lundi 28 octobre 2013

Le crime d'Halloween - Agatha Christie.



Du même auteur :




Emprunt médiathèque.



Quatrième de couverture :


Le 31 octobre, les sorcières s'envolent sur leur manche à balai : c'est Halloween, la fête du potiron. À cette occasion, Mrs Drake a organisé une soirée pour les "plus de onze ans". Les enfants participent aux préparatifs, sous l’œil nonchalant de Mrs Oliver, qui croque son éternelle pomme. "Savez-vous que j'ai eu l'occasion d'assister à un vrai meurtre ?" se vante Joyce, une fillette à la langue bien pendue, devant la célèbre romancière. Tout le monde lui rit au nez : Joyce ne sait plus qu'inventer pour se rendre intéressante. La fête est un succès, et les enfants font un triomphe au jeu du Snapdragon qui clôt la réception. Tous les enfants ? C'est en rangeant la maison, après le départ des invités, qu'on découvre le cadavre de la petite Joyce dans la bibliothèque. Bouleversée, Mrs Oliver fait aussitôt appel à son ami, le grand Hercule Poirot.


Mon avis :

J'ai lu ce roman, tout d'abord parce d'une part, je voulais lire un policier d'Agatha Christie, et d'autre part, je voulais lire quelque chose pour me mettre un peu dans l'ambiance d'Halloween, d'où ce titre. Dans ce roman, cependant, Halloween ne sert que de toile de fond à l'intrigue qui trouve plutôt ses racines dans des faits antérieurs. Cependant, c'était intéressant de découvrir - le temps des premiers chapitres - comment se déroulait une fête d'Halloween dans l'Angleterre du XXe siècle, avec la pêche aux pommes à récupérer avec les dents dans une bassine d'eau, le jeu du Snapdragon, le jeu qui consiste à regarder dans un miroir dans l'obscurité et la rumeur qui dit que le premier visage que l'on voit sera celui de sa moitié...

Bien qu'en suivant Hercule Poirot, nous ne découvrons l'identité du coupable qu'au moment où il la révèle. Il énumère les faits, interroge, nous laisse la possibilité de réfléchir pour démasquer le criminel alors que les personnages se dissimulent derrières des alibis, des masques. Concernant le meurtre, je crois que c'est bien la première fois que je lis un roman policier dans lequel la victime est jeune, vraiment jeune (Joyce avait beau être un personnage plutôt antipathique, désagréable, c'est moche de mourir à 13 ans), et même les proches et connaissances ne peuvent s'empêcher, malgré le fait qu'il est d'usage de ne pas dire du mal des morts, de la critiquer mais comme dit Hercule Poirot, il n'est jamais méchant d'expliquer ce qu'était la victime, même si le portrait d'elle n'est pas flatteur, car la personnalité de la victime est l'une, si ce n'est la, cause directe de bien des meurtres. Car ici Joyce, son défaut de raconter sans cesse des histoires pour être intéressante et sa manière d'enjoliver la vérité lui ont été fatals... 


L'auteur.
Une fois de plus, je n'ai pas réussi à deviner, avant que Poirot ne le révèle, l'identité de l'assassin, une fois encore, j'ai été menée par le bout du nez par l'auteur ! Cependant, ce roman a également été une occasion pour moi de faire la connaissance d'Ariadne Oliver, personnage plus ou moins récurrent dans les histoires d'Agatha Christie. Romancière qui écrit des romans policier mettant en scène un détective finlandais, au tempérament un peu "foufou", dotée d'une imagination débridée, féministe persuadée de la supériorité de l'intuition féminine, et étant fréquemment vue en train de croquer un fruit (ici la pomme puis les dattes), un personnage très sympathique et dans lequel l'auteur se serait parodiée. J'ai bien aimé ce personnage que j'ai trouvé sympathique, drôle et divertissant et je serais ravie de la retrouver dans d'autres romans d'Hercule Poirot (j'ai justement Une mémoire d'éléphant dans ma bibliothèque... roman où elle est présente !), elle a été la touche légère et divertissante du roman.


Comme toujours, j'ai été attirée par l'ambiance très bristish du roman, avec l'essence des milieux bourgeois très bien décryptée, le fait qu'on apprenne à découvrir les habitants de cette bourgade paisible, en pleine campagne, où à peu près tout le monde connaît tout le monde. En général, je suis sensible à ce genre d'histoire prenant place dans une petite ville paisible où tout le monde connaît tout le monde, avec les commérages qui fusent, et dans laquelle un drame survient, perturbant la petite ville tranquille, et où l'on apprend à connaître chaque personnage.  L'humour de l'auteur chez des paroles de certains personnages ou dans la narration sont, comme toujours, très appréciables, un véritable délice. Voici deux exemples, pour vous mettre en bouche : "Ils regardèrent tous les deux Poirot de l’air satisfait qu’ont les chiens lorsqu'ils ont retrouvé les pantoufles dont leur maître avait besoin" et "Je ne suis pas psychiatre moi-même, Dieu merci. J'ai quelques amis psychiatres. Certains d'entre eux sont des gens parfaitement sensés. Certains autres... ma foi, j'irai jusqu'à dire qu'ils auraient besoin eux-mêmes d'une expertise psychiatrique."

La mise en scène et les dialogues rendent le récit très vivant, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas pendant la lecture, d'autant plus que c'est un roman plutôt court, et que le récit s'accélère dans les 40 dernières pages jusqu'à la solution de l'énigme, les pages se tournent donc toute seules jusqu'à la solution de l'affaire. Ce roman ne fera certainement pas parti des œuvres d'Agatha Christie à m'avoir marqué, comme Dix petits nègres, Mort sur le Nil ou Le crime de l'Orient-Express, mais ça reste une lecture très divertissante, bien que je me sois un peu perdue au départ dans les liens qu'entretenaient les personnages.


Extrait :

Hercule Poirot jeta un coup d’œil par-dessus le portillon d’entrée de La Crête du Pin, ravissante maisonnette moderne. Il était légèrement hors d’haleine. Cette charmante maison avait été bien nommée, perchée qu’elle était au sommet d’une colline plantée de quelques pins épars. Un homme de bonne taille et d’un âge certain poussait une brouette, dans une allée de son petit jardin bien entretenu, un énorme arrosoir en fer galvanisé.
Au lieu des quelques mèches de cheveux blancs qu’il aurait dû avoir sur les tempes, la chevelure du commissaire Spence était devenue d’un gris uniforme. Et il avait pris du ventre. Il s’arrêta de secouer son arrosoir et regarda le visiteur planté à sa porte. Hercule Poirot ne bougeait pas.
- Dieu me pardonne ! s’exclama le commissaire Spence. Ce n’est pas possible, et pourtant si. Oui, c’est bien lui. Hercule Poirot, aussi vrai que j’existe.
- Tien, tiens ! sourit Poirot. Vous m’avez reconnu. Cela fait plaisir.
- Pourvu que vos moustaches ne cessent jamais de pousser !