vendredi 7 août 2015

Le ver à soie (T.2) - Robert Galbraith.

Quatrième de couverture :

Quand l'écrivain Owen Quine disparaît dans la nature, sa femme décide de faire appel au détective privé Cormoran Strike. Au début, pensant qu'il est simplement parti s'isoler quelques jours comme cela lui est déjà arrivé par le passé, elle ne demande à Strike qu'une seule chose : qu'il le retrouve et le lui ramène. Mais, sitôt lancée l'enquête, Strike comprend que la disparition de Quine est bien plus inquiétante que ne le suppose sa femme.

Le romancier vient en effet d'achever un manuscrit dans lequel il dresse le portrait au vitriol de presque toutes ses connaissances. Si ce texte venait à être publié, il ruinerait des vies entières. Nombreux sont ceux qui préféreraient voir Quine réduit au silence. Lorsque ce dernier est retrouvé assassiné dans de mystérieuses circonstances, la course contre la montre est lancée. Pour mettre la main sur le meurtrier un tueur impitoyable, tel qu'il n'en a encore jamais rencontré dans sa carrière, Strike va devoir d'abord percer à jour ses motivations profondes.


Mon avis :

Cela fait un bon bout de temps que j'ai lu ce livre, donc j'ai oublié pas mal de choses mais je tâcherais quand même de faire une bonne chronique ! Alors, les œuvres de Robert Galbraith sont des livres que je n'aurais jamais touché et encore moins fait attention s'il n'avait pas été révélé au grand jour que Robert Galbraith est en fait une femme répondant au doux nom de JK Rowling... Mais je remercie le responsable pour sa petite bourde qui aura révélé au monde que sous ce pseudonyme se cachait la célèbre auteur d'Harry Potter car je serais passé à côté de livres fort prometteurs et intéressants ! Je ne l'aurais pas cru au départ, mais je me suis attachée à Cormoran Strike, sa jeune secrétaire Robin et les enquêtes criminelles concoctées par notre chère Jo qui ne manquent jamais de me passionner.

Dans cette nouvelle aventure, nous quittons le monde impitoyable de la mode pour entrer dans le monde tout aussi tumultueux de l'écriture ! Cormoran Strike est en effet chargé de retrouver Owen Quine, écrivain qui a tout bonnement disparu sans laissé de trace. Alors que tout laissait penser que l'écrivain est parti pour s'isoler, plus on s'enfonce dans l'enquête et plus les personnages découvrent que cette disparition est plus inquiétante qu'on ne le présageait au départ (les personnages en tout cas, les lecteurs savent très bien qu'une banale histoire de disparition, sans rebondissement, ne donne pas un roman à 739 pages). Le romancier avait en effet de publier un manuscrit, Bombyx Mori, dans lequel il règle ses comptes auprès de ses connaissances en dressant d'elles un portrait loin d'être flatteur ! Ce manuscrit polémique, s'il venait à être publié, mettrait dans l'embarras tout l'entourage de l'écrivain. De nombreuses personnes auraient intérêt à ne pas voir le texte publié et à faire disparaître l'écrivain, et l'affaire prend une tournure plus macabre et inquiétante lorsque l'écrivain est retrouvé...

Prenante et sordide. Ce sont les mots qui me viennent à l'esprit en me remémorant l'affaire Bombyx Mori. Cette enquête me fascina et m'intrigua plus que celle de L'Appel du Coucou, peut-être parce que je préfère le monde de l'écriture à celui de la mode, ou que je préfère mes enquêtes policières sombres ? Car il faut savoir que le contexte de l'enquête est malsain, voire assez gore (je pense notamment au moment où l'on retrouve le corps de l'écrivain dans des circonstances... peu appétissantes, et non ce n'est pas spoiler car les éditions Grasset l'ont fait dans la quatrième de couverture !). Attention aux âmes sensibles donc, car il y a des détails qui peuvent choquer ou dégoûter à la lecture, y compris des extraits du fameux roman d'Owen Quines ! N'allez pourtant pas croire que j'aime quand c'est gore, juste que j'ai trouvé cette enquête plus sombre que la précédente et plus prenante, et qu'il me tardait de découvrir pourquoi (Bombyx Mori bien-sûr, mais quoi d'autre ?), comment et qui pouvait être aussi dérangé et acharné pour commettre de telles choses. Et Jo nous mène bien par le bout du nez entre fausses pistes et informations données au compte goûte... assez pour qu'on se fasse une idée mais peu à la fois pour que le grand final nous soit véritablement dévoilé le moment venu ! Il faut donc, comme pour chaque enquête de notre bon vieux Strike, aimer les policiers avec minuties, ne pas être pressé car nous avons le suspense jusqu'au bout (et surtout que Cormoran opère un peu "à l'ancienne" dans le sens où ce n'est pas Les Experts Ajouter-Un-Nom-de-Ville-Américaine, NCIS ou autres séries policières où les protagonistes utilisent la technologie pour avoir des indices, dans les enquêtes concoctées par Jo, ce qui compte surtout est le sens de la déduction et les capacités d'analyse) !

Cormoran et Robin
[ Source ]


Les tracas et aventures personnels des personnages principaux apportent cependant un côté léger au roman, et contrebalancent un peu le côté sombre et sordide de l'enquête. Robin est de plus en plus mise en avant, elle prend plus d'assurance et d'importance dans cette histoire, ce qui m'a beaucoup plu. Elle veut montrer qu'elle n'est pas que la secrétaire et qu'elle veut participer à l'action ! Nous assistons également au développement de la relation entre Robin et Cormoran, qui me fait me poser des questions (une romance, ou du moins des sentiments naissants chez l'un ou l'autre, ou les deux, ou simplement un lien platonique qui grandit et se renforce ? Résoudre des enquêtes ensemble et tomber sur des cadavres, peut-être qu'il n'y a rien de tel pour renforcer les liens !). En bref, leur relation ne cesse de s'étoffer et si pour le moment, nous voyons entre eux une complicité professionnelle et une amitié sincère qui grandit au fur et à mesure des jours et des épreuves, il y aura toujours en moi un gros point d'interrogation sur la nature de leur relation et surtout de la façon dont elle va évoluer (il y a une différence d'âge entre Cormoran et Robin, mais ce n'est pas ça qui a déjà empêché JKR par le passé, il suffit de voir Remus et Tonks dans Harry Potter qui ont au moins une dizaine d'années de différence !)

Ce roman ouvre aussi la porte dans l'intimité de Cormoran en introduisant sa famille, ses tracas sentimentaux avec une ex qu'il aime toujours et va se marier mais qui reprend contact avec lui, notamment. Ce roman est donc aussi une occasion pour nous de mieux découvrir ses personnages et notamment les principaux. Jo excelle dans la psychologie de ses personnages, elle leur donne beaucoup de profondeur. Le personnages bien décrits et la psychologie bien détaillée, même les personnages secondaires ou tertiaire peuvent devenir attachant, je pense notamment à la jeune Nina qui ne trouve qu'il n'y a rien de plus excitant que les détectives ronchons et de connaître les détails les plus intéressants dans une enquête criminelle.

Ce livre nous offre également une plongée dans le monde fermé et mystérieux de l'écriture, de l'édition et des cercles littéraires, en nous présentant une image peu reluisante de ce monde qui est parfois caricaturé par l'auteur au vu de certains clichés : les auteurs frustrés et avides de gloire, les auteurs à succès, les éditeurs scrupuleux, ... un monde que JKR connaît bien, mais que j'espère rendu dur et cynique pour les besoins du roman !

Extrait :

« Vous êtes Cormoran Strike ? Demanda la voix d'une jeune fille de bonne famille, à neuf heures moins vingt le lendemain matin.
- En effet.
- Je suis Nina. Nina Lascelles. Dominic m'a donné votre numéro.
- Ah oui. »
Strike se tenait torse nu devant le petit miroir qu'il suspendait généralement près de l'évier de la cuisine, la salle de bains étant trop sombre et exiguë pour qu'il s'y rase. D'un geste de l'avant-bras, il essuya la mousse autour de sa bouche avant de poursuivre :
« Vous a-t-il expliqué de quoi il s'agit, Nina ?
- Oui, vous voulez infiltrer la fête d'anniversaire de Roper Chard.
- « Infiltrer » … le terme est un peu fort.
- Mais il rend la chose beaucoup plus excitante.
- Je vous l'accorde, dit-il en souriant. J'en conclus que vous êtes partante ?
- Plutôt deux fois qu'une. Trop marrant. Puis-je vous demander pourquoi vous voulez les espionner ?
- Encore un mot excessif...
- Cessez de gâcher mon plaisir. Je crois que j'ai deviné.
- Dites toujours », fit Strike en sirotant son thé, les yeux tournés vers la fenêtre. Après une fugace apparition du soleil, le brouillard était revenu.
« Bombyx Mori. J'ai raison ? J'ai raison, n'est-ce pas ? Dites !
- Oui. »
Nina poussa un petit cri de ravissement.

11.

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