jeudi 10 février 2011

L'épouvanteur (T.2) La malédiction de l'épouvanteur - Joseph Delaney.

"Voilà six mois que tu es l'apprenti de M. Gregory, me dit maman. Tu as déjà été témoin de bien des événements. A présent, l'obscur t'a remarqué et va tenter de te neutraliser. Tu es en danger, Tom. Toutefois, rappelle-toi ceci lorsque tu seras un homme, mon fils, ce sera au tour de l'obscur d'avoir peur, car tu ne seras plus la proie, tu seras le chasseur. C'est pour cela que je t'ai donné la vie."

L'Épouvanteur et son apprenti, Thomas Ward, se sont rendus à Priestown pour y achever un travail. Dans les profondeurs des catacombes de la cathédrale est tapie une créature que l'Épouvanteur n'a jamais réussi à vaincre. On l'appelle le Fléau. Tandis que Thomas et M. Gregory se préparent à mener la bataille de leur vie, il devient évident que le Fléau n'est pas leur seul ennemi. L'inquisiteur est arrivé à Priestown. Il arpente le pays à la recherche de tous ceux qui ont affaire aux forces de l'obscur ! Thomas et son maître survivront-ils à l'horreur qui s'annonce ?


Avec l’excellente surprise qu’a été le tome 1, il me tardait de poursuivre l’aventure et de retrouver Tom et l’Epouvanteur dans de nouveaux périples.



Alors que le premier tome s’intéressait aux sorcières, le second tome se révèle plus sombre, plus angoissant et plus diabolique, avec un cadre qui se prête très bien à l’ambiance : une ville où vivent des prêtres, une cathédrale haute avec ses gargouilles effrayantes, des catacombes sombres et humides renfermant un esprit angoissant et dangereux, très dangereux. Le Fléau. Créature ancienne et redoutable qui, jadis, avait semé la terreur parmi les habitants du petit peuple, un esprit qui a le pouvoir de lire et d’influencer les pensées d’autrui, de créer des cauchemars, qui excelle dans la persuasion… ainsi que dans l’art et la manière de tuer ses victimes [spoiler] enfler jusqu’à presser ses proies jusqu’à ce que mort s’en suive… j’ai d’ailleurs été choquée de la description d’un cadavre écrasé d’un animal :/ [/spoiler] donnant des descriptions peu ragoûtantes pouvant choquer un public sensible. Cette créature n’a que deux faiblesses : l’argent qui le fait souffrir et les femmes qu’il évite.



Bien que le Fléau soit enfermé sous la cathédrale de Priestown, il reste dangereux et redoutable. Son influence se ressent à Priestown. Ses habitants se suicident ou sont corrompus, se soumettant malgré eux à sa volonté en accomplissant ce qu’il désire d’eux. Pire que tout, la créature voit son influence grandir. Alors que les obsèques de son frère, prêtre de son état, se déroulent à PriestownL’Epouvanteur, qui avait jadis affronté la créature, s’y rend en compagnie de son apprenti dans l’espoir de réaliser ce qu’il n’avait pas réussi alors, tuer le Fléau



Un autre ennemi se met alors en travers de leur route : l’Inquisiteur, un homme cruel et cupide avec un goût prononcé pour la torture, en particulier sur les femmes et qui a fait de son devoir la quête de traquer sorcières et autres individus ayant un rapport avec l’obscur. Alors que Tom et son maître se font discrets, Tom découvre avec horreur qu’Alice, son amie, est prisonnière de l’Inquisiteur et décide, contre l’avis de son maître, de tenter de porter secours à son amie…



Alice de Svanhilde (DeviantART)
d'après une scène du tome 2

Le schéma reste similaire à celui du premier tome : une créature dangereuse enfermée mais qui parvient à s’enfuir par la manipulation, et que nos héros doivent poursuivre et vaincre pour que cesse le cauchemar et éviter de plus grands dangers encore. Tom nous montre une nouvelle fois que, malgré ses craintes, ses doutes et ses erreurs, il a les capacités d’être un grand Epouvanteur et qu’il possède d’admirable qualités ainsi que la force mentale pour résister tant qu’il le peut aux créatures maléfiques. Toutefois, même si sa loyauté face à Alice est admirable, je le trouve bien naïf ce garçon à lui pardonner sans cesse ses fautes… Je lui pardonne toutefois ce fait car Alice est un personnage intéressant avec beaucoup de potentiel, et je suis curieuse de voir son évolution. On ne sait pas sur quel pied danser avec elle, quoi attendre d’elle (sera-t-elle une bonne sorcière, baignera-t-elle dans la magie noire, sera-t-elle entre les deux ?) c’est à la fois frustrant mais aussi intéressant, et j’aime aussi beaucoup sa dynamique avec Tom, même si leur bonne entente n’est pas au goût de l’Epouvanteur qui voit d’un très mauvais œil l’amitié qui lie son apprenti à une jeune sorcière. Une amitié qui semble prendre une autre ampleur [spoiler] avec Alice qui se montre possessive face à son ami, la marque qu’elle lui a laissé pour le faire revenir d’entre les morts… j’ai d’ailleurs beaucoup aimé cette scène de l’au-delà où Tom a rencontré les habitants du petit peuple, enfin libéré de l’emprise et du souvenir du Fléau [/spoiler]



Bien que j’exècre l’Inquisiteur, j’ai beaucoup aimé le Fléau qui se démarque dans le genre. C’est un antagoniste efface, terrifiant, répugnant, à nous glacer les os. Ce monstre a sa part d’originalité, d’autant qu’il ne rentre pas dans le genre des légendes et contes de fées comme les sorcières, les fantômes ou les gobelins que nous avons pu rencontrer jusqu’à présent, et j’ai hâte de voir quels autres monstres vont sortir de l’imagination débordante de Joseph Delaney. Le Fléau tient en tout cas toutes ses promesses. Rusé, manipulateur, cruel, intelligent, assoiffé de sang… Je devine sans peine que l’auteur nous réserve d’autres créatures plus effrayantes encore dans la suite de la série !



L’histoire ne manque pas de rebondissements qui ont réussi à me captiver, bien qu’on puisse lui reprocher un ton plutôt religieux (le jugement assez négatif de la religion, le stéréotype du prêtre aveugle, cruel, ignorant qui s’enferme dans ses croyances et donne des sermons à tout va). C’est fluide, les pages se tournent toute seules tant il nous tarde de lire la suite avec une impatience non dissimulée, tant on veut savoir ce que les autres chapitres nous réservent et comment nos protagonistes vont s’en sortir et échapper à l’Inquisiteur et vaincre le Fléau.



Ce fut également avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé le cadre du roman avec le climat du Comté, sombre et humide, les lieux obscurs voire hantés, les landes sauvages, cette atmosphère oppressante et ténébreuses. Quel plaisir également que de retrouver nos personnages, outre Tom et Alice. La mère de Tom fait quelques apparitions, pour mon plus grand plaisir. Elle commence à se dévoiler peu à peu, nous laissant découvrir quelques brides de son passé et nous laisse deviner peu à peu sa véritable nature. Les mystères se multiplient également autour de l’Epouvanteur et qui ne demandent qu’à être éclaircis, sur le personnage en lui-même, son passé, les événements qui ont fait qu’il a choisi cette voie… j’ai hâte d’en savoir plus sur lui et le voir se dévoiler et éclaircir certains mystères évoqués dans ce tome [spoiler] le fait qu’il ait convolé avec l’aimée de son frère, le fait qu’il soit tombé amoureuse d’une sorcière qu’il a choisi d’épargner, etc [/spoiler]



Avec ses scènes étonnamment sombres, voire effrayantes pour un récit jeunesse, ce roman m’a fait passer un très bon moment à l’image du premier tome. D'autant qu'il est bien plus rythmé et intense. La mythologie s'approfondit aussi grâce au passé des personnages. L’univers s’enrichit de plus en plus. Un excellent second tome.. On tourne les pages avec frayeur et plaisir, on en redemande toujours plus. Suspens, rebondissement, épouvante... de quoi se faire du mauvais... sang ! Mais attention au Fléau et à l’Inquisiteur... Vivement le tome suivant !


Soudain, l'atmostphère se refroidit, et la flamme de nos chandelles vacilla. Quelque chose venait. Avant que j'aie eu le temps de respirer, ce fut là. Je ne voyais rien, mais je devinais une présence, tapie dans l'ombre, au fond de la cuisine. Et ça me fixait. 
Ne rien distinguer rendait la situation pire encore. Les esprits les plus puissants peuvent choisir de se rendre visibles ou non. Le fantôme de Matty Barnes me prouvait sa force en restant caché, tout en me laissant savoir qu'il m'observait. De plus, sa méchanceté était perceptible : il nous voulait du mal. Plus vite nous serions sortis d'ici, mieux cela vaudrait. 
- Est-ce un effet de mon imagination, ou fait-il très froid ? me demanda Andrew. 
- Oui, il fait froid, répondis-je sans mentionner la présence du fantôme. 
Inutile d'effrayer mon compagnon plus qu'il ne l'était déjà !

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