vendredi 21 février 2014

Le magicien des morts - F.E. Higgins.


Pin Carpue découvrira-t-il la vérité sur la disparition de son père, accusé de meurtre ? Percera-t-il le secret de Bénédict Pantagus, l'homme qui fait parler les morts Et reverra-t-il bientôt Juno, cette mystérieuse jeune fille dont les parfums ensorcellent. Pour Pin, le temps presse. Car, sur les bords du Foedus qui traverse cette ville de cauchemar, rôde le tueur à la pomme d'argent, en quête de nouvelles victimes. Et s'il croisait le chemin de Pin Et si ce tueur était son père ?





Je suis tombée par hasard sur ce livre, mis en avant sur un rayon de la médiathèque, et j'ai été immédiatement attirée par sa couverture avec ses couleurs sombres et ses motifs presque gothiques, avec les têtes de gargouilles et de lions qu'on a l'habitude de trouver sur les vieilles portes de grandes demeures. Après un rapide coup d’œil à la quatrième de couverture, je me suis décidée à l'emporter avec moi.

Au bout du compte, je me suis aperçue que ce livre était le second tome d'une série, Tales from the Sinister City, mais je m'étais quand même risquée à la lecture de ce roman. Heureusement, il n'a pas été nécessaire d'avoir lu le premier tome pour comprendre celui-ci. Je pense que cette série présente des histoires assez indépendantes les unes des autres et qu'elles ont un point commun : le lieu, à savoir la sinistre ville d'Urbs Umida, un endroit franchement repoussant et sinistre, avec un fleuve nommé le Foedus qui empeste tellement que son odeur suffirait à réveiller un comateux, et aux habitants miséreux, misérables et peu accueillants.

Le personnage de l'histoire, c'est Pin Carpue, un jeune garçon. Il se distingue d'une part par le petit travail qu'il pratique dans l'espoir de gagner un peu d'argent pour assurer sa survie : assistant de monsieur Gaufridus, croque mort, Pin est payé à surveiller les cadavres, veiller à ce que personne n'aille vandaliser les cadavres ou veiller à ce que le cadavre soit bien mort ; il s'agit de ne pas enterrer quelqu'un de vivant mais que l'on croit mort ! Pin se distingue aussi de par la sombre affaire de meurtre dans laquelle on mêle son père, accusé du meurtre de l'oncle Fabian. Le jeune Pin voit les regards malfaisants et méfiants des habitants de la ville se poser sur lui, persuadés de la culpabilité du père si rapidement accusé de par la disparition soudaine du père et à cause de la facilité : pourquoi chercher un coupable lorsqu'on en a un tout désigné ?

Les habitants d'Urbs Umida n'ont pas le beau rôle : dépourvu d'éducation, de compassion, ils se moquent ou dénigrent ceux qui sont différents d'eux, recherchent à tout prix les distractions... même les plus effrayantes ou horribles, comme les spectacles et créatures étranges exposées à l'auberge du Doigt Agile qui expose dans ce roman : enfermé dans sa cage, le Monstre Goulu, dont on ignore exactement à quoi il ressemble, si ce n'est qu'il est une créature effrayante, immonde, amatrice de chair... fraîche ou non, parfois presque humaine dans ses gestes ; ainsi que le magicien des morts, monsieur Bénédict Pantagus, qui se dit capable de réveiller temporairement les morts par des charmes et potions.

Pour rajouter à Urbs Umida, en plus de ses habitants peu accueillants et son aspect insalubre, des meurtres en série sévissent dans la ville, causés par celui qu'on nomme le tueur à la pomme d'argent (car il sévit avec une canne à pommeau d'argent), et dont on repêche le plus souvent les victimes dans le Foedus. Ce roman n'est pourtant ni un roman fantastique ni un roman policier. C'est un ouvrage qui se veut gothique dans son style, avec une écriture simple mais plaisante, destinée à un public adolescent, et qui joue un peu sur l'horreur sans que cela soit traumatisant (et, entre nous, si je voulais être vraiment traumatisée à vie en lisant un roman, j'irais lire du Stephen King). C'est un roman à tendance fantastique sans vraiment l'être. On peut penser au départ que c'est un roman fantastique à cause de quelques éléments (le Monstre Goulu, le Magicien des morts...) avant de se rendre compte, au fur et à mesure qu'on avance dans le roman, qu'en fait on est assez éloigné des traditionnels romans jeunesse fantastique avec des vampires et loup-garou. Au départ, j'étais déçue de savoir qu'il n'y a aucune part de fantastique dans le roman avant de me persuader que c'est pour le mieux.

Finalement, cette atmosphère qui tend au fantastique sans qu'il y en ait vraiment me plaît mieux, que l'on découvre que même ce qu'on croyait être du surnaturel ne l'est pas [spoiler] d'apprendre que Pantagus ne réveille pas les morts mais use d'illusion et des potions et parfums pour donner cette illusion aux spectateurs... et même le monstre Goulu qui a des aspects humains parfois (il sait tourner une clé dans une serrure et mettre un manteau et chapeau, comme un humain... alors, est-ce un humain à l'aspect particulièrement hideux et animal ?) [/spoiler] ça entre plus dans l'optique de la société du XIXe siècle dans laquelle prend place l'histoire. On a un côté occulte, mystique, qui prête au frisson et ça reste assez dans la norme de cette société du XIXe siècle. D'une certaine façon, ça me fait un peu penser à la sombre et glauque ville de Londres de l'ère victorienne que les romans se plaisent à peindre parfois, et j'ai beaucoup apprécié le côté très sombre et glauque de la ville d'Urbs Umida, malgré son aspect peu accueillante, et que l'auteur nous offre vraiment le portrait de la ville qu'on ne désire pas habiter. Outre la ville, l'auteur nous offre une panoplie de personnages plutôt attachants, sans qu'ils soit irrésistibles ou extraordinaires, elle nous offre tout de même des personnages sympathiques à suivre avec une histoire intéressante. Elle nous offre dans ce roman une narration en mosaïque nous présentant les différents personnages, nous permettant de comprendre comment ils en sont arrivés à devenir ce qu'ils sont.

On a le personnage principal bien-sûr, Pin Carpue, un jaune garçon payé à surveiller les morts et dont la route va croiser divers personnages, c'est un personnage plutôt intelligent par rapport aux habitants de la ville, il est plus poli, doté d'une éducation, qui sait lire, écrire et se tenir, il sait aussi bien parler. Il va rencontrer divers personnages dont Beag, le nain qui est petit de taille mais un véritable géant intellectuel, très érudit et amateur de chant et de poésie... qui est un lanceur de patates professionnel aussi (si, si), souvent accompagné de son ami, Aluph Buncombe qui exerce un travail assez inhabituel : il lit les bosses et la nuque des individus afin de déterminer quel genre de personne ils sont et dans quelle voie ils pourraient s'épanouir. Bénédict Pantagus, le magicien des morts, et son assistante, la jeune Juno ne sont pas en reste. L'un réveille les morts et l'autre manie les parfums et concocte des potions et je remercie l'auteur de ne pas avoir élaboré de romance entre Pin et Juno car ça aurait vraiment fait cliché et prévisible, heureusement, ces deux-là ne dépassent pas le stade de l'amitié ! N'oublions pas non plus le fameux Déodonatus Snoad, chroniqueur de la ville à l'aspect aussi hideux que sa personnalité et à la plume cruelle et acide.

L'auteur nous offre une histoire plutôt intéressante, les pages se tournent toutes seules, j'ai aimé les descriptions de la ville et rencontrer chacun des personnages et suivre l'évolution de l'affaire du tueur à la pomme d'argent, bien qu'on ne suive pas d'enquête policière, au moins on finit par savoir qui est le coupable car, outre le manque d'action dans cette histoire, on reste sur notre faim pour un certain nombre de choses telle que l'affaire du meurtre de l'oncle de Pin et de la disparition de son père ou le passé mystérieux de Juno. Il y a eu des choses volontairement laissées dans le flou, ce qui m'a laissé un peu frustrée, surtout que je doute que le troisième livre de la série poursuivre l'histoire telle qu'elle a été laissée à la fin de ce tome car j'ai cru comprendre que chaque histoire de la série est indépendante aux autres. J'irais me renseigner néanmoins. Malgré cette frustration, j'ai bien aimé l'histoire et faire la rencontre des personnages (bien que j'aurais cru que certains, comme monsieur Gaufridus, auraient un rôle plus majeur), l'auteur nous offre des descriptions belles et simples et elle a pris le parti de la noirceur, de l'horreur et joue sur les sensations. dépeint des tableaux assez noirs, joue sur les descriptions des odeurs...

Juste un petit mot en passant pour dire qu'aujourd'hui, j'ai 23 ans. Que le temps passe vite, youhou ~


Un cadavre au bord de la putréfaction n'est pas le compagnon idéal pour passer une longue soirée d'hiver, mais Pin Carpue n'était pas là pour faire la conversation. Il était là parce que c'était son travail. Pourtant, quelque chose ne tournait pas rond ce soir-là. Si le corps de celle qu'il veillait - elle s'appelait Sybil de son vivant - s'était redressé et avait tenté de dialoguer avec lui, il aurait été dans l'incapacité totale de répondre.

Chapitre un. Une étrange compagnie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire