samedi 23 août 2014

L'Iliade - Homère.


L'auteur :

Homère, (du grec ancien Ὅμηρος / Hómêros), est le plus ancien poète qui nous soit connu. Aède (poète) de la fin du VIIIe siècle av JC, on lui reconnaît la paternité de L'Iliade et L'Odyssée, deux longs poèmes appartenant au genre de l'épopée, et qui ont longtemps été transmis par voie orale, de génération en génération. Le mystère plane encore aujourd'hui autour d'Homère : on ignore sa ville natale, sa date de naissance, sa date de mort, la paternité de ses œuvres, jusqu'à son existence même puisqu'il est difficile de savoir avec certitude si Homère fut un une personnalité historique ou plusieurs auteurs autour d'une seule identité construite ! Néanmoins, la place d'Homère dans la littérature grecque et même antique reste majeure, et qu'il est le principal représentant du genre épique, et qu'il a traversé les siècles de par ses deux œuvres magistrales.

Emprunt bibliothèque fac.


Quatrième de couverture :

Prélude, chant 1 - "Chante, déesse, la colère d'Achille, le fils de Pelée ; détestable colère, qui aux Achéens valut des souffrances sans nombre et jeta en pâture à Hadès tant d'âmes fières de héros, tandis que de ces héros mêmes elle faisait la proie des chiens et de tous les oiseaux du ciel - pour l'achèvement du dessein de Zeus. Pars du jour où une querelle tout d'abord divisa le fils d'Atrée, protecteur de son peuple, et le divin Achille."

Mon avis :

Alors, L'Iliade. Toute une histoire. Je connaissais les grandes lignes de l'histoire sans l'avoir lu et après l'avoir souvent croisé en cours. J'ai lu quelques critiques sur ce livre, et à leur lecture et au vu de certaines adaptations de l’œuvre, Hector me paraissait être le chouchou de beaucoup, et Achille vu comme une petite brute. Au final, et même si j'ai eu du mal à entrer dans le livre (mais ça, c'est ma faute, lire le premier chapitre, puis m'en désintéresser, tenter une nouvelle lecture alors que je n'étais plus d'humeur, puis comme pour L'appel du coucou, je me suis forcée à lire 50-100 pages tous les jours puis j'ai fini par m'attacher à l'histoire, son écriture et ses personnages), j'ai fait une excellente découverte et j'ai été surprise par l'écriture et certains personnages !



Achille pansant Patrocle,
kylix, 500 av JC.
Tout d'abord, L'Iliade, qu'est-ce que ça raconte ? On connaît tous, au moins, l'origine de la guerre: La déesse de la discorde, n'ayant pas été invitée au mariage de Pélée et Thétis (les parents d'Achille), décide de se venger en donnant à Pâris, prince de Troie, une pomme d'or qu'il devait donner « à la plus belle ». Trois déesses, Héra, Athéna et Aphrodite, se disputent la pomme et proposent à Pâris de le bénir avec ce qu'il souhaite s'il offrait la pomme à l'une d'entre elles. Pâris choisit Aphrodite et pour le remercier, la déesse lui offre l'amour d'Hélène, la plus belle femme du monde grec. Problème : Hélène est mariée au roi de Sparte, Ménélas. Cela n'a pas l'air de gêner Pâris plus que ça puisqu'il kidnappe la belle et l'emmène à Troie. Furieux, Ménélas et les grecs déclarent la guerre et décide d’assiéger Sparte. La guerre dure depuis dix ans lorsque commence le récit de L'Iliade et elle ne s'annonce pas bien pour les Grecs. En effet, obligé de rendre une femme qu'il a kidnappé d'un temple, Agamemnon – frère de Ménélas – décide de ravir à Achille une femme qu'il s'était approprié. Achille, obligé d'obéir, laisse donc partir la belle Briséis mais décide, en représailles, de ne plus prendre part au combat. C'est ainsi qu'il se retire du combat, suivi de son peuple, les Myrmidons, et son ami Patrocle. Grosse erreur que ce fut pour Agamemnon car Achille, fils d'une déesse et béni par les dieux, était le héros des Grecs et leur soldat le plus fort. Du côté des Troyens, le héros, c'est Hector, prince de Troie et frère de Pâris, béni par le dieu Apollon qui l'aide à sortir indemne des combats.

Évidemment, sans Achille, la guerre est un fiasco pour les Grecs et leurs alliés qui se font écraser à plate couture. Alors que les Troyens gagnent du terrain, les Grecs tentent de persuader Achille de revenir au combat mais rien n'y fait... Il faudra un coup du sort funeste pour persuader Achille de reprendre les armes... je m'arrête là, parce que je n'ai pas envie de raconter tout le livre et risquer de « spoiler » (même si c'est une histoire vieille comme le monde et que beaucoup, s'ils sont intéressés par la mythologie, devraient connaître ^^). Aussi, L'Iliade prend fin avant la fin de la guerre de Troie, donc si vous voulez lire cette œuvre, ne vous attendez pas à lire l'épisode du cheval de Troie, ni de voir beaucoup Ulysse qui, s'il fait bien parti du lot qui combattent contre les Troyens, n'est pas beaucoup présent et ne fait pas grand chose à part jouer les sages et se prendre des coups pendant les batailles... Non, ici, les héros de l'histoire, ce sont : Hector, Achille, Ajax, Patrocle majoritairement ainsi que les divinités qui sont omniprésentes. Il y a celles qui défendent les Grecs (Héra et Athéna, parce que Pâris ne leur a pas donné la pomme, donc les deux vengeresses veulent lui faire la peau, Poséidon aussi à un moment met en déroute les Troyens) et celles qui défendent les Troyens (Apollon, Aphrodite parce que elle, elle a eu la pomme), et Zeus dans tout ce bazar qui espère être neutre mais qui penche parfois en fonction d'un camp à la demande d'un personnage, même si la vérité c'est que tout est déjà prévu d'avance pour lui. Il sait qui va mourir, qui va faire quoi... donc s'il intervient, c'est pour s'assurer du bon déroulement des choses. Car tout est prévu d'avance !

Mais bon, autant dire que c'est un joyeux bordel et que, même si les hommes se battent, tout vient de la volonté des dieux. Au fur et à mesure que je lisais les combats, il me paraissait de plus en plus clair que c'étaient les dieux qui menaient la danse. L'un pouvait ramollir le courage d'un soldat, l'autre pouvait exciter un autre soldat à la bataille, ou lui souffler quoi faire, ou dévier un javelot de sa trajectoire d'un souffle. J'ai souvent eu l'image de dieux se servant des soldats comme de poupées avec lesquelles on joue à la guerre avec d'autres personnes et qui essayait de gagner. Les dieux se battent entre eux, et la guerre de Troie est leur champ de bataille. S'ils cherchent à faire gagner un camp, ce n'est pas pour les hommes, c'est pour eux-même. Héra et Athéna cherchent à se venger, Apollon et Aphrodite veulent protéger leurs chouchous, et Héra et Athéna ne manquent pas d'ardeur, et Héra est rusée et cruelle, capable de jouer des tours, pour tromper son mari qui veille à ce que tout se déroule comme prévu. Puis d'un côté, c'est amusant de les voir se disputer, c'est comme une dispute de famille mais en pire. Athéna fait pleurer Artémis qui va pleurer sur les genoux de papa, Athéna est furieuse parce qu'elle n'est plus la préférée de papa, Arès et Athéna se disputent comme frère et sœur, disputes conjugales entre Zeus et Héra... un joyeux capharnaüm chez cette famille très dysfonctionnelle!

Pour revenir aux mortels, arrogants et belliqueux comme les dieux, certains se révèlent
Couverture de l'édition
jeunesse, que  j'aime beaucoup.
être des êtres hors du commun (Hector, Achille, Patrocle...), ils ont des caractères et des qualités très humaines, mais il y a chez eux quelque chose de divin qui fait qu'ils dépassent les autres hommes, par leur force, leur ingéniosité... Patrocle, alors absent sinon discret pendant la première partie du livre, se révèle être un homme qui possède l'amitié et l'extrême confiance d'Achille, le seul que le héros grec voudra bien écouter, mais qui est aussi un combattant hors pair et très efficace [ il faut plusieurs divinités pour permettre à Hector de le tuer, c'est pour dire ! ], Achille s'est révélé être quelqu'un d'attachant, et de sensible, mais aussi redoutable. Hector m'a parfois semblé arrogant mais il est difficile de rester de marbre quand on voit quel brillant chef de guerre il fait, et son attachement à sa famille, malgré les bêtises de Pâris. Ah, en revanche, aucune sympathie pour Pâris, surtout au début du livre... et je déplore le peu de présence d'Ulysse, mais il se rattrape dans l'Odyssée, et malgré leurs défauts j'ai bien aimé Ménélas et Agamemnon, ainsi que ce pauvre roi Priam, ainsi qu'Andromaque. Hélène m'a laissé parfaitement indifférente.


J'ai été agréablement surprise par l'écriture d'Homère au fur et à mesure de ma lecture car Homère a une écriture très imagée. Il peut parler des éléments (une tempête par exemple) ou d'animaux violents ou majestueux pour comparer, pour refléter l'intensité d'un combat, les gestes d'un personnage, la violence des combats, la mort... c'est très intéressant et poétique à la fois, ce qui devait être très bien rendu à l'oral, et je me demande si je vais retrouver cette même écriture imagée dans L'Odyssée. Voici d'ailleurs un exemple :


Comme l'eau de la mer, enflée par les vents qui soufflent avec véhémence du milieu des nuées, assiège une nef rapide et la couvre tout entière d'écume, tandis que le vent frémit dans la voile et que les matelots sont épouvantés, parce que la mort est proche ; de même le cœur des Achéens se rompait dans leurs poitrines.
(Chant XVI)

Il est d'autant plus intéressant de voir que de nombreux personnages sont suivis par un qualificatif : Héra aux bras blancs, l'ingénieux Ulysse, Athéné aux yeux de chouette, Achille aux pieds agiles, Diomède le dompteur de chevaux, Hélène à la chevelure dorée... J'ai été donc charmée par l'écriture, en même temps que l'histoire. Pourtant, Dieu sait à quel point ce livre a exigé de moi une bonne dose de concentration et de patience, surtout quand Homère nous raconte la (longue) généalogie d'un personnage, et les combats sont nombreux aussi.


Ce qui est logique car l'Iliade, ça parle de la guerre et pas n'importe laquelle, la guerre de Troie, mais pas que ! L'Iliade ne se limite pas qu'à raconter des batailles, car c'est aussi une histoire de soldats et des codes d'honneurs de la guerre et des règles à respecter : par exemple, quand un soldat en tue un autre, il prend son armure et ses armes comme trophées, mais il laisse le corps tranquille pour permettre aux camarades du défunt d'emporter le corps pour lui réserver les funérailles qu'il mérite car le respect aux morts et les funérailles sont très important dans le monde grec. Ne serait-ce que pour permettre au défunt d'entrer en un seul morceau dans le monde des morts, mais aussi parce que les Grecs organisent des fêtes, des jeux et des banquets en l'honneur du défunt [ exemple des funérailles de Patrocle ], mais le deuil est aussi assez spectaculaire : on s'arrache les cheveux, on pleure, on hurle, on se tape la poitrine... comme cela se faisait dans l'Antiquité grecque. Ce livre, c'est donc un moyen de comprendre un peu les mœurs du monde grec, même si ici c'est à la guerre et dans la mort, et aussi un peu la religion car les divinités sont omniprésentes et que les hommes les respectent et les craignent et font de nombreux sacrifices et offrandes. C'est donc aussi une histoire d'hommes (et femmes aussi) qui aiment et qui souffrent à cause de la guerre, qui sont confrontés à la perte d'un être cher [ Achille vis à vis de Patrocle, Priam et Andromaque pour Hector... ] Une véritable épopée tragique dans laquelle la destinée des hommes est tracée dès le début...

En résumé : Il m'a fallu beaucoup de patience et de concentration pour avancer dans cette épopée et l'apprécier, cette histoire s'est révélée être une véritable épopée tragique mais intéressante, avec des personnages et des héros hors du commun, qui aiment, qui combattent, qui souffrent. L'écriture d'Homère est très imagée et très appréciable, et nous permet, à travers son histoire, de nous révéler un peu du monde grec. Après, j'essaierai de voir vers quelle oeuvre me tourner pour lire la fin de la guerre de Troie, ainsi que l'épisode du cheval. Je terminerais mon avis avec cette citation que j'ai trouvé et qui, je trouve, résume bien l'oeuvre : "Pour vaincre à la guerre, il faut savoir tuer. Quant aux dieux, qu’ils prennent plutôt pitié des hommes et les laissent vivre en paix."

Extrait :

[...] La noire nuée de la douleur enveloppa Achille, et il saisit de ses deux mains la poussière du foyer et la répandit sur sa tête, et il en souilla sa belle face ; et la noire poussière souilla sa tunique nektaréenne ; et, lui même, étendu tout entier dans la poussière, gisait, et des deux mains arrachait sa chevelure. Et les femmes, que lui et Patrocle avaient prises, hurlaient violemment, affligées dans leur cœur ; et toutes, hors des tentes, entouraient le belliqueux Achille, et elles se frappaient la poitrine, et leurs genoux étaient rompus. Antiloche aussi gémissait, répandant des larmes, et tenait les mains d'Achille qui sanglotait dans son noble cœur.
Et le Nestôride craignait qu'il se tranchât la gorge avec l'airain.

Chant XVIII.


Ce billet est une participation aux :



5 commentaires:

  1. comme tu l'écris, c'est un joyeux bordel chez les dieux et à cause d'eux... même s'ils me faisaient parfois rire, je n'ai pas pu m'empêcher de les trouver pathétiques... :)

    Achille est un personnage que je n'apprécie pas d'ordinaire (à cause du traitement qu'il fait subir au cadavre de mon chouchou ! ^^), mais je dois avouer qu'il m'a beaucoup touchée dans certaines scènes et que mon avis a favorablement évolué sur lui (même s'il ne détrônera jamais Hector dans mon coeur !)

    et je suis d'accord avec toi concernant la couv de l'édition jeunesse... elle est très évocatrice ! ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je dois avouer que, malgré leurs fâcheuses manies de se mêler un peu trop des affaires des mortels, qu'ils étaient divertissants. Leurs petites (ou plutôt grosses) disputes familiales et leurs rivalités étaient... amusantes à lire, je ne m'étais pas attendue à les retrouver autant de fois en lisant L'Iliade, et de les trouver à la fois si mêle-tout, pathétique et amusants à la fois !

      Au contraire, j'ai de l'affection pour Achille, ainsi que pour Hector, mais celui pour qui j'ai le plus d'affection, c'est Patrocle, j'aime beaucoup sa relation avec Achille, ils sont si importants l'un pour l'autre que perdre l'autre est un désastre complet, je peux comprendre le parallèle qui s'est fait entre Achille/Patrocle et Alexandre/Héphaïstion :)

      Supprimer
  2. bonjour Marion
    un poètique coucou par ici du troubadour
    voici un classique de la littérature l’Iliade"

    bises et A+ d' Emmanuel

    RépondreSupprimer
  3. hello Marion
    un coucou du troubadour
    bises et A+ d' Emmanuel

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hello Emmanuel :) J'espère que tu vas bien et que la chaleur de ces derniers jours a été supportable. Je passerais sur ton blog cette semaine pour un petit coucou et commenter un peu les poèmes que j'ai manqué :) quant à celui-ci, j'espère poster petit à petit les derniers articles d'août puis ceux de septembre, mes mises à jours risquent d'être moins nombreuses maintenant que j'ai repris la fac, mais tant que je peux encore poster deux ou trois articles par mois, ça me convient.
      Bises et a+ !!

      Supprimer