mardi 29 avril 2014

Retour d'entre les morts !

Vous l'aurez remarqué, les mises à jour du blog se font de manière assez espacées, et les articles qui sont postés sont datés du mois dernier, c'est que j'ai été pas mal prise ces derniers temps et même depuis mon entrée en Licence 2 d'ailleurs, je n'ai eu ni le temps ni la motivation pour publier quoique ce soit.

Je lis toujours mais moins, et je n'ai pas forcément le temps ou le courage de poster mes articles à temps - ainsi ils sont datés à la date où ils auraient du être postés mais quand je retrouve le temps et la motivation pour pour terminer ces articles, il s'est bien passé plusieurs semaines et j'en ai honte car je voudrais me faire plus présente sur ce blog mais je ne voudrais pas non plus négliger mes études. Le temps libre que j'avais, je l'ai passé à écrire et j'ai aussi passé beaucoup de temps à procrastiner sur tumblr. A présent que mes partiels se sont terminés et que je suis dans l'interminable attente des résultats, c'est très, très flou, ainsi en fin mai je saurais si je vais survivre ou si je vais clamser. J'espère vivre pour voir ma Licence 3 à la rentrée 2014 et pour pouvoir m'occuper de ce blog que j'ai trop longtemps négligé. Ainsi, dans l'attente, je rattrape mon retard en articles. Ceux du mois d'Avril ont été postés (et je profite d'un instant pour dire que mon bébé, alias mon blog, a fêté ses six ans le 10 avril dernier !) et je me prépare pour ceux du mois de mai.

Je suis tout de même ravie que, malgré mes mises à jour assez irrégulières, certains habitués et visiteurs viennent visiter mon blog et pensent à laisser quelques commentaires. Sachez que j'apprécie beaucoup ce geste, d'ailleurs je ne tarderais pas à visiter les blogs de certains d'entre vous et de rattraper mon retard.


Merci pour vos visites et vos commentaires et votre fidélité qui aident ce blog à vivre. Merci beaucoup ;)

mercredi 23 avril 2014

Voltaire mène l'enquête (T.1) La baronne meurt à cinq heures - Frédéric Lenormand.



L'auteur :


Né en 1964, Frédéric Lenormand est un écrivain français, auteur de nombreux livres et séries de livres, essentiellement des romans policiers historiques, dont sa série Voltaire mène l'enquête, récompensée en 2011 par le prix Historia et le prix Arsène Lupin.











Quatrième de couverture :

Qui a osé assassiner la baronne chez qui Voltaire coulait des jours heureux ?
En ce froid février 1733, c'est la rue qui attend notre philosophe (ou pire, la Bastille !). Il lui faut donc retrouver le criminel sans délai avant que celui-ci ne s'en prenne à d'autres honnêtes gens - à lui-même, par exemple.

Heureusement, avec l'aide providentielle d'Emilie du Châtelet, Voltaire ne manque pas de ressources. Brillante femme de sciences, enceinte jusqu'au cou, celle-ci va l'accompagner dans son enquête où les subtilités féminines triompheront bien souvent de la philosophie. Ensemble, ils devront affronter de redoutables héritières en jupons, des abbés benêts et des flûtistes sanguinaires, décrypter des codes mystérieux, et surtout échapper à un lieutenant général de police prêt à embastiller Voltaire au moindre faux pas...

Mon avis :

Cela faisait un petit bout de temps que cette série me faisait envie... pour le peu de livres que j'ai lu de cette catégorie, le policier historique me séduit, et Voltaire est l'un des auteurs et personnages historiques qui m'intéressent le plus, et j'étais curieuse de voir ce que cette série « Voltaire mène l'enquête » pouvait offrir. Cela part déjà sur une bonne idée : Voltaire ayant déjà élucidé quelques affaires au nom de la justice et de la tolérance (je vous réfère à l'exemple de l'affaire Calas), je n'avais aucune peine à l'imaginer – même dans une fiction – à résoudre des affaires au nom de la justice et même de la philosophie. Ce genre de série me fait un peu penser à celle de Gyles Brandreth qui a choisi Oscar Wilde comme personnage pour résoudre des enquêtes.

J'avouerai ne pas être une experte sur le personnage de Voltaire mais je crois pouvoir dire que l'auteur a fait pas mal de recherches pour nous pondre un Voltaire plus vrai que nature, de le rendre crédible aux yeux des lecteurs, d'autant plus qu'il met en scène des personnages ayant réellement existé (ne serait-ce que Émilie du Châtelet partagea pendant quelques années la vie du philosophe). J'ignore dans quelle mesure les faits et informations historiques que nous avons sont véridiques, mais en tout cas le personnage de Voltaire est  tel que je me l'imagine, cependant avec un côté « drama queen », du style j'aime-bien-exagérer-les-choses. Il y a un côté décalé dans ce roman qui m'a plu. L'intrigue policière est bien menée, je ne vais pas le nier et j'ai pris plaisir à la suivre, mais le but premier de l'auteur est de divertir le lecteur avant tout et pour ce but, il ne manque pas d'outils ! Roman décalé certes mais bien mené tout de même. Une enquête pas trop glauque ou effrayante mais une énigme à résoudre pour laquelle Voltaire n'exclue par l'espionnage et l'usage de la philosophie.



Voltaire, portrait peint par
Nicolas de Largillière.
J'ai beaucoup aimé le trio qu'il formait avec l'abbé Linant, naïf, amateur de nourriture et attachant d'une certaine façon, et Émilie du Châtelet, marquise enceinte jusqu'au cou, mais une femme brillante, cultivée et bien intéressante qui n'hésite pas à taquiner Voltaire ou à lui répondre et dont la grossesse ne la gêne pas pour aider Voltaire dans l'affaire dans laquelle il a été mêlé (c'était soit ça, soit il se retrouvait à la rue... pire, la prison ! Quelle perte cela aurait été pour la philosophie, et la littérature française... La France du XVIIIe siècle ignorait la chance qu'elle avait d'avoir Voltaire !) L'auteur nous offre donc un roman décalé, c'est un aspect du roman qui m'a beaucoup plu, ainsi que la touche humoristique très appréciable... qu'elle fasse partie de la narration, des paroles des personnages ou des titres de certains chapitres, pour donner quelques exemples : Où l'on assiste à l'affreuse bataille de Voltaire et d'un ours habillé en comtesse (Chp.5), Voltaire répand son amour sur l'humanité et n'en reçoit en retour que des gifles (Chp.26), Où l'on apprend avec surprise que les philosophes ne savent pas voler (Chp.22), l'humour est présent pour le plus grand bonheur des lecteurs (et surtout du mien), je me suis régalée de l'humour présent dans ce roman, et également beaucoup du personnage de Voltaire qui ne manque pas de répartie. 

Intelligent, sarcastique, amoureux de la philosophie, très attaché à son bien-être, avec une tendance à exagérer parfois les choses, il m'a fait rire de nombreuses fois et ce fut un plaisir de le suivre tout au long du roman. Il s'accorde très bien avec Émilie qui nous paraît d'abord comme une femme raisonnable avant de s'affirmer, de montrer ses vraies couleurs. C'est un duo très dynamique, amusant malgré lui, et attachant, je me demande si Émilie est présente dans les autres tomes... La fin du roman laisse présager que oui, j'espère aussi revoir l'abbé Linant, et le lieutenant de police Hérault qui m'est devenu plutôt sympathique malgré son envie d'offrir à Voltaire un séjour à la Bastille.

L'écriture de l'auteur est fluide et agréable à lire, il a su reconstituer Paris telle que la capitale l'était à l'époque, avec les difficultés pour certains auteurs de se faire publier. Il a su également faire référence quelques éléments de la vie de Voltaire : l'écriture de ses Lettres Philosophiques, ses séjours à la Bastille, les difficultés de la censure, sa préférence pour lire les nouvelles dans les journaux hollandais, beaucoup plus francs que ceux français qui ont tendance à ne pas parler de tout... sur le coup, je me demande si ce sera également le cas dans les autres tomes, s'il compte faire intervenir d'autres personnages ayant coutoyé Voltaire comme les philosophes des Lumières ou encore Frédéric II de Prusse avec qui Voltaire a partagé une relation à la fois amicale et tumultueuse... 

Les chapitres sont courts pour la plupart, les personnages attachants pour les principaux, l'humour du roman est un délice à savourer, le roman est décalé mais l'enquête n'est pas négligée bien que j'avoue avoir eu du mal quelques fois, j'ai l'impression que c'était parfois chaotique et souvent entrecoupée, et j'ai eu du mal à différencier les suspects, qui est qui, qui fait quoi, qui avait quelle relation avec la victime... Sinon, la présence d'un petit fascicule à la fin du roman contenant une frise chronologique de la vie de Voltaire et des extraits de ses sources et de la correspondance de Voltaire sont très appréciables aussi et montrent bien le travail de recherche de l'auteur. En somme, je dirais avoir passé un bon moment avec ce roman et qu'il n'est pas exclue que je lise les tomes suivants prochainement...


Extrait :

Il ne fallut pas longtemps à Emilie pour comprendre que les accusations du philosophe n'étaient pas sans fondement. C'était bien à une messe janséniste qu'on l'avait menée, sous un Christ dont les bras à la verticale exprimaient l'idée que les élus seraient très peu nombreux. [...] Dans son sermon, le curé dressa une liste des mécréants voués aux flammes éternelles : les philistins, les sodomites, les adultères, les athées, les ministres du roi qui soutenaient la répression de la vraie foi. Quand il se mit à citer des noms, la marquise constata que celui de Voltaire suscitait des signes de croix nerveux.

Chapitre seizième. Où il n'est question que de saintes, d'anges et de papillons.

dimanche 20 avril 2014

Un monstre à Paris.

Un monstre à Paris
Réalisé par Bibo Bergeron
82 min/1h30min
Sorti en 2011.



Avec les voix de : Vanessa Paradis (Lucille), M (Francoeur), Gad Elmaleh (Raoul), Sébastien Desjours (Emile), Ludivine Sagnier (Maud), François Cluzet (préfet Maynott), Philippe Peythieu (Narrateur/Inspecteur Paté)









Synopsis :

Dans le Paris inondé de 1910, un monstre sème la panique. Traqué sans relâche par le redoutable préfet Maynott, il demeure introuvable... Et si la meilleure cachette était sous les feux de "L'Oiseau Rare", un cabaret où chante Lucille, la star de Montmartre au caractère bien trempé ?

Mon avis :

Un film vu par curiosité et parce que j'avais été séduite par les graphismes et que je ne demandais pas mieux qu'une petite virée dans le Paris du début XXe siècle.

Le film se présentait (du moins, dans la description) comme un remake du Fantôme de l'opéra, si cette histoire peut en effet présenter quelques similitudes avec la célèbre histoire de Gaston Leroux, souvent romancée avec un Erik devenu souvent par miracle séduisant, ne serait-ce que par la présence d'une belle chanteuse et d'un individu à l'aspect monstrueux qui se découvrent et s'entendent pas le biais de la chanson, les ressemblances s'arrêtent là. D'une part, nous sommes dans le Paris du début XXe siècle, en 1910 pour être exacte, nous sommes en plein Paris dont une partie est victime de la crue de la Seine (événement qui s'est bel et bien produit) et plus exactement à Montmartre. Une jeune chanteuse fait la renommée d'un petit cabaret bien sympathique, une visite d'un timide projectionniste et de son exubérant ami dans une serre du Jardin des Plantes en plein cœur de la nuit tourne à la catastrophe, et le préfet de Paris, qui se soucie davantage de ses propres ambitions que du bien être des Parisiens, cherche à grimper les échelons et à remporter les élections.


J'ai regardé ce film en ayant d'abord en tête que cette histoire était un remake du Fantôme de l'opéra, autant dire que j'étais déconcertée au début et que je ne voyais pas venir le sujet du fameux « Fantôme » et comment ce sujet allait être abordé car les choses s'installent à leur rythme, on entre doucement et sûrement dans l'histoire avant d'entrer dans le vif du sujet et qu'après, tout s'accélère, ce qui est un peu dommage. Visuellement, le film est beau. J'ai loin d'avoir eu la « claque visuelle » mais j'ai aimé le décors, les dessins, j'ai été séduite par l'ambiance de l'ancien Paris qui est plein de charme. Les musiques sont également très jolies. Je connaissais déjà la chanson La Seine de Vanessa Paradis et de M avant de découvrir ce film, mais les autres – bien que peu nombreuses (on est très loin de Frozen/La Reine des Neiges sur ce coup-là !) - sont cependant jolies. Les voix de M et de Vanessa Paradis se mêlent harmonieusement et, découvrant la voix de M via ce film, j'ai bien apprécié sa voix, très douce, très belle.

Mis à part l'antagoniste, le préfet Maynott, fourbe, ambitieux et hypocrite, les personnages sont assez attachants, en particulier l'exubérant Raoul, livreur à Paris avec son véhicule baptisé Catherine, exubérant, taquin mais bien sympathique. Émile, le timide et gentil projectionniste qui en pince pour la caissière du cinéma, et qui a parfois du mal à gérer Raoul tant les tempéraments sont différents. Lucille, la chanteuse de talent, avec un caractère bien trempé, qui n'hésite par à balancer des piques à Raoul, son ami d'enfance, sans oublier Francoeur, le « monstre » de Paris. J'avoue avoir été surprise d'apprendre ce qu'il était vraiment mais pour un monstre, il est attachant, fragile, sensible, il a bien du mal à se faire à notre société, mais il a une jolie voix, et le goût pour la musique ! Il a trouvé en Lucille une amie loyale et un bon compagnon de chant.

L'histoire en elle-même se laisse suivre et regarder, c'est loin d'être quelque chose de extra-supra-fantastique ou d'original, mais elle reste sympathique, j'ai pris plaisir à la suivre. Cependant, j'aurais préféré plus de profondeur dans les liens et l'histoire entre Lucille et Francoeur, j'ai l'impression qu'ils n'avaient pas assez de scènes pour leur faire justice. Ça reste quand même une belle histoire et j'ai aimé suivre les différents personnages, même le pauvre flic qui – au final – ne savait plus que faire du préfet Maynott, qui avait un côté assez comique au fond. J'ai aimé ce charme français qui se dégage de ce film d'animation. Ce n'est certes pas un film exceptionnel mais c'est un petit bijou agréable à regarder et une bonne production française (il faut bien être chauvin parfois...). Bref, le rythme est parfois un peu lent et l'histoire manque d'originalité mais le film se rattrape par ses beaux graphismes, sa bande-son, ses personnages.

Lucille et Francoeur.

vendredi 18 avril 2014

Agora.

Agora
Réalisé par Alejandro Amenabar.
126min/2h06min
Sorti en 2009 (Esp) / 2010 (France)




Avec : Rachel Weisz (Hypatie), Oscar Isaac (Oreste), Max Minghella (Davus), Michael Lonsdale (Théon), Ashraf Barhom (Ammonius), Sami Samir (Cyrille), Rupert Evans (Synesius), ...



Emprunt médiathèque.




Synopsis :

IVème siècle après Jésus-Christ. L'Égypte est sous domination romaine. À Alexandrie, la révolte des Chrétiens gronde. Réfugiée dans la grande Bibliothèque, désormais menacée par la colère des insurgés, la brillante astronome Hypatie tente de préserver les connaissances accumulées depuis des siècles, avec l'aide de ses disciples. Parmi eux, deux hommes se disputent l'amour d'Hypatie : Oreste et le jeune esclave Davus, déchiré entre ses sentiments et la perspective.

Mon avis :

En début de semestre, j'avais pris Sources religieuses de l'occident médiéval en option (ou UE Libre pour reprendre le vocabulaire de la fac), cependant il s'est avéré que cette option se déroulait en même temps que mes cours d'Archéologie. Il n'y avait plus aucun moyen. Je devais faire un sacrifice. Puisque je m'étais prise de passion pour mes cours d'Archéologie, j'ai choisi d'abandonner cette option pour en prendre une autre. J'avais le choix entre Latin et Cinéma. Ayant déjà eu du mal à retenir les termes latins de mes cours d'Histoire romaine du semestre précédent, j'ai choisi Cinéma où la seconde partie du programme consistait à nous faire découvrir le merveilleux monde des péplums, ce qui m'a permis de découvrir quelques classiques du cinéma (Ben-Hur, ou encore Les Dix Commandements de DeMille), parmi ces films, deux péplums plus récents. Gladiator étant un film dont la renommée ne se fait plus, je choisi de parler ici d'Agora qui est, selon moi, bien moins connu que Gladiator.

Agora, péplum espagnol de 2009, qui se situe dans l'Antiquité tardive et qui nous offre une approche différente du péplum. L'héroïne tout d'abord : Hypatie d'Alexandrie, loin d'être l'image de la femme fatale que l'on peut voir dans certains films, est une brillante philosophe qui enseigne à l'école d'Alexandrie. Libre, intelligente et féministe, Hypatie tente de déterminer, dans sa quête du savoir, les lois exactes qui régissent l'univers et de comprendre le cosmos (et de savoir notamment : si la Terre bouge, pourquoi l'homme ne le ressent-il pas, pourquoi ne suit-il pas les mêmes mouvements qu'elle ? Qui tourne autour de quoi ? Est-ce la Terre qui tourne autour du soleil ou l'inverse et pourquoi ?). 
Elle est certes une femme savante mais le réalisateur parvient à mettre en scène le côté studieux d'Hypatie sans ennuyer le spectateur.

Hypatie est, en effet, une femme savante qui ne jure que par sa liberté, la philosophie et sa quête de la connaissance du cosmos et qui n'aura de cesse de refuser de se soumettre à une religion. Ce qui n'est pas évident dans une ville en pleine mutation. J'ai aimé cette reconstitution d'Alexandrie, une ville qui vit, dans le film, une difficile transition entre la fin de l'époque romaine et le début du christianisme triomphant. On nous présente la fin d'une ère cosmopolite où cohabitent Grecs, Juifs, Chrétiens et Égyptiens. Théon, le père d'Hypatie, directeur de la grande bibliothèque d'Alexandrie, grand centre intellectuel à la renommée qui dépasse les mers. Hypatie, incarnée à merveille par Rachel Weisz, y est une professeur apprécié et renommé.



Hypatia, de C.W Mitchell, 1885
(Représentation de la mort
d'Hypatie d'Alexandrie)
Mais les chrétiens d'Alexandrie se battent pour montrer à quel point "leur" religion est meilleure et n'auront de cesse de chasser tout culte païen d'Alexandrie, quitte à recourir à la violence... ce qui, inévitablement, se produira. Ces scènes de combats entre les habitants d'Alexandrie concernant leur religion sont violentes, prenantes, chaotiques. Au fur et à mesure du film, le spectateur est témoin de la montée en puissance du christianisme à Alexandrie et comment les chrétiens ont réussi à dominer la ville grâce à la violence et le manque d'intervention du pouvoir temporel. Ces chrétiens profitent des temps de crises que subit Alexandrie pour prendre petit à petit le pouvoir. Du coup, on est témoin à des scènes de révoltes, de combat, de violence. C'est la guerre civile à Alexandrie, c'est dans ce contexte que l'on est témoin de l'ascension du patriarche Cyrille qui tente de maintenir le calme dans la ville de plus en plus en proie aux agitations. Ces scènes de violence sont cependant "soft", on est loin du bain de sang ! A l'inverse d'eux, Hypatie s'est abonnée à l'amour des sciences est opposée, par sa sagesse, à la démesure des chrétiens. Ici, la science et la raison, sont opposées à la passion et le fanatisme des chrétiens, ce qui nous offre une vision assez manichéenne du film. les méchants chrétiens qui provoquent violence, intolérance (contre les autres cultes, païens comme juifs) et obscurantisme (la bibliothèque d'Alexandrie qui finie ravagée, l'école est assiégée, on se bat sur le forum... et l'interdiction des chrétiens proclamant qu'une femme ne doit pas enseigner, ou étudier les sciences car étudier les sciences c'est "remettre en question la parole de Dieu") et qui utilisent la Bible comme prétexte pour justifier leurs actes. Cela change un peu des autres péplums où les chrétiens faisaient figure de martyr que l'on jetait dans la gueule des lions au cirque de Rome !

Outre l'aspect manichéen du film, l'esthétisme du film est intéressant et magnifique, avec des décors somptueux qui nous plongent dans l'Alexandrie de l'Antiquité tardive, sans nous offrir les clichés habituels sur l'orient, en revanche, une belle reconstruction historique avec cependant quelques anachronismes que seuls, je crois, des étudiants en histoire ou des historiens verront, sauf pour le fait où [ Hypatie découvre que la Terre tourne autour du soleil par le phénomène de l’élise, ce qui ne sera en vérité découvert qu'au XVIIe siècle ], et il faut savoir concernant l'histoire d'Hypatie est assez différente que celle du film [ certes, Hypatie meurt mais de façon plus violente que celle montrée dans le film, et elle n'est pas morte parce qu'elle a refusé de se convertir mais dans une émeute, parmi tant d'autres victimes et rien ne dit que les chrétiens sont derrière tout ça ] mais ce film aura été une occasion de me faire découvrir ce personnage historique intéressant et méconnu, l'attachement et l'admiration du réalisateur pour ce personnage se ressent, mais difficile de rester de marbre face à cette femme savante et courageuse.

On n'échappe pas à une histoire d'amour dans ce film : Oreste, un élève de la philosophe et Davus, son esclave, sont tous deux amoureux d'Hypatie, un peu en vain car elle a fait vœu de chasteté en se consacrant entièrement à la philosophie et à l'érudition. Elle se consacre pleinement à ses hypothèses et expériences pour comprendre les ellipses, tenter de comprendre si la Terre pourrait être en rotation autour du soleil sans qu'on ressente son mouvement... mystère qu'elle parviendra à découvrir dans le film mais dont le monde ne pourra prendre connaissance à cause des Chrétiens qui cherchent à retarder l'essor de la science par leurs dogmes et intolérance et leur volonté d'étouffer toute explication du monde qui diffère des dogmes, le réalisateur pointe du doigt la douloureuse vérité de l'Eglise qui, par le passé, a refusé les découvertes et retardé les expériences scientifiques qui diffèrent des dogmes de l'Eglise.

Les décors sont très convaincants, et la soundtrack n'est pas à négliger car elle est magnifique et souvent poignante, j'ai eu un coup de cœur pour Have you ever asked yourselvesWhat Do The Skies See et The Skies Do Not Fall. On trouve également une certaine poésie dans ce film : on voit l'espace, le ciel, les étoiles... ce qui nous donne un spectacle magnifique à contempler !


Hypatie donnant ses cours à l'école d'Alexandrie.