lundi 28 février 2011

L'épouvanteur (T.3) Le secret de l'épouvanteur - Joseph Delaney.


"L'hiver va être long et rude, mon fils. Tous les signes l'annoncent. Les hirondelles se sont envolées vers le sud presque un mois plus tôt qu'à l'accoutumée, et les premières gelées sont survenues alors que mes rosiers étaient encore en fleur Je n'avais jamais vu ça. Ca sera une période éprouvante : aucun de nous n'en sortira indemne. Aussi, ne quitte jamais ton maître. Il est ton seul véritable ami. Vous devrez vous soutenir l'un l'autre."

Alors que le froid se fait plus vif, l'Epouvanteur reçoit un message qui semble grandement le perturber. Il décide aussitôt de quitter Chipenden pour se rendre dans sa maison d'hiver, à Anglezarke. La vieille demeure est lugubre : dans les profondeurs obscures de ses caves sont enfermées des sorcières et des gobelins. Quant au mystérieux auteur de la lettre, qui rôde dans les parages, il se révèle être l'ennemi juré de John Gregory. Au cours de longs mois d'hiver, Tom découvre peu à peu le passé caché de son maître. L'Epouvanteur doit-il payer le prix de ses erreurs de jeunesse ? Lorsque certains secrets qu'il a toujours dissimulés, seront finalement dévoilés, Tom va se trouver en grand danger...


'Here they stand brothers them all
All the sons divided they'd fall
Here await the birth of the son
The seventh, the heavenly, the chosen one.'
- Seventh son of a seventh son, Iron Maiden. -

J’avais à peine terminé ma lecture du second tome que je me suis jetée sur le suivant, tant il me tardait de retrouver rapidement le Comté froid, humide et sauvage, ses créatures inquiétantes et ses épouvanteurs. Ce tome m’a autant plu que le précédent et, à l’instar de ce dernier, a été dévoré tout aussi rapidement. L’univers de Joseph Delaney me plaît de plus en plus et j’espère être encore enchantée au fil des tomes…



L’hiver approche à grand pas. Il est temps pour Tom et son maître, John Gregory, de quitter leurs quartiers d’été de Chipenden pour passer les mois rudes et froids de la maison d’hiver d’Anglezarke. Tom découvre bien vite l’inconfort de cette nouvelle demeure mais sa surprise prend vite le pas lorsqu’il découvre que la maîtresse de maison est une sorcière et pas n’importe laquelle. Meg Skelton,
la femme dont l’Epouvanteur serait tombé amoureux et la seule sorcière qu’il ait jamais refusé d’entraver. Celui-ci la garde endormie pendant les beaux jours pour la réveiller lors de son retour à Anglezarke et lui fait boire des tisanes spéciales, faisant oublier à Meg sa nature et son passé de sorcière.


Alors qu’ils s’installent, le passé de l’Epouvanteur revient frapper à sa porte… un certain Morgan Hurst, ancien élève de Gregory ayant abandonné son apprentissage pour se consacrer à l’obscur et qui ne voue que du mépris pour son ancien maître à qui il déclare son intention de reprendre « ce qui lui appartient », cherchant à tester la loyauté de Tom pour son maître afin d’en faire son apprenti. S’ajoute à ce mystère les ennuis de santé du père de Tom


Ce tome est assez différent des précédents, dans le sens où s’il y a des créatures à combattre, elles ne sont pas le focus de l’intrigue mais plutôt des sous-intrigues. Ce qui occupe essentiellement l’intrigue, c’est le passé de John Gregory qui surgit, nous permettant d’en apprendre un peu plus sur cet énigmatique personnage. Tout d’abord en la personne de Meg Skelton où, à travers de discrètes scènes, l’Epouvanteur se dévoile comme un homme tout simplement, qui laisse entrevoir une certaine vulnérabilité. Ensuite, à travers le personnage de Morgan Hurst (et par extension sa mère, Emily Burns, une femme que Gregory a aimé dans sa jeunesse, avant de choisir sa vocation), ancien apprenti déchu de Gregory, qui s’est détourné de ses enseignements pour se consacrer à l’obscur (notamment à travers l’art de la nécromancie, qu’il maîtrise) et qui voue au sinistre dieu de l’hiver Golgoth une fascination inquiétante.


Morgan Hurst, tel qu'imaginé par
Svanhilde (DeviantART)



Ce tome nous dévoile un peu plus sur la vie de l’Epouvanteur. Il a été jeune,
il a fait des bêtises, il a eu ses amours et ses secrets qu'il garde jalousement, ce qui posera plus d’une fois problème à la relation qu’il a avec Tom. Ce dernier souhaite par dessus tout demeurer loyal à son maître, bien que ce soit parfois compliqué quand ce dernier ne lui révèle rien… surtout quand Morgan réapparaît et menace de tout détruire et affirme à Tom mieux connaître son maître que lui. Certes, Tom reste naïf et ses doutes peuvent exaspérer. J’avoue que lors de ma première lecture, je n’avais pas beaucoup d’attachement pour Tom, mais j’aime croire qu’avec le temps et d’autres relectures, j’apprends à mieux apprécier ce garçon qui reste humain malgré tout. Qui n’aurait pas douté à sa place, surtout avec les moyens de pression qu’avait Morgan sur lui ? Malgré tout, Tom est un personnage profondément loyal, envers sa famille, envers Alice, et envers Grégory, et je ne peux que trouver cette qualité admirable, ainsi que son courage et sa persévérance. 


Alice est toujours un personnage intéressant que je prends plaisir à retrouver, et j’aime son amitié avec Tom que rien ne peut ébranler. Morgan, s’il est l’antagoniste de ce tome, reste un personnage intéressant de par son histoire mais aussi ses capacités, il était après tout un ancien élève qui a abandonné les enseignements de son maître, qui se considère malgré tout comme épouvanteur mais qui baigne dans l’obscur et la nécromancie. Meg Skelton est également un personnage intéressant, bien que difficile à capter de prime abord. S’il y a des moments où elle se montre menaçante et perfide, on peut plus ou moins comprendre ses raisons [spoiler] bien-sûr qu’elle allait retrouver ses souvenirs, je ne suis absolument pas surprise, je m’attendais à ce que cela se produise, c’était voué à arriver. Cela dit, elle n’est ni blanche ni noire. C’est une sorcière, elle aime Grégory malgré sa colère, cet amour ne changera pas, et j’ai beaucoup aimé la fin lorsqu’elle et sa sœur viennent secourir Tom et lorsque Grégory les laissent repartir dans leur pays [/spoiler]. Et, mine de rien, c’était agréable de rencontrer des sorcières pas seulement bonnes à être éliminée ou entravée.


La famille de Tom garde aussi une place de choix dans l’intrigue, avec le père de Tom qui est mourant. La mère de Tom reste ce personnage énigmatique et fascinant que j’aime retrouver à chaque tome. On sent toutefois un début de tournant dans l’intrigue [spoiler] le père de Tom qui meurt, la mère de Tom qui repart dans son pays et qui laisse à Tom un bien curieux héritage, Jack le frère aîné qui devient chef de famille, sans oublier l’Epouvanteur qui s’affaiblit… on sent qu’il n’est plus tout jeune et s’il demeure formidable, on ne peut s’empêcher de s’interroger… et craindre pour lui, tout en espérant qu’il sera encore là pendant de nombreux tomes ! [/spoiler]



J'ai aimé retrouver la lande, le Comté, cette ambiance sombre, inquiétante. L’hiver y règne en maître, avec de nombreuses mentions de la mort, du froid glaçant, de l'obscurité qui revient. Les personnages gagnent en profondeur. L’intrigue répond à certaines de nos questions, tout en laissant des choses en suspens (et tant mieux pour le lecteur ! Ce n’est que le troisième tome après tout, ce n’est pas bon de tout dévoiler d’un coup). Quant à la plume, voire la traduction, elle reste toujours aussi agréable et fluide à la lecture avec ses dialogues rythmés, les moments de suspens gérés et un vocabulaire habilement choisi pour installer une ambiance brumeuse et glaciale.


En résumé, cette saga continue de me captiver. L’histoire est prenante, les personnages restent attachants et intéressants pour la plupart, et on ne s’ennuie jamais tant l'intrigue est rythmée. Il y a toujours un mystère, une révélation, quelque chose qui donnent envie de continuer l’histoire et de ne pas lâcher le livre jusqu'à la fin de l'histoire !



Je m'occupais de mon mieux du petit déjeuner. Cuisiner était plus dur que ça en avait l'air, pas aussi dur dépendant que... le bacon que je servis ! 
Nous mangeâmes en silence. Au bout de quelques minutes, l'Epouvanteur repoussa son assiette. 
- C'est une chance que je n'aie guère d'appétit, petit, fit-il avec malice. Sinon, la faim m'aurait forcé à avaler tout ça, et je n'y aurais sans doute pas survécu ! 
Alice s'esclaffa. Moi, je ne pus m'empêcher de sourire, heureux de voir mon maître de si bonne humeur. Certes, le bacon n'était pas fameux, mais j'avais trop faim pour faire la fine bouche ; Alice aussi. L'Epouvanteur semblait accepter sa présence, et cela me réjouissait fort.

10. Mauvaises nouvelles.

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