lundi 29 septembre 2014

La Maison de Soie - Anthony Horowitz.

L'auteur : Né le 5 avril 1955, Anthony Horowitz est un écrivain anglais, auteur de romans policiers pour la jeunesse ainsi que de pastiches holmesiens tels que La Maison de Soie ou Moriarty. Il est également scénariste à la télévision anglaise pour des feuilletons policiers (notamment des adaptations des aventures d'Hercule Poirot ou celles de l'inspecteur Barnaby).

Quatrième de couverture :

Un an après la mort de Sherlock Holmes, Watson entreprend de consigner l’une des enquêtes les plus noires qu’il a menées avec le célèbre détective... Londres, novembre 1890. Edmund Carstairs, marchand d’art, craint pour sa vie. Faute de preuves, Holmes ne peut qu’attendre. Le lendemain, ce n’est pourtant pas d’un meurtre, mais d’un vol dont Carstairs est la victime. Holmes l’avait prévu. Ce qu’il ne pouvait imaginer, en revanche, c’est qu’en confiant à Ross, l’un des Irréguliers de Baker Street, la charge de monter la garde, il l’envoyait en fait à la mort. Et qu’avec ce meurtre horrible, c’était ce que Londres a de plus sordide qui se révélait aux deux enquêteurs... « La partie reprend. » Et cette fois, Holmes et Watson n’en sortiront peut-être pas indemnes.

Mon avis :

Ce n'est plus un secret pour personne (du moins ceux qui suivent ce blog, d'ailleurs je tiens à remercier et féliciter ceux encore présent malgré mes nombreuses absences et le peu de mises à jour. Si vous êtes encore là, sachez que je ne vous lâcherai pas de sitôt !), je suis un peu holmesienne dans l'âme car Sherlock Holmes est l'un de mes grands amours littéraires, et ce billet ne sera pas le dernier que je ferais sur les aventures du détective et de son docteur et chroniqueurs. Pourtant je suis relativement méfiante des pastiches, j'ai toujours peur qu'ils dénaturent l'univers et les personnages (surtout Watson, bien souvent maltraité et écrit comme un gros bouffon idiot). Ainsi, lorsque La Maison de Soie est sorti, je ne me suis pas jetée dessus. Déjà lorsqu'on voit les critiques qui présentent l'auteur comme étant le digne héritier de Sir Arthur Conan Doyle, cela me donnait plus envie de reculer qu'autre chose. C'était comme comparer Stephenie Meyer à JK Rowling, quand on sait que les deux auteurs et œuvres respectives n'ont rien en commun. Au final, j'ai quand même tenté la lecture un moment où j'étais d'humeur à lire du Holmes. 

Verdict ? Plutôt agréablement surprise car l'auteur a voulu se faire le plus fidèle possible au canon holmesien pour nous pondre une intrigue plutôt intéressante et intrigante ! Une enquête intéressante qui flirte avec le danger, glauque, morbide et intelligente. On reste axé sur la logique, la psychologie et la science de la déduction. Bien que glauque, cette enquête n'est pas vraiment violente et gore, et l'horreur réside davantage dans le comportement des coupables, de leur psychologie. Nous avons une intrigue prenante, même si j'avais deviné quelques lignes, j'ai été dans le brouillard jusqu'aux révélations finales. Une intrigue à la hauteur donc !

Parlons un peu des personnages ! On reconnaît bien notre Holmes : ses méthodes de déduction, ses déguisements, son caractère parfois froid et abject, sa façon de doucement corriger Watson quand il fait une fausse déduction, et ses autres traits de caractère qui font de lui un personnage complexe et attachant. J'ai été aussi agréablement surprise de voir un bon Watson : celui qui n'est pas une lumière mais un faiseur de lumière, celui qui ne manque pas de courage et de volonté, le gentleman, celui qui suivrait toujours Holmes car cette aventure est narrée par Watson, et dévoilée par ce dernier des années après les faits, dans laquelle on peut deviner son amitié pour Holmes, comment il relate ses manies et ses habitudes. Le personnage de Watson et l'amitié entre les deux personnages sont ainsi plutôt bien respectées, pour mon plus grand plaisir.




 

Autres couvertures (en versions française et anglophone) qui ont été réalisées pour le roman


Respect du canon holmesien donc ! L'histoire reste raisonnable : des méchants conventionnels, pas de grosses révélation, pas d'intrigue violente, on voit bien que l'auteur n'a pas voulu prendre de risques. Il y a quand même de quoi satisfaire les fans avec les références et clins d’œil au canon, comme par exemple l'évocation de plusieurs nouvelles et romans de Doyle, l'utilisation d'ingrédients déjà vus dans le canon mais qui restent bien sympathique à (re)découvrir comme Holmes et ses déguisements qui parviennent à berner Watson, des petites apparitions de Mycroft, Lestrade qui admire Holmes, la présence des Irréguliers de Baker Street...

Nous avons cependant des bons rebondissements, une enquête intéressante, des scènes amusantes ou prenantes : la visite de Mycroft et la conversation entre les deux frères qui préfèrent utiliser la science de la déduction plutôt qu'un banal "comment vas-tu ? quelles nouvelles ?", ou ma préférée : la rencontre entre Watson et un certain professeur de mathématique [spoiler] le Napoléon du crime, Moriarty, qui avoue lire et apprécier les récits des aventures de Sherlock Holmes racontées par notre bon docteur. Vous aussi vous imaginez Moriarty attendre avec impatience qu'une nouvelle aventure sorte dans le Strand, et la lire attentivement, un peu comme un fanboy ? Je ne sais pas vous, mais j'adore l'image ! ]

Cette histoire est un bel hommage à Doyle, et au canon holmesien. Il y a respect de l'oeuvre avec une petite emprunte de modernité. On est plongé dans le Londres du XIXe siècle, entre les parties sombres de Londres et les côtés riches des bourgeois, où sont dépeint les états d'esprit, les endroits, les relations entre les personnages. C'est plutôt agréable à lire et c'est dynamique.

Extrait :

- Mon cher Sherlock, s'exclama Mycroft quand il entra en se dandinant. Comment vas-tu ? Tu as perdu un peu de poids, récemment, je remarque. Mais je suis content de te voir redevenu le même qu'avant.
- T'es-tu remis de ta grippe ?
- Elle n'était pas forte du tout. J'ai apprécié ta monographie sur les tatouages. Écrite la nuit, évidemment. As-tu souffert d'insomnie ?
- L'été a été désagréablement chaud. Tu ne m'avais pas dit que tu avais acheté un perroquet.
- Pas acheté, Sherlock, emprunté. Docteur Watson, c'est un plaisir. Même si cela fait presque une semaine que vous n'avez pas vu votre épouse, je gage qu'elle va bien... Tu reviens tout juste du Gloucesteshire.
- Et toi, de France.
- Mrs. Hudson s'est absentée ?
- Elle est rentrée la semaine dernière. Tu as une nouvelle cuisinière ?
- La précédente a démissionné.
- À cause du perroquet.
- Elle a toujours eu un pied levé pour partir.
Cet échange se produisit à une telle vitesse que j'eus l'impression d'assister à une partie de tennis, sans tourner sans cesse la tête tantôt vers l'un, tantôt vers l'autre. Mycroft nous invita à prendre le canapé et installa sa propre masse sur une chaise longue.

IX. L'avertissement.

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