il voyage seul, il est en première classe, il est blessé à l'avant-bras et il voyage sous un nom commençant par "R" ! Et c'est ainsi que les passagers se méfient de toute personne ayant ces caractéristiques et qu'ils s'interrogent : où est-il ? que fait-il ?

Maurice Leblanc.
Le livre est suivi par d'autres nouvelles : Arsène Lupin en prison, L'évasion d'Arsène Lupin, Le mystérieux voyageur, Le collier de la Reine, Le sept de cœur, Le coffre-fort de Madame Imbert, La perle noire et enfin Herlock Sholmès arrive trop tard. Si les trois premières nouvelles se suivent dans un ordre logique, les autres n'ont aucun ordre chronologique : l'une raconte le premier vol d'Arsène Lupin à l'époque où il n'était pas encore Arsène, car Arsène n'est pas son vrai nom [spoiler] en même temps, Raoul Lupin ça a beaucoup moins de classe qu'Arsène Lupin ;p ], une autre nous est narrée par le biographe du voleur, un certain nommé Maurice qui nous raconte sa rencontre avec le voleur et comment il est devenu son biographe, une nouvelle nous raconte comment le célèbre voleur... s'est fait roulé dans la farine par un couple qu'il comptait voler, une autre histoire relate comment Arsène Lupin pourrait faire un bon policier tandis que la dernière nous présente la rencontre entre Arsène Lupin et un certain détective anglais nommé Herlock Sholmès...

Concernant la lecture de ces nouvelles, je tiens à annoncer d'abord qu'il y a des changements de point de vue qui peuvent perturber : certaines nouvelles sont narrées par le voleur, d'autres par Leblanc tandis que d'autres sont à la troisième personne. Aussi, il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique : on ne commence pas avec les premiers exploits du voleur mais par son arrestation à un moment où il est déjà connu et craint pour ses méfaits, même s'il y a une nouvelle dans ce recueil relatant un vol à une période où Lupin n'était pas encore connu. Cela n'empêche cependant pas de passer un agréable moment à lire ces histoires, d'autant plus que pour certaines d'entre elles, la tournure est amusante [spoiler] Arsène Lupin qui se fait arnaquer au lieu d'arnaquer lui-même les gens, le narrateur qui se retrouve être Arsène Lupin, entendre l'histoire du jeune Arsène Lupin et de son premier vol pour se venger des injustices de sa mère, Arsène Lupin qui se déguise en policier plus d'une fois pour retrouver un objet volé, etc ], même si parfois un peu prévisible, dans le sens où je parvenais à deviner quel personnage était en réalité Lupin.

Cela n'empêche pas de passer un très bon moment à faire la connaissance d'Arsène Lupin, qui se révèle être un personnage attachant. Tel Robin des Bois, il vole aux plus riches sauf qu'il garde le butin pour lui, il est rusé, intelligent, charismatique, doué au déguisement et un sacré bon acteur. Egalement un peu enfantin, fanfaron, très charmeur et qui a l'art de retourner la situation dans le sens qu'il veut. Il n'est pas non plus dépourvu de qualités honorables : pas rancunier pour deux sous envers celui qui l'a arrêté, il accueille au contraire l'inspecteur Ganimard avec chaleur et enthousiasme, n'hésite pas à rendre des choses qu'il a volé et sait se montrer gentleman, il ne cherche jamais à tuer. Il n'est pas non plus infaillible puisqu'il lui arrive de se tromper ou d'être trompé, ce qui fait de lui quelqu'un de très humain. Toutes ces qualités qui ont contribué à son succès à l'époque et encore aujourd'hui auprès du public.

En somme, un recueil de nouvelles qui se lit tout seul, c'est original, décalé, et il met en scène un personnage plein de ressources, très attachant et humain. Certaines nouvelles sont moins percutantes que d'autres, mais j'ai trouvé la plupart très divertissantes. Il me tarde de découvrir davantage Arsène Lupin, car ces nouvelles m'ont mis l'eau à la bouche et que je souhaite voir plus de Lupin !




Ce billet est une participation au :

lundi 4 juillet 2016

Prince Captif (T.2) Le guerrier - C.S Pacat.


Quatrième de couverture :

Alors que leurs royaumes sont sur le point d’entrer en guerre, Damen et son nouveau maître, le prince Laurent, doivent échanger les intrigues de palais contre la violence ouverte des champs de bataille. Contraint de dissimuler son identité, Damen est de plus en plus attiré par le dangereux et charismatique Laurent. Mais alors que la fragile confiance entre les deux hommes se renforce, les secrets de leurs passés risquent de leur porter un coup fatal


Emprunt médiathèque.








Mon avis :

Je continue ma lancée sur la série Captive Prince, et j'avoue le faire majoritairement pour les beaux yeux de Laurent. Aussi étrange le premier tome soit-il, et malgré les points intéressants que j'avais relevé, c'est surtout le personnage de Laurent qui me pousse à continuer. Pourtant, il ne s'est pas souvent montré sous un beau jour dans le premier tome : sournois, manipulateur, menteur, cruel envers son esclave, et pourtant il y a un je-ne-sais-quoi chez lui qui m'a plu dès le début. Ce personnage est mystérieux et je veux apprendre tout sur lui.

Verdict suite à ma lecture du second tome ? J'ai été comblée par de nombreux aspects : non seulement ce tome est une occasion pour les lecteurs de découvrir un peu mieux le personnage de Laurent, mais nous assistons aussi au développement de la relation Damen/Laurent, et ce roman offre des scènes intéressantes. Vous aimez les combats, les chevauchées nocturnes, les poursuites sur les toits et les complots ? Ce tome offre tout cela sur un plateau d'argent ! Pourtant, ce roman ne débute pas sous des meilleurs auspices. Damen est toujours l'esclave de ce maître qu'il déteste tant et l'armée que le Régent a confié à son neveu est un cadeau empoisonné : bagarres entre les soldats de Laurent et ceux du Régent, manque de discipline... le Régent a donné à son neveu une troupe de soldats désorganisés et indisciplinés, pour lui mettre des bâtons dans les roues. Seulement, si le Régent sait bien jouer à ce jeu, Laurent a maintes fois l'occasion de nous montrer qu'il est bien capable de se servir des mêmes armes de son oncle pour tenter de le battre. Les intrigues politiques ont des airs de jeu d'échec dans lequel le Régent et Laurent tentent chacun de faire échec au roi et Damen est pris entre les deux. Son camp est pourtant déjà choisi : mieux vaut servir Laurent pour le bien de sa patrie, Akielos, et obtenir sa liberté en contrepartie...

Pendant une bonne partie du roman, nous assistons ainsi aux pièges et obstacles lancés par le Régent à son neveu et Laurent contourner ces pièges et combattre pour gagner, enfin, quelques batailles envers son oncle. Une troupe indisciplinée ? Laurent les force à se mettre au pas. Govart, le capitaine de la garde royale, joue aux insolents et conteste l'autorité de Laurent ? Laurent le provoque en duel et gagne, s'attirant respect et admiration auprès des troupes. Le Régent envoie ses troupes contre celles de son neveu ? Laurent confie ses hommes à Damen, dont le génie militaire et l'esprit stratégiques sont mis au jour dans ce roman. Dans ce roman, l'intelligence de Laurent et le génie militaire de Damen s'allient contre un ennemi commun : le Régent.

On a ainsi peu d'occasion de s'ennuyer ! Ce tome foisonne de combats, de complots, de virées nocturnes pour découvrir des informations, retrouver un informateur ou tenter des alliances politiques. Cela nous donne ainsi l'occasion de voir quelques scènes ma foi fort divertissantes, dont ma préférée : Damen et Laurent devant se cacher derrière une porte pour ne pas être surpris alors qu'ils sont recherchés (et Laurent ayant beaucoup de difficultés à ne pas rire lorsqu'il entend l'un des hommes à leur recherche qualifier Damen d'énorme bestiau, et Damen essayant de contrôler Laurent ET son propre désir naissant !) et la course poursuite sur les toits qui suit [spoiler] je n'en reviens toujours pas d'ailleurs de l'audace de Laurent de faire délibérément tomber une tuile du toit pour qu'ils soient repérés et que commence une course poursuite ; dans un sens, Laurent a tout d'un chat, vicieux, joueur, adorable et dangereux [/spoiler]



J'ai du reblogguer plusieurs versions de la même scène sur tumblr, mais c'est plus fort que moi, j'adore cette scène !
[Source ; ici et ]



D'ailleurs, on découvre dans ce tome un Laurent faisant preuve de plus de spontanéité. Peut-être est-ce du au fait qu'il est loin de la cour d'Arles et de son oncle, ou peut-être est-ce du au fait qu'il apprend à faire confiance à Damen. Toujours est-il que Laurent arrive à surprendre Damen mais aussi les lecteurs par son comportement. Il y a des scènes qui le rendent totalement touchant ou attachant (la scène où il tente de reproduire un tour qu'il a appris par exemple), des scènes où il fait légèrement tomber son masque dur et froid pour quelques révélations ou des gestes amicaux, et il peut avoir des réparties drôles ou spirituelles. Même s'il a tôt fait de rendosser son masque pour redevenir froid, manipulateur, cruel dans ses mots, on commence à découvrir le vrai Laurent, ce qui ne manquera pas de surprendre Damen, le seul à oser s'opposer à Laurent lorsqu'il est en colère (car le défaut de Laurent est qu'il prend de mauvaises décisions sous la colère, ce que le Régent sait très bien et que Damen a compris).

Avec cette découverte de Laurent, nous avons une évolution de la relation entre Damen et Laurent. Ils sont forcés de se coutoyer tous les jours, de s'allier et de travailler ensemble pour faire tomber le Régent, donc des liens se créent, tout doucement. Vous connaissez l'adage : l'ennemi de mon ennemi est mon ami. C'est ainsi que Laurent et Damen apprennent à mieux se connaître et à se faire confiance mutuellement, même s'ils ont toujours des difficultés pour se comprendre et qu'il peut y avoir des tensions. Mais il y a des (bonnes) surprises et une entente qui se noue. Laurent surprend Damen au fur et à mesure qu'il interagie avec lui, et Damen continue à surprendre Laurent qui considérait Damen et tous les Akielons comme des brutes sans cervelle. J'avais un peu de mal à imaginer ces deux-là dans une relation (dans un sens, je continue encore un peu à avoir du mal, après ce que Laurent a fait subir à Damen dans le premier tome, mais ce serait mentir si j'avouais n'avoir pas attendu le développement de leur relation, ainsi que la scène du premier baiser, on ne se refait pas !). D'ailleurs, les résumés des livres laissent supposer que c'est une relation maître/esclave. Mais j'aurais plutôt tendance à les considérer comme égaux, surtout que Damen ici se fait une place haute dans l'armée et gagne le respect de ses camarades et la confiance de Laurent. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé ces scènes où notre petit Damen se faisait une place, devenait un peu moins esclave et prenait part à l'action. J'ai également beaucoup aimé le personnage de Jord, et j'ai eu de la pitié pour lui pendant l'intrigue [spoiler] car je n'aurais jamais imaginé Aimeric comme étant le traître, comme quoi il y a des faux semblants ! ]


 


Autres couvertures réalisées pour le second tome

Plus on découvre Laurent, plus le vrai visage du Régent se révèle les fausses rumeurs qu'il colporte, par la vérité qu'il déforme, par sa manière de pervertir les êtres tout en se faisant passer pour quelqu'un d'immaculé, d'innocent, il reste indemne alors qu'il cause le chaos autour de lui, envoyant ses hommes se battre contre Laurent. Ce qui prouve de plus en plus qu'il n'est pas le souverain bienveillant qu'il cherche à montrer à tous. D'ailleurs, au vu de certaines scènes, et notamment une scène de confrontation entre Laurent et le jeune Aimeric, un doute affreux m'est venu [spoiler] serait-il possible que le Régent ait abusé de Laurent lorsqu'il était jeune ? On connaît le goût du Régent pour les jeunes garçons, et il a été dit que Laurent, adolescent, était très beau, et la confrontation entre Laurent et Aimeric... les paroles de Laurent à Damen après cette confrontation... j'espère me tromper mais je n'en suis pas sûre. Seul le tome 3 le dira ! ]

Ce tome est aussi une occasion d'en apprendre un peu plus sur le frère de Laurentle défunt Auguste (c'est étrange pour un personnage qu'on ne voit pas et qui est parfois mentionné que je me sois énormément attaché à lui), sur d'autres contrées (dont celle d'un peuple peuplé uniquement de femmes), d'autres lieux, le complot de Kastor et l'implication du Régent. Certaines révélations permettent ainsi de combler quelques trous tandis que d'autres éléments nous apportent de nouvelles questions qui seront, je l'espère, résolues dans le troisième tome !

Extrait :

Plus bas, leurs poursuivants couraient eux aussi, dans des rues lisses, sans tuiles pour les faire trébucher ou tomber. Ils espéraient les prendre en tenaille. Laurent envoya une autre tuile s'écraser dans la rue, en visant, cette fois. Ils entendirent un cri de surprise. Lorsqu'ils atterrirent sur un autre balcon afin de traverser une énième ruelle, Damen renversa un pot de fleurs. A côté de lui, Laurent décrocha du linge qui séchait et le lâcha ; ils virent une silhouette s'empêtrer dans un drap, en contrebas, et se transformer en fantôme affolé.

Chapitre 7.

dimanche 26 juin 2016

Le Roi danse

Le Roi Danse,


Réalisé par Gérard Corbiau
1h55
Sorti en 2000


Avec : Benoît Magimel (Louis XIV), Boris Terral (Jean-Baptiste Lully), Tchéky Karyo (Molière), Colette Emmanuelle (Anne d'Autriche), Cécile Bois (Madeleine), Claire Keim (Julie), Johan Leysen (Robert Cambert), Idwig Stéphane (Le Prince de Conti), Caroline Veyt (Armande Béjart), Ingrid Rouif (Madame de Montespan), ...







Synopsis :

A quatorze ans, Louis XIV sait qu'il régnera un jour mais sait aussi que l'on fera tout pour l'empêcher de gouverner. Il en est complexe. Par la danse, ou le jeune roi excelle, et grâce a la musique qu'il compose pour lui, Lully le révèle a lui-même puis au monde. Louis devient le Roi-Soleil. Lully et Molière sont les grands ordonnateurs de la magie de son règne. Mais Lully aime le roi d'un amour fou et platonique et croit que celui-ci ne peut se passer de lui. Son aveuglement le perdra et Lully, après Molière, basculera dans la nuit

Mon avis :

Ce film me faisait déjà de l’œil depuis un petit moment. Friande de films historiques et toujours prête à en découvrir davantage, je ne pouvais pas passer à côté !

Ce film est une adaptation du livre de Philippe Beaussant, Lully ou le Musicien du Soleil. Qui est Lully ? Jean-Baptiste Lully, de son nom complet, est un grand personnage de son époque, celle du Roi Soleil, Louis XIV. Compositeur et violoniste d'origine italienne, Lully est le surintendant de la musique de Louis XIV. Son influence musicale fut grande et domina toute l'Europe. Son histoire est liée à celle du fameux Opéra de Paris. Il fut également l'un des principaux promoteurs de plusieurs formes de musique qu'il conçut comme : la tragédie en musique, le grand motet, l'ouverture à la française. Il travailla régulièrement avec Molière avec qui il conçut la comédie-ballet. Le Roi Danse propose de retracer la vie de cet homme qui marqua à la fois la musique et qui fut l'un des personnages de l'entourage du Roi Soleil.

Né dans un milieu modeste, son talent pour la musique lui a permis de monter les échelons et d'acquérir une réputation de violoniste et de compositeur. Sous Louis XIV, il devient surintendant et compositeur de musique, c'est le début d'une carrière fulgurante, et Lully, collaborant avec Molière, s'active à l'élaboration de l'opéra français. Ce film, c'est aussi l'histoire de l'homme dans le privé : de son mariage tantôt heureux, tantôt malheureux, de ses aventures bisexuelles avec des hommes ou des femmes, que n'approuve pas Louis XIV, de ses tourments, de sa crainte de perdre les faveurs et l'affection du roi, ...

Quelques petites infidélités historiques que je ne peux m'empêcher de soulever, ou plutôt quelques anachronismes (blâmez l'étudiante en histoire que j'ai été et qui refuse de s'en aller) : contrairement à ce que laisse entendre le film, Louis et sa mère n'ont jamais eu de relations houleuses et ne l'a jamais empêché ou gêné dans les affaires du royaume; Louis n'est jamais tombé dans un marécage, ce qui l'a rendu malade (petite confusion au niveau des dates); et contrairement au film et à la légende, Molière n'est jamais mort sur scène, en pleine représentation du Malade Imaginaire. Il a bien joué cette scène et dissimulé sa maladie, mais il est mort chez lui. Outre ces petites libertés, je n'ai pas grand chose à reprocher à ce film.

Je ne retiendrais pas ce film comme étant un film historique exceptionnel, il reste tout de moins plutôt plaisant à visionner et à écouter. Des passionnés de Louis XIV et son époque y trouveront leur compte et malgré les libertés prises par rapport à l'Histoire, c'est un film qui a bien été étudié et surtout : les costumes, la musique, la danse, le jeu des acteurs. Certaines scènes sont magnifiques : la première danse du jeune Louis déguisé en soleil qui est assez exceptionnelle avec la musique, les décors et costumes, les gestes de Louis lorsqu'il danse; Lully qui joue à la porte de la chambre du Roi alors que celui-ci est gravement malade, jouant toute la nuit, et la fièvre du roi qui est retombée au matin; le chagrin de Louis à la mort de sa mère; la scène de la réalisation de la toile représentant un champ de bataille avec, en fond la musique de Lully et les bruits d'une bataille; les scènes d'amitié entre Lully et Molière étaient également divertissantes à voir, et le rire de Molière semble presque contagieux. Plus que tout, ce que j'ai aimé découvrir était la relation entre le roi, Lully et Molière, et comment elle a évolué dans le temps.

Ce film ne me laissera pas une grande marque dans mon esprit, mais il fut intéressant à visionner, d'autant plus que Lully est un personnage que je ne connais que très peu et que ce film fut une occasion de le connaître, connaître ses malheurs, ses bonheurs, sa musique, son amitié avec le Roi et avec Molière, et de plonger dans l'époque du Roi Soleil.

La Belle et la Bête


La Belle et la Bête,


Réalisé par Christophe Gans
1h52
Sorti en 2014


Avec : Léa Seydoux (Belle de Beaufremont), Vincent Cassel (La Bête), André Dussollier (Mr de Beaufremont), Eduardo Noriega (Perducas), Nicolas Gob (Maxime de Beaufremont), Jonathan Demurger (Jean-Baptiste de Beaufremont), Louka Meliava (Tristan de Beaufremont), Sara Giraudeau (Clotilde de Beaufremont), Audrey Lamy (Anne de Beaufremont), Myriam Charleins (Astrid), Yvonne Catterfeld (La Princesse), ...




Synopsis :

1720. Après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné doit s’exiler à la campagne avec ses six enfants. Parmi eux se trouve Belle, la plus jeune de ses filles, joyeuse et pleine de grâce. Lors d’un éprouvant voyage, le Marchand découvre le domaine magique de la Bête qui le condamne à mort pour lui avoir volé une rose. Se sentant responsable du terrible sort qui s’abat sur sa famille, Belle décide de se sacrifier à la place de son père. Au château de la Bête, ce n’est pas la mort qui attend Belle, mais une vie étrange, où se mêlent les instants de féerie, d’allégresse et de mélancolie.

Mon avis :

La Belle et la Bête doit être mon conte favori, d'ailleurs j'attends avec impatience le nouveau film Disney de 2017 qui reprendra le classique de 1991, avec Emma Watson dans le rôle de Belle. Afin de patienter jusque mars 2017, et histoire de me replonger dans l'univers et l'histoire de la Belle et la Bête, j'ai décidé de découvrir ce film.

La Belle et la Bête m'aura laissé un sentiment mitigé. Visuellement, le film est très beau. J'ai rarement vu un film français aussi beau : les décors (la forêt enchantée, le château de la Bête, les étendues vertes et sauvages autour du château, le manoir des Beaufremont, ...), les costumes, les couleurs, l'omniprésence des roses, la musique baroque, également les effets spéciaux, les prises de vues et mouvements de caméra. Une vraie réussite au niveau visuel ! J'ai été éblouie, transportée dans un autre siècle !


Léa Seydoux dans le rôle de Belle
Cependant, si le film est visuellement magnifique, le film souffre de par son scénario moins convaincant, ce qui est dommage car ce conte est une histoire magnifique et qu'avec un scénario mieux exploité, ce film aurait pu être parfait. On a, par exemple, du mal à comprendre l'attirance amoureuse de la Belle envers la Bête. Pendant une bonne partie du film, leur relation n'avance guère. On voit beaucoup la Belle résister, tenir tête, gronder, fuir, être insolente envers la Bête. Les seuls moments d'intimité entre eux se résument à deux scènes : la scène de la danse et la scène où Belle veille sur la Bête, mourante. Il n'y a pas d'évolution dans leur relation, ou plutôt si mais c'est vite exploité, à un point où l'on ne comprend pas ce changement de sentiments. Même la scène de danse était plutôt une chose que Belle a bien voulu accorder à la Bête, en échange de quelques jours avec sa famille, pas parce qu'elle le désirait vraiment. On a également l'impression que si Belle revient à la fin vers la Bête (après que celle-ci ait accepté qu'elle retourne quelques jours dans sa famille), c'était plus par culpabilité (car des gens peu honnêtes se sont infiltrés dans le château par la faute de ses frères). Lorsque Belle voit la Bête mourante, lorsqu'elle voit ses frères transporter la Bête, mortellement blessée, lorsqu'elle lui avoue l'aimer, je n'ai ressenti aucune émotion, rien qui ne me paraisse sincère ou vibrant. Juste des paroles répétées. Je n'ai rien vu de convaincant dans ses émotions (ou le peu d'émotions, c'est comme ça que je l'ai ressenti) sur l'expression de son visage. Il y a déclaration d'amour de Belle mais elle semble sortir de nulle part, comme si les scénaristes venaient de se rappeler que la Belle devait être amoureuse. Quant à la Bête, s'il semble vouloir que les choses évoluent entre lui et Belle, on a parfois l'impression que c'est pour mettre un terme à la malédiction qui le pèse, qu'il voit en Belle sa femme décédée, qu'il aime toujours sa femme. Leur amour, leur romance demeurent quasi-inexpliqués, et c'est dommage.

Cette faiblesse scénaristique, pourtant, ne concerne que la relation Belle/Bête car le début de l'histoire jusqu'à l'arrivée de Belle dans le château de la Bête, ainsi que les flash-back sur le passé de la Bête sont réussis et captivants. Ce fut intéressant de voir la déchéance des Beaufremont au début du film alors qu'ils doivent s'adapter à une vie plus modeste, de connaître cette famille dans laquelle Belle vit, tout comme ce fut intéressant de connaître la vie de Bête, avant sa transformation. Même si j'avoue que la partie de l'histoire sur la famille de Belle et sur les flash-back de la Bête prennent une grande partie du scénario, au détriment de l'histoire d'amour censée se mettre en place. Le film a tendance à plus montrer tout ceci plutôt que d'accentuer sur la relation Belle/Bête et l'évolution de leurs sentiments, ce qui est quand même le cœur de l'histoire. Mais j'ai beaucoup apprécié connaître la vie passée de la Bête, comprendre le pourquoi du comment. Voir la Bête, ce beau jeune homme plein de vitalité et de fougue, fou amoureux de sa femme, obsédé à l'idée de capturer la biche dorée qui hante ses forêts [spoilers] au final, j'ai été surprise, bien que je n'aurais pas du l'être car biche dorée = fée ou personnage enchanté, que la biche dorée soit la princesse/épouse de la Bête et que sa mort accidentelle, par la main de son époux, ait déclenché la malédiction de la Bête. Cette version de la malédiction de la Bête est originale et bien trouvée ! [/spoilers]

Vincent Cassel dans le rôle de la Bête

Concernant les personnages, pas grand chose à dire, les sœurs de Belle sont sans profondeur, les frères quant à eux m'ont paru sans intérêt jusqu'à ce qu'ils remontent dans mon estime vers la fin du film, les personnages de Belle et la Bête souffrent beaucoup de leur manque d'histoire d'amour, sans ça l'idée d'une Belle un peu rebelle, insolente envers la Bête, plus modeste dans ses goûts, moins frivole, et d'une Bête qui souffre, un peu moins menaçante et têtue, aurait pu être intéressante. Sinon, des scènes d'action appréciables, et même réussies, notamment avec la scène de l'attaque au château de la Bête [ l'idée des compagnons de la Bête, transformés en statues de pierre géantes, qui protègent le château contre les intrus, c'était bien trouvé ! ]

Malgré l'énorme défaut du film qui est l'absence d'émotion et d'une histoire amour sincère qui évolue, ce film reste agréable à regarder, d'autant plus qu'il est visuellement réussi, et que c'est quand même beau de voir qu'en France, on ne produit pas que des comédies ou des polars, mais que l'on touche aussi au fantastique.