jeudi 28 avril 2011

Boule de Suif - Guy de Maupassant.

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L'auteur :
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Guy de Maupassant (5 août 1850 - 6 juillet 1896), né Henri-René-Albert-Guy de Maupassant, est un écrivain qui marqua la littérature française, notamment grâce à ses écrits, romans comme nouvelles. Parmi ses oeuvres le splus célèbres Boule de suif, Une vie, Le Horla, Bel-Ami ou encore Les contes de la Bécasse...

Lecture en ligne ici.


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Quatrième de couverture :

1870. La débâcle. Les Prussiens entrent dans Rouen. Et voilà que deux couples, deux bonnes sœurs, un démocrate et une femme de petite vertu s'apprêtent à quitter la ville par la même diligence. Drôle d'équipage ! D'abord rejetée, Boule de Suif, jolie fille aux mœurs légères, saura gagner par son bon cœur l'estime des bourgeois. Mais résistera-t-elle à l'intérêt personnel et à l'odieux chantage d'un Prussien mal intentionné ?

Mon avis :

C'est avec ce titre que je me suis décidée à découvrir Maupassant, chose que je voulais faire depuis un moment déjà. Certes, j'aurais pu choisir un autre titre, peut-être moins connu, ou lire Une Vie que j'ai dans ma PAL, mais je devais lire cette nouvelle pour les cours et la diffusion de Chez Maupassant hier à la télévision d'une adaptation de la nouvelle m'avait donné envie de lire et relire Boule de suif. Et puis de toute façon, tous les pretextes sont bons pour rajouter un autre titre à mon Challenge Histoire x)


J'ai aussi choisi cette lecture pour son intérêt historique. Maupassant était un jeune homme avide de femmes, de plaisirs et de littérature à l'époque, mais la guerre contre la Prusse va changer beaucoup de choses pour le peuple français qui se verront vaincus puis privés de l'Alsace et la Lorraine par l'armée prussienne. Coup dur à l'époque, et Maupassant a tout enregistré de cet évènement. Boule de Suif se situe durant cette période, durant la débâcle de 1870. Alors que les Prussiens envahissent la ville de Rouen, certains décident de fuir la ville en diligence. Un couple de commerçant, un couple de bourgeois, deux bonnes soeurs, un démocrate et une fille de joie. Cette dernière s'appelle Elisabeth Rousset mais elle est surnommée Boule de suif, jolie prostituée patriote qui a le coeur sur la main. La troupe a dans l'intention de se diriger à Dieppe, mais un arrêt d'une nuit s'impose dans une auberge. Tout se passe bien, mais voilà qu'au moment de repartir, un officier prussien refuse le départ de la diligence...

Je n'en dirais pas plus, de peur de dévoiller le risque de l'histoire, j'ai déjà dû 'inspecter' les autres résumés et pas mal d'entre eux résumaient toute l'histoire, gâchant l'effet de surprise. Je me surprends à souvent supprimer des extraits de résumés en ce moment... enfin passons. Comme ce n'est qu'une nouvelle et que je n'ai pas voulu lire les autres (un jour peut-être), mon avis sera sans doute pas bien long, néanmoins ce fut une lecture très intéressante qui m'aura introduit dans l'univers de Maupassant. Et cette lecture m'aura franchement secouée et révoltée. Ici, Maupassant porte un regard assez pessimiste sur les français, il faut dire que la plupart des personnages de cette nouvelle sont franchement méprisables. Ils se disent honorables, patriotes alors qu'ils fuient et se conduisent comme de parfaits hypocrites, j'avais vraiment envie de les baffer. Mais Maupassant nous montre les défauts des hommes, leur cruauté envers les autres ou ceux qui sont plus faibles qu'eux, et les préjugés qui nuisent. Impossible de rester insensible à cela. L'hypocrisie, les mensonges, l'égoïsme, la colère, l'envie, la luxure... tous les défauts des individus, dont ceux de la diligence, alors si certains étaient sympathiques et prêtaient à rire voire à sourire, d'autres étaient vraiment ignobles, des personnalités exécrables, et ça se dit patriote, citoyen honorable et bon français ! Si vous lisez cette nouvelle un jour, vous verrez de quoi je parle et pourquoi je m'emporte. C'est une critique franche, claire et cruelle de ce genre de société, de personnes qui ne se basent que sur les préjugés et sur leur propre personne, qui n'ont aucune hésitation à utiliser plus faible que soi pour parvenir à ses fins. C'est l'un des côtés cruels de la réalité de la vie.

Maupassant se montre certes pessimiste en nous donnant le portrait des personnages hypocrites de sa nouvelle, ce qui me fait penser à une phrase que j'avais déjà lu dans La bicyclette bleue (tome un ou deux, chaiplu...) quand Léa disait detester les allemands (prussiens pour ce cas-ci) pour rendre les français aussi lâches et égoïstes mais aussi les français pour se conduire ainsi car ils ne font aucun effort pour prouver à l'ennemi qu'ils ont tord. Même s'il est vrai qu'il y a toujours la question 'mais qu'aurait-on fait à leur place ?' et dont on aura pas la réponse, sauf si on se retrouve dans une situation similaire (ce que je ne souhaite pas !). Donc, pessimiste ou pas, l'auteur nous montre un personnage touchant, sympathique et patriote en la personne de Boule de Suif, une prostituée qui plus est ! Raison de plus pour se remettre en question et de se dire que les apparences sont parfois trompeuses et qu'il ne faut pas toujours se fier aux préjugés car Boule de Suif est le seul personnage un tant soit peu correct et bon et j'ai eu beaucoup de peine pour elle à la fin.

Ce fut, pour terminer, une lecture touchante et révoltante qui ne peut laisser le lecteur de marbre, et quand on lit, on comprend pourquoi Boule de suif est un conte connu. Et je suis aussi contente d'avoir débuté du Maupassant, ça m'encourage à découvrir plus de cet auteur !

Extrait :

On s’entretint de la guerre, naturellement. On raconta des faits horribles des Prussiens, des traits de bravoure des Français ; et tous ces gens qui fuyaient rendirent hommage au courage des autres. Les histoires personnelles commencèrent bientôt, et Boule de Suif raconta, avec une émotion vraie, avec cette chaleur de parole qu’ont parfois les filles pour exprimer leurs emportements naturels, comment elle avait quitté Rouen : « J’ai cru d’abord que je pourrais rester, dit-elle. J’avais ma maison pleine de provisions, et j’aimais mieux nourrir quelques soldats que m’expatrier je ne sais où. Mais quand je les ai vus, ces Prussiens, ce fut plus fort que moi ! Ils m’ont tourné le sang de colère ; et j’ai pleuré de honte toute la journée. Oh ! si j’étais un homme, allez ! Je les regardais de ma fenêtre, ces gros porcs avec leur casque à pointe, et ma bonne me tenait les mains pour m’empêcher de leur jeter mon mobilier sur le dos. Puis il en est venu pour loger chez moi ; alors j’ai sauté à la gorge du premier. Ils ne sont pas plus difficiles à étrangler que d’autres ! Et je l’aurais terminé, celui-là, si l’on ne m’avait pas tirée par les cheveux. Il a fallu me cacher après ça. Enfin, quand j’ai trouvé une occasion, je suis partie, et me voici. »

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