dimanche 31 mars 2013

Le retour du Général - Benoît Duteurtre.



L'auteur :



Né en 1960, Benoît Duteurtre est un romancier français, mais également critique littéraire et animateur radio, qui s'est également illustré dans la production et l'animation d'une émission de radio.










Quatrième de couverture :

Le général de Gaulle est de retour. Après un appel à la résistance, prononcé lors d'un piratage télévisuel, il se lance dans une ultime bataille pour la "grandeur de la France". Toujours vaillant sous son képi à deux étoiles, ce revenant passionne l'opinion. A-t-il vécu cent vingt ans ? S'est-il fait congeler ? S'agit-il d'un imposteur ? Ce Général, un rien foutraque, vit avec son temps : il prône la relance de l'agriculture française par la marijuana, l'ajout d'une fête musulmane au calendrier, mais ranime surtout avec ferveur les idéaux de la vieille Europe...


Mon avis :


Il suffit de regarder mes archives ou de bien connaître mon blog pour voir qu'il y a ici chroniqué des livres sur le général de Gaulle. Ce grand homme que je n'ai pas connu, sinon via des documentaires et ouvrages, fait pourtant naître en moi depuis trois bonnes années déjà un respect et une admiration profonde. J'ai souvent du, je le crois, exaspérer mes lecteurs lorsque j'ai parlé de quelques livres sur De Gaulle sur ce blog, puis j'ai connu une période de calme un bon moment et, il y a quelques semaines, j'ai récidivé. Honnêtement,  lorsque j'ai entendu parler de ce livre sur internet, je n'ai pas pu résister, il fallait que je me le procure et le découvre !

Il faut dire que ce livre propose un concept plutôt original : imaginez notre France actuelle (le livre se situe en 2010 mais il faut dire que si peu ont changé en trois ans, on reconnaît bien notre société en lisant le roman), avec tous ses travers : la crise économique, un nationalisme qui se perd de plus en plus, avec l'uniformisation de toutes les sociétés, la destruction de l'environnement... et, dans tout ce désordre, un revenant surgit d'entre les morts pour annoncer son grand retour en France et pas n'importe qui : l'illustre général de Gaulle ! Après un appel à la résistance prononcé lors d'un piratage télévisuel, le général  surprend les foules et annonce son intention de redresser la France qui est en plein naufrage. Comme il fallait s'y attendre, ce discours médiatique ne manque pas de stupéfier la France... et le monde avec ! Comment cet individu peut être le général de Gaulle, pourtant décédé en 1970 ? S'agit-il d'un imposteur puisque le général est mort ? Mais s'il s'agit vraiment de la bonne personne, comment a-t-il pu survivre à l'âge canonique de 120 ans ? A-t-il mis en scène sa mort ? S'est-il fait congeler pour revenir à la vie comme le héros d'Hibernatus, le film de Louis De Funès ? S'agit-il d'un imposteur, d'une effroyable plaisanterie ? Certains doutes, le monde entier hurle à l'arnaque mais pourtant, les Français ne peuvent s'empêcher d'être attiré par ce revenant et ses idées de sauver la France, et, à la surprise générale, se rallie au grand personnage... bouleversant complètement l'ordre de l'Europe, du monde... mais surtout de la France !

L'idée générale me plaît beaucoup, et m'amuse aussi puisque j'ai souvent plaisanté et même discuté avec ma mère sur la question "que ferait De Gaulle s'il revenait et voyait la France d'aujourd'hui ?", ce à quoi on finit toujours par répondre qu'il retournerait aussi sec dans sa tombe tellement la France était méconnaissable car cet illustre général avait une "certaine idée de la France". Mais l'idée du général qui revient d'entre les morts pour sauver la France, la redresser m'est très séduisante, et je voudrais presque vivre les mêmes évènements du roman (sauf la fin ceci dit qui montre un futur qui fait peur, honnêtement), avec De Gaulle qui sauve la France et l'améliore, qui vit avec son temps, a changé ses moeurs (il souhaite se rapprocher de la jeunesse, accepte l'homosexualité, désire rajouter quelques fêtes juives et musulmanes au calendrier) mais pas ses valeurs, souhaitant plus que tout une France qui s'occupe d'elle, une France plus nationaliste, faisant retrouver aux Français le plaisir et la fierté d'être Français, mettant en valeur les particularités de la France, qui relance le commerce et l'agriculture française pour des produits français : finis les produits étrangers, on limite les directives européennes qui veulent empêcher les différences entre pays, améliorons l'éducation, retrouvons l'Europe d'avant et la France avec ses valeurs ! Bref, la France avant avant que "tout fout l'camp !".

Tout ceci à la surprise générale des Français, mais surtout du gouvernement qui ne saura réagir face aux manifestations, à une société chamboulée par cette résurrection gaulliste, les pauvres se laissent totalement dépasser mais le meilleur doit être les réactions de l'Europe et du monde. L'Europe est, elle-aussi, chamboulée par ce soudain retour et souhaite rétablir l'ordre tandis que d'autres pays comme une partie de la Belgique et de l'Afrique se rallie à la France, celle qui se rapproche du général. N'oublions pas non plus les tentatives des Etats-Unis et de l'Europe pour faire tomber ce qu'ils pensent être un imposteur et de faire revenir les Français à la raison. Les Français, cependant, refusent d'être "ramenés à la raison" et sont nombreux à accueillir joyeusement leur sauveur.

En lisant quelques critiques, je me suis aperçue que le roman n'a pas toujours eu l'effet voulu, qu'il faisait sourire mais sans plus. Moi je fais parti de ceux qui ont adoré ce roman que j'ai dévoré en une semaine tellement j'étais plongée dedans. Rien que d'imaginer le général de Gaulle revenir d'entre les morts, toujours accompagné de sa fidèle épouse, pour sauver la France et la réformer, ce qui cause un joyeux bordel en France et dans le monde mais plus que ça, c'est un portrait (parfois malheureusement) réaliste de notre société, de notre pays qui privilégie la mondialisation, qui perd de son patriotisme (patriotisme qui ne reste d'ailleurs, comme le fera remarquer l'auteur, dans les stades du football français), avec des jeunes qui placent quelques mots d'anglais dans leurs conversations pour faire branché et moderne, une société qui délaisse les petites entreprises, commerces et entreprises artisanales pour le grand commerce. Dans ce roman qui fait souvent sourire par son humour ou son réalisme se cache des réflexions économiques, sociales et culturelles sur la situation actuelle de notre société, et qui nous offre un aperçu de ce qu'elle pourrait devenir si on ne fait pas attention...

Parmi les personnages, outre notre grand homme qui redonne ici aux Français fierté et esprit de résistance, j'ai beaucoup aimé et ai adoré suivre la famille Zeggaï avec Mustapha - français d'origine algérienne avec qui j'ai pu m'identifier car je partage avec lui l'amour de l'histoire française (mais surtout celle de la seconde guerre mondiale) et l'admiration du grand monsieur mais aussi par ses valeurs chéries qui se perdent, hélas - sa femme Alba, leur fils "Momo" qui subit une véritable évolution au cours du roman... et comment oublier la collègue de Mustapha que j'ai bien aimé avec son franc parler.

Malgré un début déconcertant (concernant une polémique sur l'oeuf mayonnaise... maintenant je serais incapable de voir les oeufs durs à la mayonnaise que je mange à chaque entrée au restaurant universitaire de la même façon !) et un avant dernier chapitre décevant que je me suis dépêchée de finir parce que je ne pouvais pas supporter les dialogues de jeunes parlant comme ils écrivent des textos, je me suis tout de même régalée lors de la lecture de ce roman. Drôle, réaliste, avec une intrigue originale, je me suis plongée avec plaisir dans ce roman et je le quitte avec regret.



- Et comme je ne peux pas résister, voici une photographie du général de Gaulle 
du temps où il était réfugié à Londres durant la Seconde Guerre Mondiale. 
Il est ici certes plus jeune qu'il ne l'est dans le roman, 
mais  il faut avouer qu'il a la grande classe, ce monsieur ! -


Extrait :

Ainsi s'allongeait le catalogue des mesures qui, jour après jour, gâchaient ma vie pour assurer ma sécurité. La semaine précédente, un contrôleur m'avait empêché de grimper dans un train prêt à partir, parce qu'une nouvelle règle interdisait de s'avancer sur le quai après l'affichage d'un certain signal. Il avait ajouté avec une moue désagréable : "C'est pour votre sécurité." J'avais alors compris que la poésie des vieux films en noir et blanc, où l'on attrapait la dernière voiture en marche, appartenait à un monde révolu. Près des guichets automatiques de la SNCF, une patrouille de police déambulait avec un chien méchant pour assurer elle-aussi ma sécurité.

1. L'oeuf mayonnaise.

1 commentaire:

  1. bonjour Marion
    un poètique coucou par ici, le printemps a mis du temps à prendre son départ cette année, mais voilà enfin l'ensoleillée printanière envolée qui fait du bien . bises et A+ du troubadour Emmanuel

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